Travailler sur des champs minés

Julien Bélisle a tout récemment été nommé vice-président en insolvabilité et restructuration à la firme-comptable Richter. Comme la plupart de ses collègues, il est rarement au bureau. C’est un homme de terrain.

« J’aime bouger, être au cœur de l’action, même si parfois mes dossiers ressemblent à des champs minés », déclare celui qui a déjà 10 ans d’expérience derrière la cravate. Les mandats qu’il reçoit sont rarement faciles. « Les dossiers d’insolvabilité nous poussent à examiner des compagnies où la gestion est catastrophique, où les employés ne veulent pas collaborer, où l’éthique des entrepreneurs est parfois plus que douteuse », décrit M. Bélisle.

Au fil des ans, le comptable gère toutes sortes de dossiers, dont plusieurs dans le domaine de l’aéronautique et de la construction. Plusieurs de ses clients se sont d’ailleurs retrouvés devant la commission Charbonneau.

Loin de craindre l’adversité, le jeune trentenaire éprouve plutôt une grande satisfaction à faire la lumière sur des situations sombres. « Tu ne peux jamais te fier à la bonne foi des gens dans ce type de mandat. Je pose souvent des questions dont je connais la réponse, juste pour voir à quel point l’individu devant moi est prêt à mentir. Je note ses tics, ça me mène sur des pistes », raconte-t-il. Pour faire une carrière dans ce domaine, il ne faut rien prendre personnel, conseille-t-il.

Les « bonbons » de la restructuration

Pour M. Bélisle, les mandats de restructuration sont souvent bien plus positifs et gratifiants que ceux d’insolvabilité. « Lorsque tu réussis à sauver l’entreprise, c’est positif, tu es vu comme un «héros», c’est assez plaisant. »

Son tout premier mandat chez Richter, pour la chaîne de vêtements Bentley, est un bon exemple. La compagnie avait un grave problème de liquidité et avait mis sur pied une division qui ne fonctionnait pas. Lorsque l’équipe de comptables a révisé les inventaires, plus d’une centaine de magasins ont été fermés, mais près de 500 sont restés ouverts et la majorité des emplois ont été préservés.

Il a ainsi multiplié des expériences « positives » de ce type, notamment avec l’entreprise de services transactionnels CT Paiement. « Quand mon équipe est arrivée sur les lieux, il y avait une énorme chicane entre les actionnaires, la compagnie était insolvable… en quelques semaines, avec un nouveau plan d’affaires et une réinjection de capital, l’entreprise a survécu à la tempête. »

L’infaillible avocat

M. Bélisle connaît plusieurs avocats et requiert régulièrement leurs services. Chaque juriste possède sa réputation dans des domaines particuliers, d’où l’importance de choisir celui ou celle qui sera le mieux disposé pour une situation donnée.

« Dès que le dossier devient complexe ou conflictuel, tu as besoin du son de cloche de l’avocat, tu veux savoir jusqu’où tu peux aller sans te mettre dans l’eau chaude », lance-t-il. « Non seulement leur expertise est nécessaire, mais les avocats que je connais possèdent un impressionnant jugement d’affaires. »

Bien gérer plutôt que dégénérer

Avec son partenaire Stéphane De Broux, M. Bélisle a développé un programme d’optimisation du fonds de roulement. « On se rend compte que des dizaines de compagnies éprouvent beaucoup de difficulté à bien gérer leur liquidité et leur inventaire. » Afin de prévenir des situations malheureuses, les deux associés offrent aux propriétaires de réévaluer la gestion de leur compagnie afin d’éviter que des actifs ne perdent de la valeur.

« En quelques heures, on peut revoir les façons de faire, que ce soit la facturation ou la collecte… ça peut faire sauver des milliers de dollars. Surtout, une meilleure gestion peut éviter de faire faillite ou de devoir subir une restructuration! », lance le spécialiste.