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Des universitaires en colère en hausse, quelques barreaux en baisse

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Amélia Salehabadi

2010-03-29 13:15:00

Quels sont les acteurs du monde juridique qui ont la cote aujourd'hui? Quels sont ceux qui en arrachent? Amélia Salehabadi vous les présente...
En Hausse


Les universitaires Dominique Caouette, Jocelyne Couture, Francis Dupuis-Déri, Francis Lagacé, Jean-Marc Larouche, Georges Leroux, Christian Nadeau, Kai Nielsen, Michel Seymour, Pierre Trudel, Daniel Turp et Daniel Weinstock, pour leur lettre musclée publiée dans le Devoir du 25 mars dernier et reprise sur Droit inc.com. Cette lettre dénonçait la censure concernant un ouvrage non encore publié.

Les auteurs de cette lettre concluaient « Il faudra bien un jour ou l'autre que les responsables de l'appareil judiciaire, qu'il s'agisse des avocats, des juges ou des ministres, empêchent cette utilisation malsaine de leur institution et qu'ils fassent quelque chose pour endiguer les poursuites dont l'objectif premier est d'empêcher la participation des citoyens aux débats publics. »

Idéologiquement, tout à fait d'accord. Mais concrètement, on fait quoi?


En baisse

Me Jennie Cunningham, en tant qu intimée et les intervenants le Procureur général de l’Ontario, Law Societyof British Columbia, Barreau du Yukon, L Association du Barreau canadien et Criminal Lawyers’ Association (Ontario), qui viennent de perdre leur cause dans R. c. Cunningham, 2010 CSC 10, devant la Cour Suprême du Canada .

L’honorable juge Rothstein résuma ainsi la question devant le plus haut tribunal du pays:

« Quel est le pouvoir du tribunal lorsque, dans une affaire criminelle, l’avocat de la défense demande à cesser d’occuper pour cause de non paiement de ses honoraires? Peut il exiger que l’avocat continue de représenter l’accusé? »

Sa conclusion:

« Je suis d’avis qu’il a ce pouvoir, mais qu’il doit l’exercer avec circonspection et uniquement lorsqu’il le faut pour empêcher une atteinte grave à l’administration de la justice. »

À la question du secret professionnel soulevée par les intervenants, la CSC répond:

« La demande présentée par un avocat pour cesser d’occuper en raison du non paiement de ses honoraires s’inscrit dans un contexte nettement différent de celui de la perquisition policière visant les dossiers et les comptes d’un avocat.(...) La plus grande différence tient à la teneur des renseignements mis au jour. L’avocat qui demande à cesser d’occuper ne révèle qu’une bribe d’information, à savoir que l’accusé n’a pas acquitté ses honoraires ou qu’il ne les acquittera pas. En quoi la communication de ce minime élément d’information pourrait elle en l’espèce être préjudiciable à l’accusé? Nulle explication n’est avancée. On voit d’ailleurs difficilement comment ce simple fait pourrait être utilisé contre l’accusé pour établir le fondement de la poursuite pénale : il n’a de lien ni avec les renseignements donnés à l’avocat ni avec les conseils obtenus de ce dernier. On ne pourrait inférer du seul non paiement des honoraires que l’accusé s’est livré à quelque activité particulière liée aux accusations portées contre lui. »

Quant à l'argument de Me Cunningham et des intervenants voulant que seul le barreau ait un droit de regard en la matière, La CSC précise:

« Le barreau joue un rôle disciplinaire essentiel lorsqu’un avocat commet une faute professionnelle, mais lorsque ce dernier demande à cesser d’occuper, le droit de regard du tribunal n’a pas un objectif disciplinaire. Le pouvoir judiciaire se veut /préventif/. Il vise à protéger l’administration de la justice et à assurer un procès équitable. Le rôle disciplinaire du barreau a un caractère /réactif/. Les deux sont nécessaires pour bien encadrer l’exercice de la profession d’avocat et protéger la procédure de la cour.

Lorsque le non paiement de ses honoraires est à l’origine de la demande de l’avocat, le tribunal peut, dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire, la rejeter. Il peut également recourir à son pouvoir en matière d’outrage au tribunal pour faire respecter sa décision de ne pas autoriser l’avocat à cesser d’occuper (/C. /(/D.D./), p. 327).

