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Procès des hockeyeurs : « tout était une blague pour eux », affirme la victime présumée

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Radio Canada

2025-05-06 12:00:54

La présumée victime poursuit son témoignage au procès des cinq anciens membres d'Équipe Canada junior accusés d'agression sexuelle.

À la barre des témoins pour une deuxième journée, la présumée victime des anciens membres d’Équipe Canada junior accusés d’agression sexuelle dit que les deux vidéos présentées en cour où on la voit affirmer qu’elle est « d’accord » et que « tout était consensuel » ne « (reflétaient) pas la manière dont elle sentait » lorsqu’elles ont été prises, la nuit du viol collectif présumé.
Le procès de Dillon Dubé, Cal Foote, Alex Formenton, Carter Hart et Michael McLeod, accusés d'agression sexuelle, se déroule au palais de justice de London, en Ontario - source : Radio Canada

Peu après midi vendredi, E. M. — son identité est protégée par une ordonnance de non-publication — a été questionnée par la procureure au sujet de deux vidéos filmées avec le téléphone de Michael McLeod, l'un des accusés, dans les premières heures du 19 juin 2018.

Ces vidéos avaient été présentées une première fois en cour la semaine dernière, mais ont été jouées une deuxième fois vendredi au cours du témoignage de la plaignante.

Dans la première, prise vers 3 h 25 du matin le 19 juin, E. M. parle à un interlocuteur invisible qui lui demande : T’es d’accord avec ça, n’est-ce pas? T’es d’accord avec ça?

« Oui, je suis d’accord », répond-elle dans la vidéo.

« Je ne pense pas que cela reflétait la manière dont je me sentais », affirme vendredi dans son témoignage.

« Je ne pense pas que j'étais capable de penser clairement, avec autant d'hommes dans la pièce, voulant que je dise cela. J'ai toujours l'air vraiment ivre », affirme-t-elle.

Dans la deuxième vidéo, prise vers 4 h 26, E. M. apparaît debout, couverte d’une serviette. Elle s’adresse à la caméra : « Tout était consensuel. J’ai eu du plaisir. Est-ce que tu enregistres ça? Tu es paranoïaque. Je suis tellement sobre, c’est pour cela que je ne peux pas faire ça en ce moment ». Vendredi, E. M. dit croire que cette vidéo a été prise lorsqu’il ne restait qu'elle-même et M. McLeod dans la chambre, après le départ des autres hommes.

« En regardant la vidéo et en l'entendant me dire de le dire, il essayait de me faire dire que c'était consensuel à la caméra », indique E. M. La Couronne avait évoqué ces deux vidéo dans ses arguments d'ouverture, indiquant aux jurés que le consentement avait une définition juridique spécifique dont ils devraient tenir compte dans leur évaluation du dossier.

« Peux-tu trouver un moyen de mettre fin à ça? »

E. M. indique que plus tard dans la soirée, en quittant la chambre de M. McLeod, elle a appelé une amie.

« Je ressentais tellement de honte et j’étais embarrassée », affirme-t-elle. Des messages sur Instagram présentés en cour montrent que Michael McLeod l’a contactée quelques jours plus tard, lui demandant si elle avait parlé à la police.

« J'en ai parlé à ma mère qui m'a appelé, je crois, mais je lui ai dit de ne pas le faire. Je ne veux pas que quelque chose de mal en résulte, alors je lui ai dit d'arrêter », répond E. M. par message.

« T’as dit que t’avais eu du plaisir », rétorque M. McLeod. E. M. répond qu’elle était vraiment ivre et qu’elle ne se sentait pas du tout bien après, mais qu’elle ne (voulait) mettre personne dans le trouble.

