Décès d’un pilier de Norton Rose Fulbright
Didier Bert
2021-10-15 15:00:00
Né à Montréal, Me William Hesler avait été diplômé de l’Université Queen’s et de l’Université de Montréal. Il avait ensuite servi deux ans chez les Hussards royaux canadiens.
Il entre en 1967 chez Ogilvy Renault… à qui il restera fidèle durant 52 années, y compris après que le cabinet a rejoint Norton Rose Fulbright.
Il deviendra un plaideur reconnu et redoutable, renommé pour son intégrité et ses réalisations. Me William Hesler laisse l’image d’un avocat courtois, plein de sagesse, fin stratège tout en sachant demeurer d’une grande simplicité.
Il dirige le groupe litige d’Ogilvy Renault de 1985 à 1993, avant d’être nommé au comité exécutif jusqu’en 2001. Il a notamment été associé principal du cabinet à Toronto.
L’avocat a aussi collectionné les honneurs et les distinctions. En 1992, Me William Hesler est nommé conseiller de la Reine. En 1995, l’avocat est admis comme membre du prestigieux American College of Trial Lawyers (ACTL), considéré comme le temple de la renommée du milieu juridique en Amérique du nord. Ses 5 000 membres sont reconnus pour avoir une conduite professionnelle sans tache et disposer d’une compétence exceptionnelle.
Un top avocat d’affaires
En 2007, Me William Hesler avait participé aux négociations pour la fusion des bourses de Montréal et de Toronto, au sein de l’équipe d’Ogilvy Renault, avant que le cabinet intègre Norton Rose Fulbright.
En 2011, Me William Hesler figurait parmi les meilleurs avocats d’affaires au monde, selon l’éditeur britannique Chambers&Partners, qui recensait les meilleurs professionnels dans 180 pays.
En 2014, il a été désigné parmi les avocats de l’année, pour sa pratique en matière de litiges liés à l’ingénierie et à la science, aux contrats commerciaux et aux valeurs mobilières.
Un gagnant passionné d’histoire
Il y a trois ans, Me William Hesler faisait partie de l’équipe d’avocats de Norton Rose Fulbright qui avait défendu la cause d’Hydro-Québec devant la Cour suprême, dans son litige avec Churchill Falls Labrador Corporation. La Cour suprême avait donné raison à la société d'État québécoise à l’issue d’un litige qui durait depuis huit ans. Des milliards de dollars étaient en jeu.
Dans un article de Droit-inc, l’avocate Marie Cossette racontait à quel point les jeunes avocats étaient impressionnés par Me William Hesler: « on avait un running gag lorsqu’on était plus jeune. Lorsqu’on allait au palais, on mettait toujours en avant son nom à l’endos des dossiers, parce qu’on se disait que c’était sûr, on allait gagner. »
Ce passionné d’histoire a écrit deux livres. ''Muleskinner: the European War of a Niagara Artilleryman'' relate la vie d’un artilleur canadien en Europe durant la première Guerre mondiale. ''Sydney Bellingham’s Canada'' narre l’arrivée d’un immigrant irlandais au Canada, où il deviendra avocat et élu au parlement provincial, tout en témoignant de la vie au Canada au XIXe siècle.
Sur la page de condoléances dédiée au défunt, les hommages se multiplient, notamment de la part d’anciens collègues d’Ogilvy Renault et de Norton Rose Fulbright.
« Je vais toujours conserver de précieux souvenirs de Bill. C'est lui qui m'a engagé comme étudiant chez Ogilvy, Renault en 1976. J'ai ensuite eu le privilège de travailler avec lui pendant 45 ans. Il était un vrai gentleman qui était sensible aux besoins des autres. On pouvait toujours compter sur lui », salue l’avocat Olivier Kott.
Me William Helser laisse l’image d’un avocat de talent, prêt à partager son expérience avec de plus jeunes. « Bill était un vrai leader, un plaideur exceptionnel et une personne formidable. Il nous manquera », salue l’avocat Randy Sutton, tandis que l’avocate Marisol Miro rend hommage à celui qui a été son mentor: « Il a été le premier avocat dont j’ai reçu les enseignements et conseils lors de mes quelques années chez Ogilvy Renault: un grand mentor, une belle personne, un grand homme… »
Le juge François LeBel, de la Cour du Québec s’incline devant l’avocat: « j'ai eu le privilège de rencontrer M. Helser dans un litige qui a duré des années alors que je travaillais pour un autre cabinet en 1998. Mon mentor étant retenu dans un autre dossier fleuve, j'ai été accueilli dans ce groupe de grands avocats par M. Helser avec gentillesse et bienveillance, moi qui était alors un jeune avocat. Le voir réfléchir à la stratégie d'un dossier était voir un grand maître peindre une œuvre. (…) Il était un grand homme. »
Le juge Jacques A.Léger, ancien juge à la Cour d’appel, se rappelle ses « beaux souvenirs de la faculté de droit » avec son ami William Hesler.
William Hesler laisse dans le deuil son épouse Nicole Duval Hesler, qui a été la première femme à occuper la fonction de juge en chef du Québec, ses deux fils et ses deux petits-enfants.