Le Barreau impuissant

Trois avocats de Laval qui ont été arrêtés et accusés par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) le 9 mai dernier demeurent sous enquête par le syndic du Barreau du Québec pour méconduite professionnelle, même si un de ces hommes a pourtant déjà démissionné du Barreau.

Deux de ces avocats sont toujours membres du Barreau et pourraient même pratiquer le droit, même si certains d’entre eux ont admis devant la commission Charbonneau avoir commis des gestes honteux.

Tolérance zéro

Toutefois, la nouvelle Bâtonnière du Barreau, Me Johanne Brodeur, réclame de nouveaux pouvoirs qui permettraient au Barreau de suspendre automatiquement des avocats comme eux faisant face à de graves accusations criminelles en lien avec l’exercice de leur profession.

«La présomption d’innocence est importante, mais c’est aussi tolérance zéro,» a dit Me Brodeur.

La Bâtonnière est la patronne de l’ordre professionnel des 24 500 avocats et avocates au Québec. Elle demande ce pouvoir – que le Barreau a revendiqué pour la première fois en 2004 – pour tous les ordres professionnels dans la réforme du Code des professions.

Témoignages troublants

Un projet de loi serait préparé avec l’Office des Professions pour automne 2014, si ce n’est pas fait avant.

«N’est-il pas le temps de faire cette réflexion?, demande-t-elle. La protection du public est importante.»

Un avocat du Barreau assiste aux audiences de la commission Charbonneau, où des témoignages troublants concernant les avocats de Laval et des sacs d’argent ont fait surface:

- Jean Bertrand a admis avoir participé à du financement illégal de son parti politique – le défunt PRO des Lavallois – et au lessivage des ristournes provenant des cabinets d’ingénierie. Il a démissionné du Barreau le 14 juin. Me Brodeur souligne que le Barreau maintient sa compétence d’enquête sur lui.

- Me Jean L. Lambert a admis avoir géré un fonds occulte qui était au cœur du système de corruption et collusion bien enraciné à Laval et il a rendu plus de 721 000 $ en argent liquide à la Commission. Cet argent a été remis à l’UPAC hier.

- Un ingénieur qui a participé au cartel des cabinets à Laval a aussi témoigné qu’il a remis 400 000 $ en liquide à Me Robert Talbot, un avocat de la famille Vaillancourt. Talbot fait face à des accusations de gangstérisme.