Entrevues

Le retour de Raymond Bachand

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Emeline Magnier

2014-01-22 15:00:00

Pour discuter de ses fonctions de conseiller stratégique chez Norton Rose Fulbright, Droit-inc est allé à la rencontre de l’ancien ministre, tout juste arrivé dans son nouveau bureau…

Raymond Bachand vient de rejoindre le cabinet Norton Rose Fulbright à Montréal en tant que conseiller stratégique
Raymond Bachand vient de rejoindre le cabinet Norton Rose Fulbright à Montréal en tant que conseiller stratégique
Le curriculum vitae de Raymond Bachand est pour le moins très étoffé et tient difficilement sur cinq pages noircies en petits caractères.

Si ses fonctions politiques occupent les premières lignes de son parcours professionnel retracé par ordre chronologique, ses expériences à la haute direction de grandes entreprises ont aussi marqué les esprits.

Après avoir annoncé son retrait de la vie politique en août dernier, il vient de rejoindre le cabinet Norton Rose Fulbright à Montréal en tant que conseiller stratégique.

Droit-inc: Quel rôle allez-vous jouer chez Norton Rose Fulbright?

Raymond Bachand: Fondamentalement, l'intitulé de ma fonction projette le rôle que les associés du bureau veulent que j'occupe. Je vais apporter aux clients des conseils en matière de développement et de stratégie. C'est ce que j'ai toujours fait et c'est le métier que j'aime faire: je suis ''corporate development'', c'est ma ligne directrice. Que ce soit chez Metro, Sécor, au FTQ ou au gouvernement, mon rôle a toujours été de développer les entreprises et les secteurs d'activités du Québec.

Au-delà des avocats qui s'occupent du litige et du droit, je vais ajouter une expérience en gestion et permettre aux clients de trouver des partenaires financiers et stratégiques. J'apporte une dimension qui n'est pas juridique: même si je suis avocat, ce n'est pas ma première compétence.

Le bureau veut une relation plus intime avec ses clients: le droit est une business très concurrentielle; il faut toujours aller chercher plus de clients et renforcer le lien qui existe déjà avec la clientèle.

Dans quels types de dossiers allez-vous intervenir?

Je suis rattaché au groupe de droit des affaires. Il y a trois configurations possibles. Tout d'abord, un associé peut vouloir un éclairage particulier sur la situation d'un client. Des gens peuvent aussi faire appel à moi directement, et j'aurai alors besoin de mes collègues pour ce qui a trait aux questions juridiques. Enfin, nous pouvons examiner une situation dans un marché et tenter de voir en quoi nous pourrions être utiles pour un client actuel ou potentiel.

Cela comprend les fusions acquisitions, les transactions, les négociations, la pénétration de nouveaux marchés et l'établissement d'alliances stratégiques. Le droit devrait toujours traduire les objectifs d'affaires. Je viens ici avec ma dimension client: ayant occupé des postes de direction, j'ai souvent eu à embaucher des avocats.

Quels secteurs d'activités allez-vous couvrir?

C'est une question à laquelle je n'ai pas la réponse pour le moment, je suis ici depuis vingt-quatre heures! Peut-être que dans six mois j'interviendrai dans un secteur que je ne peux même pas imaginer aujourd'hui. J'ai connu le commerce avec Culinar et Métro, le domaine de l'aéronautique avec le ministère des Transports. La culture est aussi un secteur dont je suis très proche.

J'ai découvert qu'on peut avoir du plaisir dans des domaines très différents. Les défis stratégiques et financiers se ressemblent parfois quel que soit le secteur et des compétences transversales peuvent s'exporter d'un domaine à l'autre.

Avez-vous eu des approches d'autres cabinets d'avocats?

Pour Raymond Bachand, aucun doute, faire partie d'un cabinet d'avocats est le bon mariage.
Pour Raymond Bachand, aucun doute, faire partie d'un cabinet d'avocats est le bon mariage.
Oui, d'autres bureaux m'ont contacté, beaucoup de gens compétents, et c'est sûr que nous aurons à collaborer ensemble par la suite, considérant notamment les conflits d'intérêts qui empêchent parfois un bureau d'intervenir dans un dossier.

J'ai dû me poser les bonnes questions: quel métier je veux faire, quelles orientations sont importantes pour moi, est-ce que je préfère faire partie d'un cabinet d'avocats ou de comptables? Ici c'est le bon mariage: je vais travailler avec des avocats compétents en gardant un espace de liberté pour pouvoir siéger sur des conseils d'administration.

Norton Rose Fulbright est l'un des plus importants bureaux au Canada et occupe une place de choix au niveau mondial. La présence internationale, les ambitions de croissance, cela représente pour moi la solution et l'avenir des entreprises. En 1969, j'avais fait mon stage du Barreau chez Ogilvy, et j'y avais pratiqué pendant six mois avec Yves Fortier avant d'entreprendre mon doctorat en administration à Harvard.

Je suis très enthousiaste, même s'il y a toujours une certaine anxiété quand on arrive dans de nouvelles fonctions: il faut apprendre, découvrir et connaître de nouvelles personnes. Il n'y a plus beaucoup de monde que j'ai côtoyé à l'époque!

À la suite de leur retrait de la vie politique, de plus en plus d'hommes et de femmes se joignent à de grands bureaux d'avocats. Comment l'expliquer?

Les cabinets recherchent des personnes avec des expériences diversifiées, une capacité de direction, capable de s'exprimer, de prendre des décisions et de conseiller. C'est un nouvel atout pour un bureau d'avocats: les entreprises opèrent dans un environnement où l'État est très présent, notamment sur le plan réglementaire.

C'est important d'avoir quelqu'un qui comprend comment sont prises les décisions et qui a la capacité de faire affaire avec le gouvernement, même si je ne ferai pas de lobby avant que deux années se soient écoulées depuis mon départ du ministère, soit jusqu'en septembre 2014.

Bio


Membre du gouvernement du Québec de 2006 à 2012, Raymond Bachand a été ministre du Tourisme, du Développement économique, des Finances et du Revenu.

Avant de se lancer en politique, il a notamment été vice-président de Métro-Richelieu (1981-1989) et de Culinar de (1990-1993), président directeur général du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec (1996-2001) et président de Sécor Conseil (2002-2005).

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