Voici une liste non exhaustive des éléments dont il peut tenir compte dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire de faire droit ou non à la demande :

La possibilité que l’accusé se défende lui même;

l’existence d’autres avenues pour que l’accusé soit représenté;

les conséquences pour l’accusé d’un délai dans le déroulement de la procédure, spécialement lorsque l’accusé est en détention;

la conduite de l’avocat (p. ex., s’il a informé l’accusé suffisamment à l’avance pour qu’il puisse trouver un autre représentant ou s’il a demandé dès que possible au tribunal
l’autorisation de cesser d’occuper);


l’incidence sur le ministère public et sur un coaccusé;

l’incidence sur les plaignants, les témoins et les jurés;

l’équité envers l’avocat de la défense, compte tenu notamment de la durée prévue de l’instance et de sa complexité;

l’historique du dossier, y compris le changement d’avocat à répétition.

Ces éléments étant tous étrangers à la relation avocat client, leur examen ne saurait violer le secret professionnel. Le tribunal doit déterminer, au regard de ces éléments, si l’autorisation de cesser d’occuper porterait sérieusement atteinte à l’administration de la justice. Dans l’affirmative, il peut la refuser. »
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19 commentaires
  1. Me
    Me
    >>>> Idéologiquement, tout à fait d'accord. Mais concrètement, on fait quoi?

    On leur dit de fermer leur yeules parce qu'ils n'y comprennent rien. Si l'éditeur refuse de sortir le livre, il n'a qu'à s'en prendre à lui même. Il s'agit de la pure auto-censure déraisonnable.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Me
      > >>>> Idéologiquement, tout à fait d'accord. Mais concrètement, on fait quoi?
      >
      > On leur dit de fermer leur yeules parce qu'ils n'y comprennent rien. Si l'éditeur refuse de sortir le livre, il n'a qu'à s'en prendre à lui même. Il s'agit de la pure auto-censure déraisonnable.

      N'y a-t-il pas normalement un contrat d'édition°publication entre les auteurs et l'éditeur?
      Un recours contractuel?

  2. Me
    Me
    Se rendre en Cour suprême pour le seul motif qu'un connard a négligé/retardé/refusé de remplir son petit formulaire de déclaration de revenus pour l'aide juridique... il faut le faire.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Petits motifs c. gros motifs
    >Se rendre en Cour suprême pour le seul motif qu'un connard a négligé/retardé/refusé de remplir son petit formulaire de déclaration de revenus pour l'aide juridique... il faut le faire.


    Dites-ça à la juge Abella, pour qui il n'y a jamais de motifs d'appels insignifiant en matière criminelle, mais qui vous prie de contrôler vos ardeurs de plaideurs en matière civile, puisqu'en l'absence de risque de privation de liberté il faut savoir faire preuve de mesure !

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Anonyme
    Tiens, Me qui semble sombrer dans la vulgarité la plus primaire, lui dont l'esprit ne volait déjà pas très haut.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Bravo au Barreau du Québec
    De n'être pas intervenue dans la cause

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re : Anonyme
    > Tiens, Me qui semble sombrer dans la vulgarité la plus primaire, lui dont l'esprit ne volait déjà pas très haut.

    peut-être, mais ici il a parfaitement raison de qualifier le client de la sorte

  7. anonyme
    anonyme
    il y a 15 ans
    anonyme
    > Tiens, Me qui semble sombrer dans la vulgarité la plus primaire, lui dont l'esprit ne volait déjà pas très haut.

    Visiblement, tu ne le connais pas...
    Des esprits vifs comme lui, c'est rare.

  8. Me
    Me
    La décision m'inquiète, malgré les balises énumérées par la CSC et j'applaudis l'avocate qui est allé jusqu'en haut. Je ne comprends absolument pas en quoi elle est en baisse. Est-elle en baisse pour avoir, de façon abjecte, voulu se retirer? Soutient-on cela? Ou bien Me Salehabadi, n'ayant jamais fait de litige, voit ça de la même façon que la populasse: "t'as perdu un recours, t'es nécessairement en baisse." ?

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Me
      > La décision m'inquiète, malgré les balises énumérées par la CSC et j'applaudis l'avocate qui est allé jusqu'en haut. Je ne comprends absolument pas en quoi elle est en baisse. Est-elle en baisse pour avoir, de façon abjecte, voulu se retirer? Soutient-on cela? Ou bien Me Salehabadi, n'ayant jamais fait de litige, voit ça de la même façon que la populasse: "t'as perdu un recours, t'es nécessairement en baisse." ?

      Perdre en cour suprême c'est évident que c'est une baisse et gagner vaut une hausse. Disons au niveau de la côte de popularité...(parlant du métier d'avocat en litige). Au n'écrit pas dans son cv : j'ai perdu devant la CSC, le contraire certainement.
      C'est tout.
      Me Salehabadi ne dit pas qu'elle est d'accord ou pas avec la décision de la CSC, elle ne fait que constater.
      Il me semble que cela est bien élémentaire, non?

