Jolin-Barrette accuse le Barreau de manquer de nuance
Radio Canada
2025-12-08 10:15:01

Le gouvernement Legault s'en prend au Barreau du Québec. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, estime que l'ordre professionnel qui représente les avocats manque de nuance dans ses critiques envers de récents projets de loi déposés par le gouvernement. Il est inédit qu'un ministre de la Justice vilipende ainsi le Barreau de façon directe.
En mêlée de presse vendredi, le ministre a reproché au bâtonnier d'avoir comparé le Québec à des régimes autoritaires comme la Corée du Nord et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), l'État communiste instauré à la place de l'empire russe de 1917 à 1991.
Parfois, le Barreau du Québec devrait nuancer ses propos, a-t-il déclaré dans les corridors du parlement avant la période de questions.
Le Barreau réplique

L'organisme n'a pas mis de temps à réagir : il soutient qu'il tente plutôt de recadrer le débat et que le ministre de la Justice fait diversion. C'est bien mal me connaître de penser que je pourrais comparer le Québec à la Corée du Nord ou à l'ex-Union soviétique, a répliqué le bâtonnier du Québec, Marcel-Olivier Nadeau, dans une entrevue avec La Presse canadienne vendredi après-midi. Le Québec n'est pas une dictature et ne sera jamais une dictature.
(Le ministre) me connaît bien et il sait que je ne comparerais pas le Québec à des États totalitaires. Le ministre de la Justice fait une grande diversion, ici. Le Barreau a exprimé des critiques concernant le projet de loi sur la constitution du Québec, piloté par M. Jolin-Barrette, notamment parce que le gouvernement veut interdire à des organismes d’utiliser des fonds publics pour contester des lois considérées comme fondamentales pour le Québec.
Toutefois, le Barreau a également attaqué la réforme de la rémunération des médecins en demandant le retrait des dispositions qui mettent en œuvre des mesures de surveillance. Enfin, l'organisme s'inquiète du projet de loi sur la gouvernance des syndicats, car, selon lui, il empêcherait les syndicats de faire valoir leurs opinions en justice ou sur la place publique. Dans un communiqué, le Barreau avait évoqué un risque de dérive autoritaire.
« Le Barreau du Québec a son opinion. Je ne partage pas l'avis du Barreau émis par rapport à ça », a affirmé le ministre en rappelant qu'il est lui-même membre de cet ordre professionnel.
L'État de droit
Me Nadeau a fait valoir que ses sorties étaient d'un autre ordre que ce que lui impute M. Jolin-Barrette. Selon le bâtonnier, le Québec est un État occidental menacé comme les autres États occidentaux par la montée du populisme. Il a évoqué les exemples de ces dérives aux États-Unis, en Pologne et en Slovaquie.
« On ne doit en ce sens tolérer aucune dérive autoritaire propre à ébranler les fondements d'un État de droit », a-t-il mis en garde.
Un État de droit fort, c'est un État où la liberté d'expression est forte, où la liberté d'association est forte, où le droit de s'adresser aux tribunaux est fort, a poursuivi le bâtonnier.
« C'est ce qu'on tente de dénoncer dans les dernières semaines. Le Québec est un État de grande liberté et, donc, ne gâchons pas ça ».