Radié pour avoir pratiqué sans autorisation

Radio Canada
2025-10-10 13:15:19

Un avocat est radié pour une période de quatre mois parce qu'il a pratiqué le droit à Val-d’Or alors qu’il était frappé par une interdiction de son ordre professionnel.
Me Aric Jackson Kingne Wekouo avait été embauché par le Centre communautaire juridique de l’Abitibi-Témiscamingue, le 24 mai 2022, comme avocat contractuel au bureau d’aide juridique de Val-d’Or.
Deux ans plus tôt, Me Wekouo s’était pourtant engagé par écrit à ne plus accepter de mandat ni à offrir de consultations en droit.
Une inspection professionnelle par le Barreau, amorcée en 2017, avait révélé des lacunes dans l’organisation de sa pratique et dans la rédaction des procédures en droit de la famille. Il lui avait notamment été demandé de se trouver un mentor et de suivre plusieurs formations, ce qui n’a pas été fait.
En vertu d’un engagement signé en septembre 2020, Me Wekouo devait aviser par écrit la directrice de la qualité de la profession avant d’entreprendre toute pratique active ou d'accepter tout nouveau mandat. En 2024, le Bureau du syndic du Barreau a reçu un signalement sur la pratique de M.Wekouo à Val-d’Or, ce qui a mené à l’ouverture d’une enquête.
Celle-ci a révélé qu’il a continué à exercer la profession d’avocat après 2020 et qu’il avait toujours des dossiers actifs en droit de la famille, en protection de la jeunesse et en immigration. Il a même continué à accepter des mandats jusqu’en novembre 2024, après ses premières rencontres avec le Bureau du syndic.
Mis au fait des risques de radiation à son endroit, il a signé un nouvel engagement volontaire en décembre 2024, mettant ainsi fin à sa pratique du droit.
Après le dépôt d'une plainte du syndic en mai 2025, Me Wekouo a enregistré un plaidoyer de culpabilité le jour de son audience en déontologie. Dans sa décision sur sentence rendue le 15 septembre, le conseil de discipline du Barreau du Québec s’est rangé à la suggestion de la syndique en lui imposant quatre mois de radiation. L’avocat proposait pour sa part une simple amende de 2500 $.
« Les conséquences néfastes possibles de l’infraction de l’intimé sont nombreuses, peut-on lire dans la décision du conseil de discipline. Identifié comme ayant des lacunes, il décide quand même de continuer à pratiquer. Les conséquences auraient pu être sérieuses et le public en aurait payé la facture. L’infraction reprochée à l’intimé est objectivement très grave ».
Le conseil conclut aussi que le risque de récidive est élevé, ajoutant que son non-respect de l’engagement souscrit est conscient, direct et effronté.