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Une lettre qui fait réagir!

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Camille Dufétel

2023-08-10 15:00:00

La lettre de l’étudiante adressée au directeur de l’École du Barreau du Québec a le don de faire réagir la communauté juridique! Qu’en pensent les avocats?
David C., Suzanne H. Pringle, Valérie Assouline, Stefania Chianetta, Jean-Pierre Arsenault, Claude Provencher et Alexandra M. Gaina. Source: LinkedIn
David C., Suzanne H. Pringle, Valérie Assouline, Stefania Chianetta, Jean-Pierre Arsenault, Claude Provencher et Alexandra M. Gaina. Source: LinkedIn
« Je ne fais pas confiance à l’École du Barreau pour nous évaluer », assure Marie-Ève Maillé, étudiante en droit et auteure d’une lettre d’opinion dans laquelle elle s’adresse directement à Me Guy-François Lamy, directeur de l’École du Barreau du Québec.

« Les taux de succès de votre nouveau programme, dont nous sommes les cobayes, sont faméliques, écrit-elle notamment. Les histoires qu’on entend sur le déroulement de ces examens, auxquelles vous nous avez laconiquement indiqué de ne pas nous fier dans une communication au début de l’été, n’ont rien pour nous rassurer. »

Elle estime entre autres que les questions d’examen de l’École du Barreau ne visent pas à évaluer la compétence des étudiants à appliquer les règles de droit, mais à les piéger.

Le moins que l’on puisse dire est que sa lettre fait réagir! Que ce soit au regard des commentaires sous le texte, publié par Droit-Inc, ou des échanges que l’on peut lire sur LinkedIn, l’unanimité est loin d’être au rendez-vous dans la communauté juridique.

David C., qui se présente comme adjoint juridique principal auprès de Me Maxime Chevalier, et inscrit à l’École du Barreau, affirme sur LinkedIn partager totalement l’avis de l’étudiante. « Pas moi. Vraiment pas », lui répond en commentaire Me Suzanne H. Pringle, avocate fondatrice du cabinet Pringle & Associés.

En commentaire, Me Valérie Assouline, avocate chez SOS Avocats, se range du côté de Me Pringle. « Je suis assez surprise de ce lavage de linge sale en public! Nous avions aussi des tests difficiles dans notre temps et c’était normal. Je n’entends pas les médecins, comptables, dentistes se plaindre de la difficulté de leurs examens! Désolant tout simplement. »

Même son de cloche du côté de Me Stefania Chianetta, avocate, médiatrice et arbitre accréditée indépendante, qui réagit à cette publication ainsi : « Ça fera bientôt 26 ans, nous étions aussi les cobayes d’une réforme, nous avons étudié jour et nuit et fin de semaine, mis notre vie sur pause, nous avons réussi nos examens… ou pas, et si pas, nous les avons repris, et nous sommes passés à travers. »

Elle ajoute que la pratique au quotidien est également difficile et que le fait que l’enseignement ou les méthodes de contrôle de l’École du Barreau soient plus ou moins adaptées a toujours été une réalité, mais tout de même un incontournable.

Marie-Eve Maillé. Source: CQDE
Marie-Eve Maillé. Source: CQDE
Jean-Pierre Arsenault, qui se présente comme ancien juge administratif à la Commission des lésions professionnelles désormais retraité, se dit quant à lui tout à fait d’accord avec cette lettre, sur LinkedIn.

« Il y a plusieurs décennies que la façon du Barreau de donner accès à la profession est contestée, écrit-il. Il serait peut-être temps de trouver une solution à cette contestation. Le Barreau ne peut déterminer à lui seul la solution. Les universités qui forment les futurs avocats devraient être mises à contribution. L’examen du Barreau est-il vraiment nécessaire? »

Toujours sur le réseau social, Me Claude Provencher, avocat, médiateur et arbitre en matières civiles et commerciales de chez Trudel Johnston & Lespérance, estime que le texte de cette opinion a l’avantage d’être clair et bien argumenté.

