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Procès des hockeyeurs : « Tout était consensuel », affirme la plaignante dans une vidéo

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Radio Canada

2025-05-01 13:15:13

Le procès des joueurs de hockey accusés d'agression sexuelle, se déroule au palais de justice de London, en Ontario.

Mercredi, au procès des cinq anciens membres d’Équipe Canada junior accusés d’agression sexuelle, la Couronne a présenté une vidéo dans laquelle la victime présumée affirme que « tout était consensuel ». La vidéo en question a été présentée pendant le témoignage de la détective Tiffany Waque du Service de police de London qui s’est poursuivi mercredi après avoir été entravé mardi par des problèmes techniques.

Dillon Dubé, Cal Foote, Alex Formenton, Carter Hart et Michael McLeod - source : Radio Canada

La policière, qui a été impliquée dans l’enquête sur le viol collectif présumé, a été appelée à décrire plusieurs dizaines de photos et d’enregistrements vidéo obtenus par la police auprès de joueurs de l’équipe de hockey. D’autres images ont été captées par les caméras de surveillance du bar où se sont rendus les hockeyeurs à la suite du gala auquel ils avaient pris part plus tôt dans la soirée du 18 juin 2018.

C’est dans ce bar que Michael McLeod a rencontré la plaignante E. M., dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication. Les vidéos présentées mercredi montrent Michael McLeod et E. M. en train de boire et de danser ensemble au bar avant de rentrer ensemble à l’hôtel de London où séjournait l’équipe canadienne de hockey junior.

La Couronne a aussi présenté un message texte envoyé, une demi-heure plus tard, par Michael McLeod à ses coéquipiers : « Who wants to be in a 3-way quick. 209-mikey » (Qui veut faire partie d’une relation sexuelle à trois rapidement? 209 - mikey, traduction libre).

Le message est suivi d’une réponse envoyée à partir du téléphone cellulaire de Carter Hart : « I’m in » (je suis partant, traduction libre). L’exposé commun des faits indique que la chambre 209 de l’hôtel en question était réservée à Alex Formenton et à M. McLeod. Des enregistrements du hall de l’hôtel montrent des coéquipiers de Michael McLeod commençant à arriver en groupes dans l’heure suivante. Mme Waque a aussi décrit deux autres vidéos dans lesquelles apparaît la plaignante.

Une vidéo enregistrée après 3 h du matin

Dans la première, prise vers 3 h 25 du matin le 19 juin, E. M. apparaît vêtue et parle à un interlocuteur invisible qui lui demande : « T’es d’accord avec ça, n’est-ce pas? T’es d’accord avec ça? ».

« Oui, je suis d’accord », répond-elle. Dans la deuxième vidéo, prise vers 4 h 26, E. M. apparaît debout, couverte d’une serviette.

Elle s’adresse à la caméra : « Tout était consensuel. J’ai du plaisir. Est-ce que tu enregistres ça? Tu es paranoïaque. Je suis tellement sobre, c’est pour cela que je ne peux pas faire ça en ce moment ».

Le témoignage de la plaignante au procès est attendu dans les prochains jours. Elle allègue avoir été agressée sexuellement par plusieurs joueurs cette nuit-là, après une première relation sexuelle consentie avec Michael McLeod.

Michael McLeod, Cal Foote, Carter Hart, Dillon Dubé et Alex Formenton font chacun face à un chef d’accusation d’agression sexuelle en lien avec les événements de cette nuit-là. Michael McLeod fait face à une accusation supplémentaire de participation à l’infraction. Les cinq individus ont plaidé non coupables lundi.

Les paramètres du consentement au cœur du procès

La Couronne avait évoqué ces deux vidéos dans ses arguments d’ouverture lundi, dans lesquels elle a qualifié le procès de « cause sur le consentement (...) et sur ce que le consentement n’est pas ».

La procureure Heather Donkers a souligné aux 14 jurés que le consentement a une définition juridique spécifique. De telles vidéos n’équivalent pas forcément à un consentement, explique en entrevue à Radio-Canada la sociologue Kaitlynn Mendes, qui enseigne à l'Université Western de London et qui n’est pas impliquée dans cette affaire.

« Même si on signe un document disant qu’on donne son consentement ou même après, (...) ça ne compte pas vraiment à moins que ce soit au moment même (de l’acte sexuel) ».

La consommation d’alcool soulevée par la défense

Dans son contre-interrogatoire de la détective Waque, l’avocat d’Alex Formenton, Me Daniel Brown, lui a notamment demandé si, dans son enquête, le Service de police de London avait contacté le bar pour tenter d’évaluer le taux d’alcool qui se trouvait dans les boissons qu’avait consommées E. M. Mme Waque a répondu par la négative.

Dans les arguments d’ouverture, la Couronne avait indiqué qu’E. M. avait consommé huit boissons pendant qu’elle se trouvait au bar. Daniel Brown a aussi tenu à souligner que son client, qui avait 18 ans à l’époque de l’agression sexuelle présumée, n’aurait pas pu être admis au bar étant donné que l’âge minimum légal de consommation d’alcool en Ontario est de 19 ans. La détective Waque a répondu qu’elle avait aussi cru comprendre la même chose.

D’anciens coéquipiers des accusés témoignent

L’ailier droit des Capitals de Washington, Taylor Raddysh, a aussi entamé son témoignage virtuellement en après-midi. En 2018, il était membre de l’équipe canadienne junior et se trouvait avec les accusés à London au moment de l’agression présumée. À plusieurs reprises, il a répondu à la procureure Meaghan Cunningham qu’il ne se souvenait pas de plusieurs des événements de la nuit du 18 au 19 juin 2018.

Il a indiqué toutefois qu’à un moment pendant la nuit, alors qu’il était dans sa chambre, Michael McLeod et Boris Katchouk – également membre d’Équipe Canada junior 2018 – étaient venus le voir pour l’inviter à venir dans la chambre de M. McLeod. Il se souvient d’y avoir trouvé « une femme assise sur le lit » avec qui il dit ne pas avoir eu d’interaction.

M. Raddysh a affirmé que le groupe dans lequel des membres d’Équipe Canada junior 2018 s’échangeaient des messages textes avait été créé « à un certain moment » pendant le Championnat mondial de cette année-là. Un message texte présenté en cour indique que le 26 juin 2018, M. Raddysh a écrit à ses coéquipiers Michael McLeod et Brett Howden : « Bully vient de m’appeler. Il a dit qu’il y a une enquête ».

Appelé par la procureure à clarifier à qui il faisait allusion, M. Raddysh a souligné qu’il s’agissait de Shawn Bullock, un employé de Hockey Canada à l'époque. Il a affirmé qu’il avait aussi contacté son père après l’appel qu’il avait reçu de M. Bullock. Son témoignage doit se poursuivre jeudi matin. D’autres anciens coéquipiers des accusés pourraient aussi être appelés à témoigner au procès, qui doit durer huit semaines.

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