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Une avocate condamnée à 6 mois de prison !

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Radio -canada

2023-07-28 15:00:00

Une avocate qui a conduit avec les facultés affaiblies à trois reprises s'est vu imposer une peine de 6 mois de prison au palais de justice de Québec…
Me Marie-Josée Beaudin. Source: Radio-Canada
Me Marie-Josée Beaudin. Source: Radio-Canada
Me Marie-Josée Beaudin avait déjà été condamnée pour avoir conduit sous l'influence de l'alcool, en 2013, et avait alors écopé de la peine minimale de 1000 $ d'amende. L'avocate de 53 ans, que l'on voyait souvent à l'époque dans les salles d'audience pour défendre des accusés, est membre du Barreau depuis 1994.

Après sa première condamnation il y a une dizaine d'années, sa présence comme avocate s'est faite plus rare au palais de justice, où elle n'a pas été revue à la Cour criminelle depuis plusieurs années. Elle y a fait un retour, au banc des accusés toutefois, à la suite de trois récidives, dont deux en l'espace d'un mois.

Lors d'une audience tenue vendredi dernier, l'avocate a reconnu sa culpabilité aux accusations par visioconférence du Centre de détention de Québec.

D'entrée de jeu, le juge Pierre L. Rousseau a expliqué avoir accepté d'entendre le dossier, puisque les avocats s'étaient entendus sur la peine à infliger à la multirécidiviste. « Ça fait belle lurette que vous n'avez pas plaidé devant moi », a fait valoir le juge Rousseau avant d'ajouter « mon objectivité n'est pas compromise ».

C'est Me Gervais Labrecque qui a défendu les intérêts de Me Beaudin, alors que Me Valérie Bélizaire-Joseph a représenté le DPCP.

Me Valérie Bélizaire-Joseph a représenté le DPCP. Source: Radio-Canada
Me Valérie Bélizaire-Joseph a représenté le DPCP. Source: Radio-Canada
Taux d'alcool très élevé

Me Beaudin a conduit sous l'influence de l'alcool le 27 avril 2022, à Lac-Beauport, où elle réside. En fin de soirée, son véhicule a capoté après avoir heurté un arbre en bordure du stationnement du restaurant qu'elle venait de quitter.

La conductrice éméchée n'a pas été blessée, mais semblait confuse, selon une témoin qui a alerté les services d'urgence. Les policiers ont noté chez elle de « forts symptômes d'alcool », a précisé la procureure de la poursuite, Me Valérie Bélizaire-Joseph, lors de l'audience.

Marie-Josée Beaudin a indiqué aux agents qu'elle avait eu un accident avec un autre véhicule. Mais des images captées par une caméra de surveillance ont prouvé le contraire, a révélé Me Bélizaire-Joseph.

Même si elle n'avait pas de blessures apparentes, la conductrice a été conduite à l'hôpital pour évaluer son état et les policiers ont obtenu un échantillon sanguin pour vérifier son alcoolémie. Le taux était alors de 0,285 milligramme d'alcool dans le sang, soit plus de 3 fois la limite permise de 0,08.

Récidive, un mois plus tard

Exactement un mois plus tard, Me Beaudin s'est fait arrêter de nouveau pour la même infraction, après avoir été dénoncée par un employé de la Municipalité de Lac-Beauport.

Un inspecteur s'était alors rendu à sa résidence pour mener une évaluation, en milieu d'après-midi, le 27 mai 2022. Constatant que la propriétaire était confuse - elle avait même des pertes d'équilibre - l'inspecteur a mis fin à la rencontre et prévoyait revenir pour terminer son travail.

Il s'apprêtait à partir quand il a vu madame Beaudin sortir de sa résidence et prendre son véhicule. L'employé de la Municipalité a alors alerté la Sûreté du Québec (SQ) qui a procédé à l'arrestation de la femme à son retour chez elle.

L'avocate a évoqué un état de santé pour être dispensée de souffler dans l'appareil éthylométrique. Elle a quand même reconnu devant le juge Rousseau avoir eu les facultés affaiblies au moment de prendre le volant.

Interdiction de conduire et de boire

Après cette deuxième arrestation, en un mois, la Cour lui a permis de recouvrer sa liberté, tout en lui ordonnant de ne plus conduire et de ne plus consommer de l'alcool. Ça n'a pas empêché la femme de se retrouver derrière le volant, encore une fois sous l'influence de l'alcool.

En début de soirée, le 2 mars dernier, une citoyenne a vu un véhicule zigzaguer et circuler en sens inverse sur une route du Lac-Beauport. Interceptée encore une fois par la SQ, Marie-Josée Beaudin a répété qu'un état de santé l'empêchait de souffler dans l'appareil de détection d'alcool.

Elle a toutefois accepté de se rendre à l'hôpital pour subir un prélèvement d'échantillon sanguin. En constatant son état, le personnel a alors procédé à son hospitalisation pour des raisons qui n'ont pas été expliquées à la Cour. Les résultats des analyses sanguines indiquaient un taux d'alcoolémie de 0,15.

En thérapie

À la suite de cette dernière arrestation, Me Beaudin a volontairement intégré un centre de thérapie pour une période de 28 jours. Elle se dit toujours disposée à recevoir de l'aide pour se débarrasser de sa dépendance à l'alcool.

Les avocats de la poursuite et de la défense ont suggéré la peine de six mois, qui a été endossée par le juge. En raison de la détention préventive, il reste à l'avocate un peu plus de 4 mois à purger.

Le Tribunal a également prononcé une interdiction de conduire de quatre ans, à la recommandation des avocats. « N'hésitez pas à aller chercher toute l'aide requise », a insisté le juge Rousseau qui a souhaité « bonne chance » à Me Beaudin.

« Vous êtes une bonne personne », a assuré le magistrat avant de lui souhaiter encore une fois bonne chance « du fond du cœur ».

Véhicule saisi

Comme le DPCP a déposé un avis de récidive en raison des multiples infractions, le véhicule que l'avocate conduisait a été saisi. La défense s'oppose cependant à ce qu'il soit remis au procureur général à titre de bien infractionnel.

« Le véhicule est à mon père qui l'a payé », a fait valoir, en pleurs, l'avocate depuis sa cellule. Une audience est prévue pour le mois prochain afin de traiter cette question.

En plus de la détention et de la perte possible de son véhicule, Marie-Josée Beaudin devra vraisemblablement répondre de ses actes devant le syndic du Barreau.
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