« Pas de légitimité ! »

« Je suis très triste. Je maintiens que Me Lu Chan Khuong avait raison depuis le début et qu’elle a été suspendue sans fondement d’un point de vue juridique. »

C’est avec ces mots que Me Julie Latour, ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal, livre sa réaction quant à la démission de Me Khuong.

Jamais un homme n’aurait été démis aussi rapidement de ses fonctions dirigeantes, dit-elle au sujet de la suspension de l’ex bâtonnière. « Je connais cette culture très réfractaire à ce que les femmes aient le pouvoir. Je peux en témoigner… »

Même si la démission de Me Khuong constitue selon elle la preuve que cette dernière fait preuve d’une « grande résilience et élégance » en laissant sa place « avec grandeur » pour « ses idées », ni la Justice ni le Barreau n’en sortent « véritablement gagnants ».

Pas de suffrage universel !

En effet, selon Me Latour, la nomination de Me Claudia P. Prémont à la tête du Barreau est un « exemple patent du dysfonctionnement de la nouvelle gouvernance ». « Une personne non élue par le suffrage universel vient remplacer une personne qui a été élue au suffrage universel ! »

Ce n’est pas, selon elle, le reflet des membres et cela vient renforcer l’idée que le Barreau est dirigé par une « petite clique. »

Elle déplore en outre que les bâtonniers de section, des « forces vives » du Barreau, n’aient pas été consultés non plus.

Démission du CA

« Peut-être que le règlement sur les élections est respecté sur le plan juridique mais pas au plan de la légitimité politique ! L’autre solution aurait été que la Bâtonnière que le CA démissionnent et retournent en élections. »

Selon elle, la démission du CA était l’expectative de beaucoup de membres, notamment à la suite de l’assemblée générale extraordinaire tenue le 24 août dernier à Laval. « On y avait senti une grande fraternité et un grand engagement pour une nouvelle ère au Barreau. »

Ce n’est pas ce que l’on observe dans cette conclusion, dit-elle.

« Certains disent qu’ils l’ont eu à l’usure…», affirme-t-elle, avant d’ajouter que ce que l’ex-batônnière a vécu est « hors de l’entendement. » « Me Khuong a une vie de famille. Cela aussi ça joue, nous sommes des êtres humains… et voir nos parents ou nos enfants si affectés par des événements… ».

D’ailleurs, selon une source de Me Latour, le CA aurait l’intention de publier sous peu une lettre d’excuses publiques à l’ex-bâtonnière Khuong.

« À mon sens, la crise n’est pas entièrement résolue, car la question de la légitimité des membres du conseil d’administration demeure entière », conclut-elle.

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