Absolution: la grogne prend de l’ampleur
Jean-francois Parent
2022-07-08 12:00:00
À Québec, des dizaines de personnes, majoritairement des femmes, ont tenu à témoigner de leur indignation devant le palais de justice de Québec, hier.
À Trois-Rivières, le palais de justice est également le théâtre d’une manifestation, aujourd’hui, pour dénoncer le jugement d'absolution conditionnelle accordée à Simon Houle.
Et dimanche, c’est à Montréal que le palais de Justice se verra pointé du doigt par les manifestants. Sur la page Facebook de l’événement, organisé à titre privé par trois personnes, on peut lire que la « décision du juge Matthieu Poliquin est l’arbre qui cache la forêt. Réunissons-nous pour dénoncer haut et fort la culture de l’impunité ».
La décision rendue le mois dernier continue de faire couler l’encre, et est décriée de toute part tant par les organismes d’aide aux victimes que par la société civile.
Simon Houle, qui a plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle, est une personne de « bonne moralité », qui a agressé « somme toute rapidement » sa victime, précise le jugement, qui accorde l’absolution conditionnelle à Simon Houle.
La hargne est telle que des voix se sont élevées pour tenter de calmer le jeu.
« Démesurées et non fondées ». C'est ainsi que l'Association des avocats de la défense (AQAAD) qualifie certaines réactions qu'a suscitées la décision d'un juge de la Cour du Québec d'offrir une absolution conditionnelle à Simon Houle, coupable d'agression sexuelle.
L'Association et sa présidente, Me Marie-Pier Boulet, montent au front pour défendre le juge Matthieu Poliquin, sous le feu de vives critiques depuis que Radio-Canada a rendu publics les détails de son jugement, rendu le mois dernier.
Par communiqué, Me Boulet dénonce « l'esprit de vengeance » qui anime, selon elle, les nombreuses réactions, qui vont parfois jusqu'aux appels à la démission. Elle reproche aux commentateurs d'occulter de « nombreux passages du jugement » qui, selon elle, « dénoncent le comportement de l'accusé et (insistent sur) l'importance de dénoncer une agression sexuelle ».
Le ministre québécois de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a affirmé mercredi que l'absolution accordée à Simon Houle, cet ingénieur de Trois-Rivières qui a reconnu avoir agressé sexuellement une femme, est « une décision isolée ».
À Québec, la manifestation était organisée par le Centre Femmes d'aujourd'hui. À Radio-Canada, les manifestantes ont expliqué « qu'une manifestation comme celle-là est essentielle pour les femmes qui peuvent avoir déjà été victimes d'agression sexuelle », et qu’un tel jugement « n'a pas sa place en 2022 ».