Le promoteur controversé Jean-François Malo demeure introuvable
Radio Canada
2025-10-23 12:00:00

Après s’être vu accorder le droit de comparaître par visioconférence mercredi après-midi, Jean-François Malo a encore une fois raté un rendez-vous fixé par la cour, cinq ans après le début d'une saga judiciaire digne d’un film. Dans les circonstances, sa sentence pourrait potentiellement être prononcée alors qu’il est toujours en cavale.

L’entrepreneur immobilier de Joliette a été reconnu coupable en mai dernier d’avoir commandé une agression armée en 2020 contre un avocat. En litige contre Desjardins à l’époque, Malo avait embauché deux hommes de main qui ont ouvert le feu au domicile de Nicholas Daudelin, alors avocat pour l'institution financière. Ce dernier a reçu une balle dans la jambe et est, depuis ce temps, sous protection policière.
À la suite de son arrestation, Jean-François Malo a multiplié les requêtes avec pour objectif de retarder les procédures judiciaires, tout en bafouant le couvre-feu imposé par la cour. Il a ensuite réclamé l’arrêt du procès en invoquant des délais déraisonnables, en plus de poursuivre la victime pour diffamation.
Il a finalement été reconnu coupable en mai dernier de voies de fait graves pour les événements survenus en 2020, la Couronne n’ayant pas été en mesure de prouver la tentative de meurtre.
Un fugitif par visioconférence
Un mandat d'arrêt pancanadien a été lancé jeudi dernier contre Jean-François Malo, après qu'il eut omis plusieurs fois de se présenter en cour pour recevoir sa peine. Sommé de comparaître au Tribunal mercredi matin, il a envoyé un courriel au juge Denys Noël à 00 h 39, dans lequel il affirme qu’il ne peut s'y présenter parce qu’il se considère en péril, sans donner plus d’explications.
Exceptionnellement, le juge a décalé l’audience à 14 h, en permettant à l’entrepreneur d’y assister par visioconférence, sans succès. Il est évident qu’il s’esquive dans le but d’éviter une peine d'emprisonnement, a déclaré le juge Noël, en expliquant qu’il avait permis cette comparution par visioconférence uniquement pour tenter de reprendre contact avec l’accusé. L’avocat de la défense, Karl-Emmanuel Harrison, soutient ne plus être en contact avec son client. Pour des raisons qu’il décrit comme déontologiques, il a décidé de cesser de représenter Jean-François Malo.
Selon Me Tian Meng, procureure de la Couronne au dossier, Jean-François Malo ne serait plus à son domicile depuis le 13 octobre, mais il n’y aurait pas de raison de croire à un enlèvement. « C’est la volonté de M. Malo de ne pas se présenter, tout en gardant la mainmise sur la famille, » avance la juriste.
Dans les circonstances, le juge Noël a autorisé la poursuite des recommandations sur la peine sans la présence de l’accusé. Une fois la sentence prononcée, un nouveau mandat d’arrêt pourrait être lancé contre Jean-François Malo.
Un entrepreneur « animé par la vengeance »
Jean-François Malo est bien connu des milieux policiers à Joliette. Il est reconnu pour mener un train de vie fastueux dans la région, tout en usant présumément de divers stratagèmes pour flouer les autorités fiscales. Selon un rapport déposé en preuve cet automne, M. Malo aurait confié vouloir s’en prendre à plusieurs personnes, dont Nicholas Daudelin, dont il aurait écrit les noms sur une liste.
En 2020, La Presse rapportait d’ailleurs que des personnes ayant croisé le chemin de M. Malo à Joliette – des avocats, une journaliste, un maire et un fonctionnaire – avaient été victimes d’incendies criminels. Un incendie de la même nature a été rapporté dans le garage de Jean-François Malo en septembre dernier, ce qui a encore une fois retardé les procédures judiciaires.
Dans son allocution, mercredi, le DPCP a demandé une peine exemplaire et nettement au-dessus des peines habituelles pour envoyer un message fort. La fourchette habituelle pour voies de fait grave est de 3 à 5 ans de détention, mais la Couronne réclame de 9 à 10 ans.
« C’est grave de s’attaquer à un intervenant du système judiciaire qui agit dans le cadre de ses fonctions. Il en va de l’intégrité du système », a martelé la procureure de la Couronne.
DB
il y a 14 joursJ'ai suivi cette histoire de loin mais je ne comprends pas pourquoi il n'a pas été accusé pour tentative de meurtre. Idem pour ceux qui ont tiré sur l'avocat. Ils l'ont tiré pour ne pas le tuer dans sa demeure? C'était pour lui faire peur? Pour mois ça l'aurait dû être une condamnation de tentative de meurtre et de complot. Mais bon je suis civiliste et non criminaliste, peut-être un criminaliste peut me l'expliquer. Merci.