Vaincre le syndrome de l’imposteur

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Sophie Audet

2015-07-10 14:15:00

Après avoir réussi son entrevue, une jeune avocate est convoquée à la prochaine étape de sélection mais pense ne pas être à la hauteur. Son coach la conseille...

Sophie Audet est coach d'affaires
Sophie Audet est coach d'affaires
Amélie est une jeune avocate qui pratique le droit commercial dans un cabinet montréalais.

Sophie Audet, coach d’affaires, l'assiste dans le développement de son leadership et répond aux questions qu’elle se pose quand elle est mise en difficulté dans le cadre de situations professionnelles.

A: Coach
De: Amélie
Sujet: Tétanisée
Date: 9 juillet 2015 – 10 : 33

Salut Coach,

J’espère que tu vas bien. De mon côté, je suis sous le choc. Techno Fabrix, l’entreprise qui fabrique des vêtements électroniques où j’ai passé plusieurs entrevues il y a quelques mois (et qui était muette depuis ce temps), a communiqué avec moi ce matin. J’ai été sélectionnée pour procéder à une batterie de tests psychométriques à leur siège social situé dans la Silicon Valey. J’ai ensuite une rencontre avec 5 personnes dont le vice-président, affaires juridiques (qui serait mon futur patron), le président de l’entreprise et plusieurs autres hauts dirigeants.

Je suis tétanisée !

J’ai soudainement l’impression que ce poste est trop gros pour moi, que je ne serai pas à la hauteur et que j’ai été choisie par erreur. J’appréhende les résultats desdits tests qui révéleront peut-être un QI en dessous de 75 ou un syndrome de folie meurtrière dont je n’était pas au courant. Bref, j’ai peur d’être tout à coup démasquée, aussi bêtement que le roi tout nu dans le conte de Anderson « Les habits neufs de l’Empereur ».

Merci de me donner un choc électrique virtuel pour m’aider à reprendre mes esprits...

Sur une note plus sérieuse, j’aurais besoin de ton feed-back pour comprendre le sentiment d’imposture qui m’assaille présentement et pour avoir des pistes pour le surmonter.

Comment surmonter le complexe de l’imposteur?

Ciao

Amélie

A : Amélie
De : Coach
Sujet: Biopsie du complexe d’imposture
Date: 9 juillet 2015 – 14 : 45

Bonjour Amélie,

Nous avons presque tous, à un moment ou à un autre de notre carrière, ressenti les effets pervers du sentiment d’imposture [1.] Ce phénomène a été décrypté par Pauline Rose Clance, professeure de psychologie et auteure du livre Le complexe d’imposture (2).

Selon l’auteure, la plupart de ceux ou celles qui souffrent du complexe d’imposture ne se qualifient pas volontiers d’imposteur. Pourtant, lorsqu’ils entendent parler de ce complexe, ou qu’ils lisent un texte sur le sujet, ils s’écrient « c’est exactement comme cela que je me sens ».

Le sentiment d’imposture se manifeste généralement chez les gens doués, hyper performants, compétents, intelligents, conscients de leurs limites mais souffrant d’un manque d’estime de soi (3). Les femmes professionnelles, particulièrement celles qui gravitent dans les hautes sphères du pouvoir, en seraient les plus atteintes (4).

Le complexe d’imposture est lié à la peur de réussir et empêche les individus qui en sont victimes de développer pleinement leur potentiel. Inconsciemment convaincus que leur réputation est usurpée, ces derniers fuient toute possibilité leur permettant de sortir de leur zone de confort. Ils vivent dans le doute et pensent qu'un jour ils seront démasqués et que quelqu'un fera la preuve de leur incapacité. C'est cette crainte d'être démasqué qui pousse l'imposteur à mettre en œuvre des stratégies pour cacher l'escroquerie dont il se sent coupable (5).

Les deux principales stratégies qui renforcent le complexe d’imposture sont « l’overdoing » et « l’underdoing ».

La stratégie « overdoing » consiste à se préparer ou à travailler de façon excessive, de manière à attribuer sa réussite à son travail exceptionnel et non à sa propre valeur.

Quant à la stratégie « underdoing » elle incite l’imposteur à procrastiner ou à très mal se préparer. Ceci lui permettra par la suite d’avoir une explication toute faite en cas d’échec ou d'attribuer sa réussite éventuelle à la chance ou à un contexte particulier extérieur.

Comment surmonter le complexe d’imposture ? Voici quelques pistes pouvant être explorées :

1. Prendre conscience de ses pensées dévalorisantes : prendre conscience de ses pensées dévalorisantes sans leur donner raison et sans jugement permet de désamorcer le sentiment d’imposture. A cet égard, il peut être utile de valider ses perceptions auprès d’un mentor, d’un coach ou d’un collègue avec qui on se sent en confiance afin de replacer les choses dans leur contexte et d’avoir une vue plus objective.

