Les trois âges de raison financière
À quels stades de leur parcours professionnel les avocats et notaires doivent-ils prendre des décisions financières importantes? Une spécialiste en planification nous explique tout!

Même si nous avons des trajectoires de vie différentes, nous vivons tous des moments charnières marquants : un premier emploi, un mariage, la naissance d’un enfant, l’achat d’une propriété, le poste de ses rêves, un départ à la retraite, un décès, etc.
Eh bien, en matière financière, c’est un peu la même chose. « J’envisage trois étapes principales : celle du début de carrière, vers 25 ans, celle de son summum, vers 45 ans, et enfin celle coïncidant avec la retraite, vers 65 ans », indique Natasha Black, planificatrice financière agréée (CFP) et chevronnée de la Financière des avocates et avocats.
25 ans : l’âge des bonnes habitudes financières
Les jeunes professionnels du droit peuvent avoir du mal à se projeter dans l’avenir et à épargner. Et pourtant, souligne Mme Black, c’est le meilleur moment pour commencer à prendre de bonnes habitudes financières qui les serviront par la suite.
En premier lieu, l’épargne ne doit pas automatiquement être élevée pour commencer à rapporter. « La plupart des institutions comme la nôtre acceptent des montants aussi bas que 25 dollars par mois, à investir dans le placement de son choix. Et le plus tôt on le fait, plus la magie des intérêts composés opère », spécifie la spécialiste.
Deuxième point essentiel à cette étape de vie : se constituer un bon dossier de crédit. « C’est comme notre passeport financier, en quelque sorte », explique Mme Black, qui constate que ses clients à La Financière ne comprennent pas toujours son fonctionnement. Elle ajoute que ce dernier est composé de nos habitudes de remboursement de crédits, qui démarrent dès que nous souscrivons un forfait de cellulaire ou à un prêt étudiant. « Plus on est discipliné dans ses paiements, et plus la notation de crédit est haute. Or, c’est grâce à elle que l’on pourra ensuite obtenir de meilleurs taux pour des prêts hypothécaires ou des marges de crédit personnelles », précise-t-elle.
Le troisième élément dont il fait tenir compte est lié aux assurances. Selon la planificatrice, une assurance invalidité et une assurance vie sont nécessaires dès le début de sa carrière, afin de disposer des protections élémentaires.
45 ans : l’âge de l’accumulation
À la quarantaine, une bonne partie, si ce n’est la majorité des juristes sont en bonne posture financière. Tout en conjuguant leurs obligations courantes (études des enfants, souci dentaires, voiture, etc.) et leurs projets (voyages, bateaux, belle garde-robe, etc.), il leur est donc conseillé de faire fructifier judicieusement leur patrimoine en prévision de la retraite.
« Je les invite à optimiser leurs placements au niveau fiscal, par exemple en maximisant les CELI et les REER, en cotisant dans des REEE, ou encore en remboursant leur hypothèque plus rapidement », mentionne Mme Black, qui s’assure également que ses clients gèrent bien leurs dettes pour ne pas être mal pris financièrement lorsqu’ils quitteront la vie active.
« Je réévalue régulièrement, à cette étape, les protections de mes clients pour les ajuster en fonction de leurs besoins, dit-elle. S’ils ont des projets particuliers, sont déclarés invalides, ou bien si un décès inattendu arrive, les fonds nécessaires seront là pour eux-mêmes ou leurs proches. C’est essentiel. »
65 ans : l’âge du décaissement stratégique
Même si certains avocats et notaires poursuivent leur carrière au-delà de l’âge de 65 ans – La Financière des avocates et des avocats est d’ailleurs une des seules organisations à tenir compte de ce facteur –, de manière générale, la retraite sonne souvent une fois la soixantaine passée. Mais le rôle de la planificatrice financière ne s’arrête pas là, bien au contraire.
« Il faut à cette étape établir des stratégies de décaissement optimales, souligne-t-elle. Tout d’abord, en maximisant les versements du RRQ et de la pension de vieillesse, qui doivent être réclamés le plus tard possible (70 ans) pour être le plus élevés possible. » Mme Black calcule aussi le montant des décaissements nécessaires pour le niveau de vie désiré de ses membres jusqu’à l’âge de 95 ans.
D’autre part, si on dispose d’un patrimoine important – par exemple, d’une résidence principale et d’une secondaire, en plus de placements divers –, et que l’on souhaite le léguer à une succession, mieux vaut y voir tôt que trop tard.
« Je recommande généralement de faire évaluer les actifs que l’on a afin de savoir la somme totale à léguer, révèle la planificatrice. Il n’y aura aucun problème si tout cela revient au conjoint survivant, mais dès que cette succession est constituée des enfants, l’imposition est considérable. » Voilà pourquoi il peut être intéressant d’envisager des dons de son vivant, ou bien de contracter une assurance du même montant que les impôts que les héritiers devront payer.
« Bien sûr, chaque personne est différente et a ses propres objectifs. Alors, je m’adapte à toutes les situations et accompagne mes clients gratuitement, puisque je ne suis pas payée en fonction des produits vendus », rappelle l’experte, qui nous invite chaudement à profiter de ses conseils financiers.