Le clan Cliche : 75 ans d’existence

Theodora Navarro
2016-07-06 11:15:00

Le cabinet s’appelle présentement Cliche, Matt, Jolicoeur, et il conservera ce nom de façon juridique. Mais la nouvelle image du cabinet sera celle du bouclier du chevalier et l’esquisse d’un cheval, associés au nom qui a fait l’histoire du cabinet : Cliche avocats.
« Même lorsqu’il n’y aura plus Me Lucien Cliche parmi nous, nous conserverons ce nom qui représente parfaitement le cabinet », estime Me Labranche. Plus ancien associé au sein du cabinet valdorien, Me Sylvain - comme les clients ont coutume de l’appeler - connaît l’histoire des Cliche sur le bout des doigts. « En réalité, c’est Me Lucien Cliche Jr qui me l’a contée...», souffle-t-il.
Une étude familiale

Me Cliche fait ses débuts seul - tel qu’il était courant de le faire à l’époque - et partage les bureaux d’une étude de notaire. En 1953, il est rejoint par Me Vital Cliche, son jeune frère. Cliche et Cliche s’associent et l’histoire des Cliche Avocats se lance pour de bon.
« Le cabinet a vu passer de nombreux membres de la famille Cliche, souligne Me Labranche. Il y a eu les quatre enfants de Lucien - l’un deux, Lucien Cliche Jr, pratique encore au sein du cabinet - mais également le fils de Vital : Pierre Cliche.» Me Nicole Cliche a été d’ailleurs la première femme du Barreau de l’Abitibi à partir en pratique privée.
Quel Cliche?

Les membres de la famille sont venus, puis repartis. Parfois revenus, au gré de leurs nominations respectives. Ainsi Me Lucien Cliche Père a été Ministre des affaires municipales et Ministre des terres et forêts avant de revenir à la pratique en 1970. Son frère Vital a été juge à la Cour supérieure du Québec, et le fils de celui-ci juge à la Cour du Québec.

Mais au-delà d’un nom qui perdure, Cliche est aussi un gage de sérieux. « Nous avons d’ailleurs reçu le prix Filon pour la catégorie Pérennité, devant Jean Coutu et un cabinet d’architectes très connu dans la région », souligne Me Labranche. 10 avocats sont actuellement présents dans la firme et leur souhait est commun : célébrer les 75 ans du cabinet et donner à l’avenir du cabinet un gage de longue vie.
Pour cela, un nouveau nom, un nouveau logo et même un coup de jeune donné à la bâtisse qui abrite la firme Cliche. L’esprit d’efficacité et le sérieux eux, demeurent…
Le cabinet Cliche Avocats est associé à une affaire célèbre au Canada : l’affaire Chantal Daigle. Me Daniel Bédard, du cabinet Cliche, représente alors Madame Daigle. C’est lui qui, sur le parvis de la Cour Suprême, apprend de sa cliente qu’elle s’est fait avorter en secret aux Etats-Unis alors qu’une injonction l’empêche de le faire au Canada.
Dans une entrevue accordée au journal Le Soleil, Me Henry Kelada, l’avocat de l’intimé, se souvient que le juge Antonio Lamer était très en colère et avait demandé à Me Bédard si celui-ci était au courant des intentions de sa cliente. Mais Me Bédard, comme le raconte Me Labranche, avait essayé à plusieurs reprises de la joindre les jours précédant l’audience, sans succès.
Bien que la cause soit alors considérée sans objet du fait de l’avortement, la Cour Suprême accepte de l’entendre pour son seul intérêt théorique devant l’importance de la question à traiter. Elle se prononce en faveur de Daigle, reconnaissant que le foetus n’a pas le statut d’une personne légale au Canada. Un tournant dans l’histoire du pays, Tremblay contre Daigle fait désormais partie du patrimoine juridique.
Fait méconnu, l’avocat de Monsieur Tremblay, Me Henry Kélada, a lui-même rejoint le cabinet Cliche de nombreuses années plus tard. Il n’y a cependant pas pratiqué en même temps que l’avocat auquel il était opposé, Me Bédard, celui-ci ayant quitté le cabinet dans les années 90.