Procès des hockeyeurs : la juge rejette des messages que la Couronne croit « importants »

Radio Canada
2025-05-27 12:00:23

Au procès des cinq anciens membres d’Équipe Canada junior 2018, la juge refuse une deuxième fois d’admettre dans la preuve une série de messages texte qui, selon la Couronne, contiennent une « confirmation importante » des actes dont est accusé Dillon Dubé.
Selon la juge Maria Carroccia, la véracité et la fiabilité de ces messages ne peuvent pas être garanties. La série de messages en question, échangés entre Brett Howden et Taylor Raddysh, deux anciens coéquipiers des accusés, le 26 juin 2018, une semaine après le viol collectif présumé, contient un message en particulier envoyé par Brett Howden :
« Mec, je suis tellement content d'être parti quand tout ça s'est passé. Ha ha. (...) Quand je partais, Duber (surnom de Dillon Dubé, NDLR) frappait fort sur les fesses de la fille. Ça semble lui avoir fait très mal », a-t-il écrit à son coéquipier.
La Couronne voulait faire admettre ce message dans la preuve parce que selon la procureure Meaghan Cunningham, il constitue une confirmation importante des claques aux fesses que Dillon Dubé est accusé d’avoir donné à la présumée victime E. M. contre son gré.
La procureure s’attendait à ce que M. Howden, qui était présent dans la chambre d’hôtel où serait survenu le viol collectif présumé la nuit du 18 au 19 juin 2018, confirme avoir bien vu ces gestes dans son témoignage de la semaine dernière, mais le hockeyeur a répondu qu’il ne s’en souvenait pas et que bien qu’il croit avoir été honnête dans ses messages à M. Raddysh, une semaine plus tard, il ne pouvait pas confirmer non plus que les messages étaient factuels.
La Couronne a essayé de faire admettre cette série de messages une première fois la semaine dernière, mais la juge Maria Carroccia a refusé la demande vendredi dernier. Me Cunningham avait immédiatement soumis une deuxième demande en vertu d’une autre disposition de la loi, que la juge refuse également lundi.
« 100 % consensuel »
Tour à tour, les cinq avocats de la défense ont contre-interrogé M. Howden.
En réponse à leurs questions, le hockeyeur maintient qu’il ne se souvient pas de nombreux détails de la nuit du viol collectif présumé, mais répète que la plaignante sollicitait des actes sexuels aux hockeyeurs qui se trouvaient dans la chambre d’hôtel. Il souligne également que Michael McLeod et Carter Hart ont reçu des fellations de la plaignante.
Pendant tout le temps que vous avez passé dans la pièce, vous n'avez eu aucun doute sur le fait que ce que vous avez vu était à 100 % consensuel, lui suggère l’avocate de Carter Hart, Megan Savard. Oui, répond le hockeyeur qui ajoute que malgré ce qu’a dit E. M. dans son témoignage, on voyait bien qu’elle ne voulait pas quitter la chambre. La plaignante a affirmé qu’elle avait tenté de partir à quelques reprises, mais que chaque fois, des hockeyeurs la retenaient.
Une commotion cérébrale en 2022
Me Savard a souligné que Brett Howden avait souffert d’une blessure assez grave à la tête en mars 2022 lors d’un match télévisé qui opposait les Golden Knights de Las Vegas — l’équipe de M. Howden — aux Predators de Nashville. M. Howden, qui s’était effondré sur la glace après avoir reçu un coup d’un joueur de l’équipe adverse, avait dû être évacué sur une civière. Il confirme qu’il a souffert, entre autres, d’une commotion cérébrale. Avez-vous plus de difficulté à vous rappeler certaines choses qu’auparavant?, lui demande Me Savard.
Honnêtement, je n’y avais jamais pensé de cette manière. Je n’ai jamais eu à me souvenir d’autant de petits détails auparavant et c’est devenu de plus en plus difficile avec le temps, répond le hockeyeur.
L’avocate de Cal Foote, Julianna Greenspan, doit conclure le contre-interrogatoire de M. Howden mardi matin, avant que la Couronne n’appelle son témoin suivant. Brett Howden est le quatrième ex-coéquipier des accusés à être appelé à témoigner à ce procès, après Tyler Steenbergen, Taylor Raddysh et Boris Katchouk. Aucun de ces témoins ne fait face à des accusations.
Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton font chacun face à un chef d’accusation d’agression sexuelle en rapport avec le viol collectif présumé de la plaignante. Michael McLeod fait aussi face à un chef d'accusation de participation à ce délit. Ils ont tous plaidé non coupables au début du procès, qui se déroule maintenant devant juge seule.