L’action collective contre le diocèse de Gaspé rassemble 31 personnes
Radio Canada
2025-12-08 12:00:06
Le recours collectif cherche réparation pour les agressions sexuelles alléguées commises par des personnes en autorité dans les paroisses du diocèse de Gaspé.
Autorisé depuis à peine quatre mois par la Cour supérieure, le recours collectif intenté contre le diocèse de Gaspé rassemble désormais 31 participants inscrits; une dizaine d’autres pourraient s’y ajouter sous peu.
Ces personnes soutiennent avoir été agressées sexuellement par des membres du clergé dans leur jeunesse. Le juge Damien St-Onge a donné le feu vert au recours le 6 août. Deux victimes alléguées étaient à l’origine de ces procédures civiles et témoigneront au nom du groupe prenant part au recours collectif.
L’avocat des victimes, Marc Bellemare, est persuadé que des centaines, voire des milliers de personnes pourraient avoir subi des gestes à caractère sexuel d'un membre du clergé depuis mai 1922, et ce, dans un contexte religieux ou lors d'activités y étant reliées. « Tous ces gens-là doivent évidemment se manifester, on ne peut pas deviner qu’ils ont été abusés », explique le juriste.
Pour lui, le travail visant à rejoindre les potentielles victimes se poursuit activement sur tout le vaste territoire de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. « On espère qu’on va aller chercher plus de gens que ça. C’est le temps d’en parler », fait-il valoir, indiquant que l’action collective constitue une opportunité « d’obtenir justice et de dénoncer des situations inacceptables ».
L'avocat est optimiste pour la suite. « On va y arriver et je peux vous assurer qu’on va réussir à obtenir un groupe un peu plus cossu que celui-là ». Marc Bellemare admet néanmoins que ce type de recours collectif se veut délicat et qu’il peut s’avérer complexe de convaincre les personnes concernées d’y adhérer, et ce, pour plusieurs raisons.
Certains des demandeurs, répartis dans les différentes paroisses du diocèse de Gaspé, pourraient également avoir aujourd’hui des souvenirs moins clairs des événements ou des personnes en cause. Des victimes alléguées pourraient même être décédées depuis. C’est un peu plus compliqué dans ce temps-là, bien évidemment, explique Me Bellemare, précisant néanmoins que les héritiers sont également admis au recours.
L’avocat estime que les témoignages recueillis à ce jour permettent néanmoins de mieux comprendre les gestes dont auraient été victimes de nombreuses personnes. Ça nous permet de voir un petit peu le modus operandi, la façon de procéder du clergé pendant ces années-là. Les deux victimes présumées à l’origine du recours collectif, Beaudoin Francoeur et Marc-Alain Marticotte disent avoir été agressées sexuellement dans leur enfance.
Ils ont déposé leur requête en juin 2024 contre la Corporation épiscopale catholique romaine de Gaspé et l’Évêque catholique romain de Gaspé. Les deux Gaspésiens allèguent qu’ils ne pouvaient ignorer le comportement des abbés Alphonse Anctil et de Wilfrid Provencher, dont ils disent avoir été victimes. Aux yeux des demandeurs, ces gestes auraient plutôt été camouflés.
Selon Marc Bellemare des recours collectifs similaires ont permis à des victimes de recevoir des indemnités variant entre 100 0000 $ et 250 000 $. Il souligne que les informations récoltées par sa firme d’avocat demeureront confidentielles et que les participants au recours n’auront pas à témoigner lors d’un éventuel procès.
L’avocat calcule que les procédures judiciaires pourraient s’étendre sur une période d’environ deux ans, mais qu’un règlement hors cour pourrait avoir lieu d’ici là. Un recours similaire est notamment en cours au Bas-Saint-Laurent (nouvelle fenêtre). En août, le diocèse de Gaspé indiquait par écrit collaborer pleinement avec les autorités et affirmait son intention de continuer de le faire.