Anne Milot, secrétaire générale et directrice des affaires juridiques et de la commercialisation à la Bibliothèque et Archives nationales, répond à la publication de ce dernier en indiquant : « J’ai mal à ma profession quand je vois comment nous traitons la relève. Et à des jeunes qui ont dû faire une grande partie de leurs études en pleine pandémie. C’est honteux! »

En partageant ce texte également publié dans La Presse, Me Alexandra M. Gaina, avocate chez Gasco Goodhue St-Germain, indique, sur LinkedIn :

« Un texte ‘dit’ bien fort, pour des pensées basses, toujours d’actualité — au moins depuis les 10 dernières années… Ceux qui me connaissent savent mon dévouement à l’école et les fruits récoltés jusqu’à la complétion du bac. Or, caché derrière le diplôme d’ordre professionnel accroché dans mon bureau, il y a un résultat peu impressionnant. Un résultat qui remet en question la confiance en soi accumulée pendant un long parcours scolaire. Confiance que ma pratique a su replanter dans mon esprit. »

« Courage à tous les étudiants de l’École du Barreau, ajoute-t-elle. N’oubliez pas que ni le passage à l’École du Barreau, ni son examen (si éloigné de la réalité) ne vous définissent pas! »

Sur Droit-Inc

Sous le texte d’opinion publié par Droit-Inc, on peut lire plusieurs commentaires, sous pseudonymes, allant soit dans le sens de la lettre… soit pas vraiment.

Parmi ceux-ci, on lit : « L'examen du Barreau est nécessaire, car les formations universitaires ne sont pas toutes égales. Ce serait incorrect de dire que toutes les facultés de droit au Québec sont du même calibre. L'école du Barreau assure un niveau de connaissance minimale afin de protéger le public.

La profession d'avocat ce n'est pas fait pour tous. Le stress et la responsabilité sont prédominants et on ne devient pas avocat gratuitement. Je suis pour le maintien de l'examen et qu'il soit difficile est justifié. Le réussir n'est pas un droit, mais une récompense pour les efforts investis. (...) »

Dans un autre commentaire, il est rappelé que « L'école du Barreau est un passage obligé. C'est normal que ce soit difficile. Le facteur stress et limite de temps font partie des épreuves. À vous de vous entraîner à les réussir. Arrêtez de vous plaindre de cette école. De plus, si vous pensez que l'école du Barreau est difficile, attendez d'être dans la pratique avec des cas ‘gris’ qui ne sont pas écrits dans les codes. Qu'allez-vous faire? Vous plaindre encore. »

Ce à quoi quelqu’un répond : « Dans la vraie vie, on a plus de temps qu'à l'examen du Barreau (...). De plus, il ne s'agit pas d'examens par embuscade, truffés de pièges fatals. Ce n'est pas le jour du procès que vous apprenez ou découvrez des choses, tel que c'est le cas aux examens du Barreau. »

« Bravo à cette étudiante qui dénonce haut et fort cette situation préoccupante qui perdure depuis déjà longtemps... », lit-on également.

imge #62491

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9 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 11 mois
    Avocat
    Encore du nivellement par le bas!

    Devrait-on demander à l'ordre des médecins de baisser leurs standards ainsi qu'à tout autre ordre professionnel?

    Les épreuves du Barreau ont toujours été difficiles et baisser les standards porterait préjudice à notre profession, à notre réputation et à la protection du public.

    J'ai passé plusieurs nuits blanches pour tenter de passer mes examens du Barreau au lieu que de dénoncer qu'ils étaient trop difficiles.

    Quant à moi, il ne s'agit que d'un tempête dans un verre d'eau...