2. Reprogrammer son mental : Il est normal de ne pas avoir la science infuse et de faire des erreurs. Contrairement à la croyance populaire, le facteur déterminant du succès d’un individu n’est pas son intelligence ou ses compétences mais plutôt que son état d’esprit lui permette de persister face aux difficultés, d’apprendre et de se développer (6). Cette prise de conscience peut faire toute la différence quant à la façon dont nous nous voyons nous-mêmes et nous aider à être plus indulgents en période d’apprentissage.

3. Focaliser sur ses talents naturels et ses forces : Focaliser son attention sur ses talents naturels et ses forces permettra d’avoir une perspective plus positive de soi-même.

4. Agir : Agir et tirer les leçons de l’action représente ce que l’on peut faire de mieux pour son estime de soi (7). Ainsi, l’action constitue un facteur déterminant pour surmonter le complexe d’imposture. Cela dit, cette action doit être réfléchie et encadrée. Voici quelques balises pour mettre les chances de son côté:

i) Se donner des objectifs personnels précis, mesurables, réalistes, avec une échéance claire et en lien avec nos aspirations : Se donner des objectifs personnels précis, mesurables, réalistes avec une échéance claire et qui sont en lien avec nos aspirations est une façon habile de se mettre en action. Reconnaître par la suite ses progrès et améliorations en fonction de nos objectifs personnels est une stratégie beaucoup plus puissante que de procéder par comparaison ou d’obséder sur le regard extérieur (que nous ne contrôlons pas de toute façon);

ii) Incarner la confiance : La psychologue sociale Amy Cuddy a effectué des recherches démontrant que notre langage corporel peut avoir un effet non seulement sur la perception des tiers mais également sur la façon dont nous nous voyons nous-mêmes. (8). Plus précisément, elle a démontré qu’une posture de pouvoir (voir la conférence Ted pour des exemples précis de postures) (9) a un impact sur le niveau de testostérone et de cortisol, qui entraîne un effet positif sur la confiance en soi. Elle a également démontré que la confiance en soi varie lors de jeux de rôles. Ainsi, une façon de se mettre en action consiste donc à incarner notre rôle avec confiance même dans les moments où nous sommes assaillis par un sentiment d’imposture, ceci jusqu’au moment où cette confiance fasse partie intégrante de nous-mêmes.

5. Ne pas hésitez à consulter : Un encadrement externe peut faire toute la différence pour se débarrasser du complexe d’imposture. La problématique de l’estime de soi est complexe et ses racines peuvent être très profondes. Il ne faut surtout pas hésiter à consulter.

Quelles sont les pistes qui résonnent le plus pour toi ?

Ton coach

A : Coach
De : Amélie
Sujet : « En agissant on se trompe parfois. En faisant rien, on se trompe toujours » Romain Rolland
Date: 10 juillet 2015 – 8 : 45

Allo Coach,

Je me reconnais vraiment dans la description de « l’overdoing ». Par ailleurs j’ai trouvé ton feed-back sur la reprogrammation de notre mental très puissant. Trop souvent, j’approche mes objectifs et mes difficultés avec un « fixed-mindset » où je prends pour acquis que l’intelligence et les compétences sont statiques.

Je réalise qu’en procédant ainsi, je me juge très sévèrement lorsque je ne sais pas quelque chose ou que je suis à l’extérieur de ma zone de confort. Je réalise également que pour éviter ce malaise, je fuis certaines situations, fermant ainsi la porte à des défis et à une partie de mon potentiel.

J’aimerais que nous fassions une séance lundi matin pour en discuter. J’aimerais également préparer mon entrevue avec mon armée californienne. J’irais à ton bureau. Es tu disponible?

Merci!

Un coach professionnel est une personne bien placée pour vous aider à effectuer une transition de carrière réussie.

Pour plus d’informations, consultez mon site web à www.sophieaudet.ca . Suivez moi sur Faceboook.

(1) Les études effectuées par le docteur Pauline Clance indiquent qu’il frapperait 60% à 70% des gens à un moment donné de leur vie.
(2) Pour plus d’information, voir http://paulineroseclance.com/impostor_phenomenon.html
(3) Selon le psychiatre Christophe André, le sentiment d’imposture est un des principaux symptômes de la souffrance de l’estime de soi. (Imparfaits, Libres et Heureux)
(4) Le complexe d’imposture, Pauline Rose Clance. Fait intéressant, selon une des études, les trois-quarts des femmes admises au Harvard Business School ont estimé l’avoir été en raison d’une erreur dans le processus d’admission.
(5) Voir note 4
(6) Carol Dweck, professeur à Standford a démontré que ce n’était pas l’intelligence et les compétences qui menaient au succès mais le fait que les individus approchent leurs objectifs avec un « fixed mindset ». ou un « growth mindset » . Le résultat de ses recherches constitue une révolution quant aux croyances auparavant véhiculées dans le monde des affaires. Pour plus d’information : Mindset, Carol Dweck, 2006.
(7) Imparfaits, Libres et Heureux de Christophe André
(8) http://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your_body_language_shapes_who_you_are?language=fr
(9) Voir note 8
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