Sollicitation de services sexuels : éviter des accusations grâce à un programme d’aide

Radio Canada
2025-09-02 10:30:23

Une vingtaine d’hommes accusés d’obtention de services sexuels ont comparu devant la cour, mercredi, au palais de justice de Sherbrooke. Les dix-neuf hommes, qui ont été interceptés lors d’une opération policière en mars dernier, ont été admis au programme de déjudiciarisation nommé C3ESSES. S'ils complètent le programme, aucune accusation ne sera portée contre eux.
D’après le porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le programme vise à réduire les risques de récidive, diminuer la demande pour les services sexuels, instaurer des milieux de vie plus sécuritaires et amorcer une compréhension des accusés à l’égard des services sexuels. La participation au programme C3ESSES est volontaire. Les dix-neuf accusés y ont tous adhéré et retourneront devant la cour en novembre pour que le juge évalue s'ils ont réussi le programme.
Le programme C3ESSES est un projet pilote mis en branle depuis 2022 dans plusieurs villes au Québec.
La journée de conscientisation s'effectue en groupe d’une dizaine d’accusés.
Lors de cette journée, on va leur fournir des explications sur le sujet de l’exploitation sexuelle : la loi, les conséquences d’un dossier criminel, les risques et les effets sur la santé de la pratique et surtout les impacts de son comportement sur les personnes victimes d’exploitation sexuelle, explique Me Lucas Bastien. Les accusés rencontreront des membres du système judiciaire, des policiers, des infirmières et une survivante d'exploitation sexuelle.
Une personne qui a déjà participé au programme ne peut pas y participer une deuxième fois. Le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) remarque peu ou pas de récidive après qu'une personne a participé au programme C3ESSES. Le premier projet pilote a été lancé en avril 2022 à Longueuil.
Pour la police, il est essentiel de rappeler aux clients que payer pour l'obtention de services sexuels est criminel. Depuis avril 2022, ce sont 225 personnes qui ont été interceptées par les policiers pour ces motifs. Ce ne sont pas des gens qui vont avoir une criminalité d’envergure, mais ils ne comprennent pas nécessairement tous les enjeux reliés à ce phénomène-là. C’est pour cette raison-là qu’on veut les sensibiliser, les conscientiser, affirme la policière et agente pivot au SPAL Fannie Perras.
Un organisme remet en question cette façon de faire
Toutefois, un organisme de la région remet en question cette façon de faire. IRIS Estrie préférerait que le travail du sexe soit décriminalisé et que davantage d'efforts soient déployés pour la sécurité des personnes de l'industrie. J’ai l’impression que c’est encore comme un faux choix : ou tu as un casier judiciaire, ou tu fais une thérapie qui te nomme qu’au final, t’as comme un problème, déplore l’intervenante au volet CatWoman IRIS Estrie, Luz Angela Restrepo.
Il faut vraiment nuancer. Les clients, ce n’est pas juste un homme qui a un désir sexuel auquel il doit répondre tout de suite. Ça peut être des femmes, ça peut être des couples, ça peut être des personnes en situation de handicap qui ont aussi besoin de répondre à ce besoin-là.