La valeur d’un LL.M

Jean-François Théorêt
2009-06-04 14:15:00
Bonjour, comme le titre de ma question l'indique, je voulais savoir quelle valeur les recruteurs juridiques attribuent à une maitrise en droit, orientée en droit des affaires. Est-ce un atout pour un jeune avocat, ou est-ce vu comme une année de congé avant le monde du travail?
Merci de votre réponse.
Réponse
À la lecture de votre question, je conclus que vous débutez dans la profession et que vous n'avez pas à ce jour d'expérience pratique en droit. Je répondrai donc sous cet angle. Je le précise car la situation sera toute autre pour une personne qui, par exemple, est en recherche active d'emploi et possède une certaine expérience. Ma réponse serait aussi différente pour une personne désireuse de réorienter sa carrière et qui veut faire une maîtrise de manière à pallier à la carence dans le domaine de pratique visé.
En premier lieu, il est important de spécifier qu'un diplôme de deuxième cycle n'est jamais une perte de temps ou "une année de congé". Le profil d'une candidature s'en trouve rehaussé à coup sûr et à compétence égale, une candidature possédant une maîtrise sera privilégiée.
Le poids accordé à ce diplôme variera cependant selon certains facteurs. Il est certain qu'une maîtrise complétée dans un domaine pertinent au type de poste recherché aura une plus grande valeur aux yeux d'un employeur potentiel. Une maîtrise en droit des affaires se verra accordée une attention plus particulière si le poste convoité est en droit corporatif et plus particulièrement en entreprise. Elle confère un côté plus "conseiller d'affaires" à son détenteur, ce que les employeurs en entreprise apprécient particulièrement.
Il convient aussi de préciser que rien ne remplace l'expérience pratique pour un avocat junior. La réflexion des employeurs est fréquemment la suivante: un avocat junior doit apprendre à mettre en pratique les enseignements reçus lors de sa formation juridique. Un diplôme n'est pas un palliatif à l'expérience sur le marché du travail. De cette réflexion découle le constat qu'entre deux candidatures de la même année de Barreau, celle ayant une expérience pratique aura plus de chances d'être préférée à celle possédant une maîtrise.
Souvenez-vous de vos débuts lors de votre stage. On a l'impression de ne rien connaître et devoir tout réapprendre. Il est important d'être à même de transférer les connaissances apprises vers le concret et de les appliquer aux problématiques des clients.
Il pourrait être judicieux d'acquérir une certaine expérience en milieu de travail de façon à mieux comprendre les rouages de la pratique du droit. Vous serez ainsi en mesure de mieux saisir les applications pratiques des notions qui seront apprises tout au long de la maîtrise. Les bénéfices que vous retirerez de votre formation s'en verront décuplés.
Au plaisir.
Jean-François Théorêt
La Question Carrière
Chaque semaine, tour à tour, les recruteurs juridiques Caroline Haney et Jean-François Théorêt répondent à une question posée par vous chers lecteurs.
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Anonyme
il y a 16 ansUne très belle réponse je trouve.
Anonyme
il y a 16 ansexcellente réponse en effet, car rien ne vaut l'expérience d'un candidat aussi minime soit-elle! Je suis en pratique privée dans une étude nationale et le mot "pratique" résume assez bien le profil recherché d'un candidat! Pratique pas THÉORIQUE!
Lors des entrevues d'embauche, je suis plus impresionné par un candidat qui a une expérience du monde des affaires que par un candidat qui a une maîtrise en affaires...
Anonyme
il y a 16 ansDans ma pratique courante en droit des affaires, je dirais 1/10 de ma formation universitaire a été pertinente. De ce que j’ai vu des jeunes avocats qui ont une maîtrise, ce chiffre passe à 2/10.
Anonyme
il y a 16 ansLorsqu'on combine études supérieures et expérience, avec une vision plus long terme, l'avantage est là.
Je crois que l'ère de l'avocat québécois faisant carrière avec des études universitaires se limitant à un LL.B post-CÉGEP tire lentement à sa fin.