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re: Me
    "voit ça de la même façon que la populasse"

    Je ne sais pas si l'orthographe était volontaire, mais j'aime bien ce "polulasse", qui emprunte à "pétasse".

  10. Me
    Me
    >>>> Perdre en cour suprême c'est évident que c'est une baisse et gagner vaut une hausse. Disons au niveau de la côte de popularité...(parlant du métier d'avocat en litige). Au n'écrit pas dans son cv : j'ai perdu devant la CSC, le contraire certainement.


    À mon humble avis, perdre en CSC place un plaideur certainement dans une classe à part, classe d'excellence, par rapport à la grande majorité de ses confrères en ce qu'il peut dire qu'il y a été. Perdre en CSC c'est le "magna cum laude" de la profession. Y gagner, c'est le "summa".

    Ceci dit, j'aurai grandement souhaité que Me Salehabadi y aille de son éditorial, plutôt que de se contenter de pondre des paragraphes succincts qui ne visent qu'à dire: "le juge à dit cela", "l'avocate a prétendu cela", "la décision a été cela".

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 15 ans
      Re : Me
      > Ceci dit, j'aurai grandement souhaité que Me Salehabadi y aille de son éditorial, plutôt que de se contenter de pondre des paragraphes succincts qui ne visent qu'à dire: "le juge à dit cela", "l'avocate a prétendu cela", "la décision a été cela".

      Tout à fait d'accord avec Me là-dessus. Me Salehabadi, d'habitude, justifie ses hausses et ses baisses, ce qui les rend intéressants. Là, elle n'a fait que du copier-coller. Fatiguée la madame?

    • Paulette Giroux
      Paulette Giroux
      il y a 15 ans
      Re : Me
      >>
      > À mon humble avis, perdre en CSC place un plaideur certainement dans une classe à part, classe d'excellence, par rapport à la grande majorité de ses confrères en ce qu'il peut dire qu'il y a été. Perdre en CSC c'est le "magna cum laude" de la profession. Y gagner, c'est le "summa".
      >
      Et qu'en est-il de la personne, qui n'est pas «Me», qui a gagné en droit à la Cour suprême et... mais dont les juges ont décidé de rejeter l'appel? http://desjardins-qc.com/claude_bisson-s1.htm

  11. Me
    Me
    >>>>>> Me Salehabadi ne dit pas qu'elle est d'accord ou pas avec la décision de la CSC, elle ne fait que constater.


    Elle émet une opinion en la plaçant en baisse, opinion qu'elle ne justifie nullement. C'est poche.

    Quand on ne peut que rapporter qu'une décision de la CSC a été rendue et que le plus qu'on puisse faire est de la résumer en quelques lignes, il faut se garder d'utiliser qualificatifs "en hausse"/"en baisse" si on n'est pas en mesure de les justifier.

  12. Paulette Giroux
    Paulette Giroux
    il y a 15 ans
    Les signataires
    Je pense que plusieurs des signataires sont des professeurs de l'Université de Montréal. Entre autres, Pierre Trudel est professeur de droit de l'information.

  13. anonyme
    anonyme
    il y a 15 ans
    anonyme
    > On leur dit de fermer leur yeules parce qu'ils n'y comprennent rien. Si l'éditeur refuse de sortir le livre, il n'a qu'à s'en prendre à lui même. Il s'agit de la pure auto-censure déraisonnable.

    Je suis d'accord.
    Ils devraient être en baisse.

  14. anonyme
    anonyme
    il y a 15 ans
    Anonyme
    > Ils devraient être en baisse.

    cest meme pas une avocate, cest normal quelle ne comprenne pas les enjeux. cest sur quils devraient etre en baisse...

  15. Paulette Giroux
    Paulette Giroux
    il y a 15 ans
    Barrick Gold
    «Si l'éditeur refuse de sortir le livre, il n'a qu'à s'en prendre à lui même. Il s'agit de la pure auto-censure déraisonnable.»

    Croyez-vous vraiment qu'au Canada les gens ont le droit d'écrire ou de dire la vérité?

    Je vous suggère de lire les articles suivants, sans doute qu'à la lecture de ceux-ci vous comprendrez que l'éditeur n'avait pas d'autres choix que celui de s'écraser.

    «Barrick Gold empêche la publication d'un livre»

    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/285681/barrick-gold-empeche-la-publication-d-un-livre

    «Tout ce qui brille n'est pas d'or»

    http://www.leclandestin.com/eric/modules/smartsection/print.php?itemid=4

    «L’Ordre du Canada au président du CA de Barrick Gold»

    http://www.pressegauche.org/spip.php?article3533#nh1

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