« Peux-tu, s’il te plaît, trouver un moyen de mettre fin à cela et contacter la police? », enchaîne M. McLeod, dans l'espoir que le processus de plainte soit arrêté. Dans un contre-interrogatoire serré vendredi après-midi, l’avocat de ce dernier, Me David Humphrey, a notamment questionné la présumée victime au sujet de ses motivations en répondant à ses messages, alors qu'elle aurait pu simplement le bloquer. Me Humphrey a aussi questionné E. M. au sujet de ses premières rencontres avec le Service de police de London, lorsqu'elle a porté plainte quelques jours plus tard. Le contre-interrogatoire doit se poursuivre mardi matin.

« Tout était une blague pour eux »

Plus tôt dans son témoignage, E. M. avait indiqué que c’est après sa relation sexuelle consensuelle avec Michael McLeod que la soirée a pris un tournant qui lui a fait peur et l’a laissée vulnérable. Elle a raconté qu’après être arrivée à l’hôtel avec le hockeyeur, elle avait eu une relation sexuelle avec ce dernier.

Elle affirme qu'elle est ensuite allée dans la salle de bain pour se nettoyer et que lorsqu’elle est revenue, toujours nue, elle a vu M. McLeod envoyer des messages texte.

Peu après, deux hommes sont entrés dans la chambre, indique-t-elle. « J’étais vraiment sous le choc. Je ne m’y attendais pas ».

Elle témoigne que ces deux hommes lui ont demandé de se coucher par terre, où se trouvaient des bâtons de golf.

« Ils parlaient de mettre des bâtons de golf en moi, dans mon vagin. Ils me demandaient si je pouvais supporter tout le bâton », raconte la plaignante. « Je me sentais vulnérable. J’avais peur. Je ne savais pas où les choses s’en allaient. J’étais effrayée et confuse », indique-t-elle.

D’autres hommes ont commencé à arriver dans la chambre, affirme E. M. et ont commencé à lui réclamer des fellations. « Ils ont commencé à baisser leur pantalon. J'étais allongée sur un drap de lit par terre, puis je me suis mis à genoux pour le faire », explique-t-elle.

L’un des hommes qui avait les pantalons baissés a fait un grand écart de jambes juste au-dessus de son visage, raconte E. M.

« Je ne savais pas ce qui allait se passer et il m'a mis son pénis sur le visage. (...) Ça m’a choqué ».

« J’ai trouvé ça dégoûtant, (...) dégradant. Ils riaient, ils se moquaient de moi. J’avais l’impression que tout était une blague pour eux », poursuit-elle. Elle ajoute qu'au cours de la soirée, elle a tenté de se rhabiller pour quitter la chambre.

« Chaque fois que je faisais cela, ils venaient, disaient que nous nous amusions, me convainquaient, mettaient leur bras autour de moi et me ramenaient vers le drap », déclare E. M.

Une rencontre au bar avec les hockeyeurs

Dans la première partie de son témoignage vendredi, E. M. a raconté qu'elle avait rencontré les hockeyeurs au bar où elle s'était rendue le soir du 18 juin 2018. Elle a indiqué avoir consommé beaucoup d’alcool au cours de la soirée, à la fin de laquelle elle se sentait assez ivre. E. M. a également indiqué avoir subi beaucoup d’attouchements gênants de la part d’hommes sur la piste de danse.

Elle a dit avoir accepté de rentrer à l’hôtel avec Michael McLeod puisque (les deux) avaient été proches toute la soirée. Le hockeyeur lui aurait indiqué qu’il voulait s’amuser avec (elle), a affirmé E. M. Dans les arguments d’ouverture livrés la semaine dernière, la procureure Heather Donkers a indiqué aux jurés qu’une fois à l’hôtel, E. M. et Michael McLeod auraient eu une relation sexuelle consensuelle, mais que « l’atmosphère de la pièce a changé » lorsque M. McLeod a invité ses coéquipiers à venir dans sa chambre s’ils voulaient « une relation sexuelle à trois rapidement ».

Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton font face chacun à un chef d’accusation d’agression sexuelle en lien avec les événements qui seraient survenus dans la chambre d’hôtel cette nuit-là. Michael McLeod fait aussi face à un chef d'accusation de participation à l'infraction. Ils ont tous plaidé non coupables au début du procès.

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