    • Daryl
      On s'en réjouit que vous ayez réussi !
      L'incompréhension du sujet fait partie du sujet.Êtes-vous de l'époque où il suffisait de reussir les habiletés pour être admis? Cette madame ne demande à aucun moment de baisser les standards. Elle ouvre le débat sur le fait qu'il faudrait rendre les examens moins aléatoires, qu'il faudrait demander le possible aux étudiants, on parle du droit et non pas de magie!

      Vous vous gargarisez avec des formules suffisantes et pédantes. Des juges à la cour suprême et des anciens PM aussi avaient coulé, la suite on la connaît

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 11 mois
      Avocat
      Je ne suis pas d'une "époque" si lointaine et le processus du Barreau était similaire à ce qui se fait présentement.

      De plus, à mon "époque" il n'y a eu que 25% des étudiants du Barreau qui avaient passé avant les reprises. Alors, je sais que quoi je parle au niveau difficulté et de se retrousser les manches lorsque c'est difficile.

      De plus, je suis d'accord avec le droit de contester mais cela ne veut pas nécessairement dire que les étudiants ont raison. Il ne faut pas oublier que le barreau a une responsabilité et que les épreuves sont élaborées par des professionnels en la matière.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 11 mois
    Théorie vs. Réalité
    Ce n’est pas tant le niveau de difficulté le problème, mais le fait que l’examen, dans sa conception, n’aide en rien la préparation du professionnel pour les subtilités réelles de la pratique.

    Tous les autres ordres ont des stages pertinents (plus longs - car que peut-on vraiment assimiler en 6 mois?), en contexte, qui aident à mettre en pratique les enseignements théoriques.

    L’École du Barreau ne permet pas cet arrimage, l’examen étant axé sur les exceptions les plus improbables à décortiquer dans « la vraie vie ».

  3. Avocat retraité
    Avocat retraité
    il y a 11 mois
    Depuis la fin septembre 1972
    À la fin de septembre 1972, nous avions fait la grève contre l'École du Barreau.

    Depuis 1972, à chaque année ou presque, l'histoire se répète !

    • YB
      ...
      Pour faire la grève, encore faut-il être salarié et syndiqué.

      Vous n'êtes qu'une bande d'étudiants pleurnichards, pas des salariés agissant dans une noble cause. Wake up.

  4. Citoyen
    Citoyen
    il y a 11 mois
    Compétence
    En tant que citoyen, je suis rassuré par le fait que cette examen est difficile. J’ai eu besoin d’un avocat pour mon divorce et la garde de mes enfants. J’ai été en contact avec deux avocate avant de trouver la bonne et je peux vous dire que la première que j’ai rencontrée était extrêmement jeune et pas très dégourdie. Elle devait avoir à peine 25 ans. Je me demande encore comment elle peut être avocate à cet âge et gérer des dossiers aussi important pour les humains qui vivent les problèmes. Tant mieux si lexAmen permet de filtrer !

  5. Ex-avocat retraité
    Ex-avocat retraité
    il y a 11 mois
    Depuis 1972
    À la fin de septembre 1972, nous avions fait la grève contre l'École du Barreau pour nous opposer à l'imposition nouvelle d'examens mensuels préalables aux deux jours d'examens finaux.

    Depuis 1972, à chaque année ou presque, l'histoire se répète, plus ou moins pour les mêmes raisons!

    À cent fois sur le métier, remettez l'ouvrage.

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 11 mois
    ...
    L'examen au Québec est réputé pour être difficile, même en Europe, ils savent que c'est difficile. Le Law Society est beaucoup plus facile et ne fait pas de ces avocats moins bons... Franchement, de dire "dans mon temps", c'est ridicule. Pourquoi le fait d'avoir "souffert" doit aussi être passé au souvent au lieu de s'entraider. On ne parle pas de niveler vers le bas, mais plutôt d'adapter les examens. L'École du Barreau fait l'autruche. En 2020, la Direction avait même "posé un diagnostique" aux étudiants qu'uniquement les médecins peuvent faire. Assez ironique alors que nous étudions pour l'Examen de déonto...

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