Ces avocats à mieux connaître

Une avocate qui assure

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Emeline Magnier

2015-01-06 15:00:00

Au quotidien, cette avocate navigue entre accidents, fautes professionnelles et responsabilité. Entre rigueur et empathie, elle revient sur son parcours, sa pratique et ses défis...

Me Michèle Bédard est associée au sein du bureau montréalais de Langlois Kronström Desjardins qu’elle a joint en 2012. Elle pratique au sein du groupe de litige en droit des assurances, en responsabilité professionnelle et en droit de la construction.

Avocate passionnée et femme investie, c’est par hasard qu’elle a été amenée à se spécialiser en droit des assurances, un domaine de pratique qui selon elle, souffre de préjugés négatifs de la part des juristes .

Droit-inc : Qu'est ce qui vous a décidé à vous lancer dans les études de droit ?

Michèle Bédard : Plus jeune, j'étais attirée par la psychologie, mais j'ai finalement opté pour la faculté de droit. Mon père est avocat et je voyais l'intérêt de cette profession, les défis qu'elle comportait. Quand je lui ai dit que je prenais la même route que lui, il était content mais m'a laissée libre de mes choix. Finalement, nous n'exerçons pas dans le même domaine et il trouve ça bien pratique !

Quels ont été vos débuts dans la profession ?

Me Michèle Bédard est associée au sein du bureau montréalais de Langlois Kronström Desjardins
Me Michèle Bédard est associée au sein du bureau montréalais de Langlois Kronström Desjardins
Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire du litige : j'aime le débat d'idées, tenter de convaincre et défendre les intérêts d'une partie qui n'aurait pas pu les faire valoir autrement. À la fin de mon stage chez Degrandpré Chait, il n'y avait pas de poste disponible. Je me suis alors jointe à Jolicoeur Lacasse où j'ai pratiqué en litige civil et familial. Un an plus tard, j'ai eu l'opportunité d'intégrer Clyde & Co en droit des assurances. J'étais un peu inquiète lors de l'entrevue parce que je n'avais même pas suivi le cours à l'université. On pense que le droit des assurances se résume à l'analyse de polices et à la rédaction contractuelle et surtout, que c'est ennuyeux. Or ça ne l'est pas, il y a une grande part de litige.

Pourquoi avez-vous décidé de vous joindre à LKD ?

J'ai eu un gros dossier de médiation avec Me Jean-François Gagnon. Nous avons longuement parlé de l'opportunité de développer le département de droit des assurances à Montréal. Monter un groupe était un beau défi : au départ nous étions deux, aujourd'hui nous sommes huit et 16 à Québec. J'ai aimé le dynamisme du bureau qui peut réagir rapidement aux besoins du marché et plus facilement que les grosses machines avec les rouages qui vont avec. Nous évitons aussi les problèmes de conflits d'intérêts. Et puis, le côté familial du cabinet m'a séduite ; ici on se connaît tous !

Dans quel genre de dossiers intervenez-vous ?

Ma pratique est très diversifiée. Je fais de la responsabilité civile en cas de dommages causés par un tiers ou par des entreprises, notamment dans le secteur de la construction. J'agis aussi dans des dossiers de responsabilité professionnelle, pour des avocats, comptables, ingénieurs, architectes ou inspecteurs en bâtiment. Je suis souvent mandatée par l'assureur pour représenter le professionnel. Quand le débat porte sur la couverture de la réclamation, il y a alors un avocat nommé pour analyser la police et un autre pour représenter l'assuré. Je représente aussi des administrateurs dirigeants en cas de faute commise dans l'exercice de leur mandat.

Quels sont les défis rencontrés dans le cadre de ces affaires ?

Les dossiers sont souvent très techniques. Il faut se plonger dans l'activité d'un vétérinaire ou d'un pharmacien. Cela requiert un travail d'enquête et de la curiosité, il faut être à l'affût des détails pour comprendre ce qui s'est passé. Il est également important d'être humble par rapport à sa connaissance et conscient de ses limites. Nous devons souvent faire intervenir des experts et poser beaucoup de questions. À la fin de la journée, je suis souvent plus intelligente qu'au début ! (rires)

Quels sont les dossiers qui vous ont le plus marqué ?

Ce sont ceux pour lesquels il est important de faire ressortir son côté humain. Comme avocat, on a tendance à faire l’analyse la plus objective possible et à s'arrêter aux arguments ; on oublie parfois, que derrière les dossiers, il y a des personnes. Dans une affaire d'accident mortel en droit de la construction, il fallait évaluer l'offre d'indemnisation à faire à la mère de la victime. Elle était évidemment dévastée, et avant de parler de chiffres, j'ai demandé à tous les avocats de lui présenter leurs sympathies. Ce n'est pas grand-chose et pourtant ça a désarmé le tout et nous avons pu poursuivre le dossier et même le régler. Il faut parfois être agressif et soutenir son argument, et d'autres, il faut sortir de sa bulle juridique.

Est-ce que l'entrée en vigueur du nouveau Code de procédure civile engendrera des changements dans votre pratique ?

Le nouveau code est axé sur le règlement des différends et quelques zones grises subsistent. Le recours à l'expert unique est déjà utilisé en droit des assurances quand il faut établir le quantum, mais pour déterminer une responsabilité, ce sera tout un défi. Chacune des parties risque d'engager son propre expert pour se faire une tête sur la position de l'expert unique et pour construire son argumentaire; en conséquence, il n'y aura donc pas de diminution des coûts.

Par ailleurs, en général, un expert en sinistre est nommé par l'assureur quand le dossier est confié à l'avocat. Si nous devons prouver au tribunal que nous avons tenté de régler avant le début des procédures, il faudra revoir le processus et certainement impliquer un avocat en amont pour travailler avec l'expert et évaluer le risque plus tôt. En droit des assurances, 90% des dossiers se règlent, il faudra donc s'ajuster.

Quelles sont, selon vous, les qualités nécessaires pour être un bon plaideur ?

Il est nécessaire d'avoir une grande capacité d'écoute et d'adaptation : le juge est notre principal interlocuteur. S'il nous pose une question, il faut y répondre immédiatement, et ne pas lui dire qu'on traitera ce point plus tard. Il faut réagir dans l'instant, être capable d'ajuster son argumentation en conséquence et faire son travail en fonction de ce que la cour demande pour lui rendre l'information utile.
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