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Le clan Cliche : 75 ans d’existence

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Theodora Navarro

2016-07-06 11:15:00

Le cabinet des Cliche existe depuis 75 ans. Comment cette équipe d’avocats de Val d’Or a-t-elle su perdurer à travers le temps? Droit-inc leur a posé la question…
Me Sylvain Labranche
Me Sylvain Labranche
À Val d’Or, tout le monde connaît le nom de Cliche. « Pour les gens, Cliche, ce sont les avocats », confirme Me Sylvain Labranche. Il faut dire que l’étude existe depuis 75 ans. De quoi donner ses lettres de noblesse à ce grand nom de la profession de l’Abitibi-Témiscamingue.

Le cabinet s’appelle présentement Cliche, Matt, Jolicoeur, et il conservera ce nom de façon juridique. Mais la nouvelle image du cabinet sera celle du bouclier du chevalier et l’esquisse d’un cheval, associés au nom qui a fait l’histoire du cabinet : Cliche avocats.

« Même lorsqu’il n’y aura plus Me Lucien Cliche parmi nous, nous conserverons ce nom qui représente parfaitement le cabinet », estime Me Labranche. Plus ancien associé au sein du cabinet valdorien, Me Sylvain - comme les clients ont coutume de l’appeler - connaît l’histoire des Cliche sur le bout des doigts. « En réalité, c’est Me Lucien Cliche Jr qui me l’a contée...», souffle-t-il.

Une étude familiale

Me Pierre Matte
Me Pierre Matte
Retour en arrière. Lucien Cliche père fonde en 1941 sa firme à Val-d’Or. Originaire de Beauce, il tente sa chance en Abitibi, seule région dont l’économie reste florissante malgré la guerre. « C’était grâce aux mines, notamment aux mines d’or, car le cours de l’or était alors très haut », explique Me Labranche. Val-d’Or, qui est elle-même née en 1938, est alors une toute jeune ville.

Me Cliche fait ses débuts seul - tel qu’il était courant de le faire à l’époque - et partage les bureaux d’une étude de notaire. En 1953, il est rejoint par Me Vital Cliche, son jeune frère. Cliche et Cliche s’associent et l’histoire des Cliche Avocats se lance pour de bon.

« Le cabinet a vu passer de nombreux membres de la famille Cliche, souligne Me Labranche. Il y a eu les quatre enfants de Lucien - l’un deux, Lucien Cliche Jr, pratique encore au sein du cabinet - mais également le fils de Vital : Pierre Cliche.» Me Nicole Cliche a été d’ailleurs la première femme du Barreau de l’Abitibi à partir en pratique privée.

Quel Cliche?

Me Pascal Jolicoeur
Me Pascal Jolicoeur
De cette période date l’habitude d’appeler les avocats du cabinet par leurs prénoms. « Lorsque les clients appelaient pour demander Me Cliche, impossible de savoir à qui ils souhaitaient parler! Ils étaient 4 ou 5 à porter ce nom-là!, sourit Me Labranche. Alors leurs clients demandaient Me Pierre, Me Normand ou Me Nicole… »

Les membres de la famille sont venus, puis repartis. Parfois revenus, au gré de leurs nominations respectives. Ainsi Me Lucien Cliche Père a été Ministre des affaires municipales et Ministre des terres et forêts avant de revenir à la pratique en 1970. Son frère Vital a été juge à la Cour supérieure du Québec, et le fils de celui-ci juge à la Cour du Québec.

Me Érika Marier
Me Érika Marier
Le nom change au rythme des associations. Il devient Cliche et Bergeron durant les mandats politiques de Me Lucien Cliche, puis seulement Cliche de nouveau lorsque Me Bergeron et Me Vital Cliche sont nommés juges, puis Cliche et Cliche encore, et Cliche Lortie Bédard Ladouceur dans les années 80…

Mais au-delà d’un nom qui perdure, Cliche est aussi un gage de sérieux. « Nous avons d’ailleurs reçu le prix Filon pour la catégorie Pérennité, devant Jean Coutu et un cabinet d’architectes très connu dans la région », souligne Me Labranche. 10 avocats sont actuellement présents dans la firme et leur souhait est commun : célébrer les 75 ans du cabinet et donner à l’avenir du cabinet un gage de longue vie.

Pour cela, un nouveau nom, un nouveau logo et même un coup de jeune donné à la bâtisse qui abrite la firme Cliche. L’esprit d’efficacité et le sérieux eux, demeurent…

L’affaire Chantal Daigle

Le cabinet Cliche Avocats est associé à une affaire célèbre au Canada : l’affaire Chantal Daigle. Me Daniel Bédard, du cabinet Cliche, représente alors Madame Daigle. C’est lui qui, sur le parvis de la Cour Suprême, apprend de sa cliente qu’elle s’est fait avorter en secret aux Etats-Unis alors qu’une injonction l’empêche de le faire au Canada.

Dans une entrevue accordée au journal Le Soleil, Me Henry Kelada, l’avocat de l’intimé, se souvient que le juge Antonio Lamer était très en colère et avait demandé à Me Bédard si celui-ci était au courant des intentions de sa cliente. Mais Me Bédard, comme le raconte Me Labranche, avait essayé à plusieurs reprises de la joindre les jours précédant l’audience, sans succès.

Bien que la cause soit alors considérée sans objet du fait de l’avortement, la Cour Suprême accepte de l’entendre pour son seul intérêt théorique devant l’importance de la question à traiter. Elle se prononce en faveur de Daigle, reconnaissant que le foetus n’a pas le statut d’une personne légale au Canada. Un tournant dans l’histoire du pays, Tremblay contre Daigle fait désormais partie du patrimoine juridique.

Fait méconnu, l’avocat de Monsieur Tremblay, Me Henry Kélada, a lui-même rejoint le cabinet Cliche de nombreuses années plus tard. Il n’y a cependant pas pratiqué en même temps que l’avocat auquel il était opposé, Me Bédard, celui-ci ayant quitté le cabinet dans les années 90.
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