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La valeur d’un Corno abîmé au cœur d’un litige

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Radio -canada

2018-03-07 12:10:00

L'encadreur et la propriétaire ne s'entendent pas sur la valeur de l'oeuvre...

L'artiste Joanne Corno
L'artiste Joanne Corno


Une amatrice d'art confie l'encadrement de plusieurs œuvres à un commerçant spécialisé. L'une de ses œuvres, une lithographie signée Corno, est abîmée. Comme dédommagement, la cliente demande le remboursement de la valeur de l'œuvre. Mais combien vaut-elle?

En 2008, Geneviève Lebel a fait l’acquisition d’une lithographie de Joanne Corno, Visage sur fond orange, au coût de 500 dollars. C’est une impression à jet d’encre de grande qualité, numérotée.

L’année dernière, elle décide de l’offrir en cadeau à sa fille et choisit l’encadreur Hachem, une chaîne de boutiques spécialisées en encadrement et en matériel d’artiste.

Même si elle était inquiète, Geneviève Lebel avait confiance en Hachem. Le commerçant l’avait rassurée.

Un employé d’expérience allait s’occuper de sa lithographie. Aussi, on lui avait signifié que le commerçant avait des assurances et qu’en cas d’accident, la valeur complète de l’œuvre lui serait remboursée.

Accident chez l’encadreur

Geneviève Lebel a fait l’acquisition d’une lithographie de Joanne Corno
Geneviève Lebel a fait l’acquisition d’une lithographie de Joanne Corno
Quand elle reçoit son œuvre, Geneviève Lebel n’est pas satisfaite du résultat. Elle trouve que l’œuvre n’est pas centrée et demande qu’on recommence le travail. Ce que Hachem accepte de faire.

Après quelques semaines, elle reçoit un appel et apprend qu’un incident est survenu dans l’atelier. L’oeuvre est en piteux état : déchirée et froissée. Geneviève Lebel est découragée.

Les oeuvres d’art s’apprécient avec le temps

Visage sur fond orange
Visage sur fond orange
Mme Lebel veut un dédommagement. Hachem reconnaît son erreur et demande à un expert d’évaluer le Corno. Selon cette évaluation, des éditions similaires pour un format semblable se vendent entre 2000 dollars et 3000 dollars en galerie, mais certaines impressions similaires ont été vendues pour aussi peu que 325 dollars dans un encan.

Hachem lui offre donc 1000 dollars pour l’œuvre, l’encadrement gratuit, d’une valeur de 600 dollars, en plus de la restauration. Pour Amine Hachem, président de l’entreprise, c’est une offre juste et équitable.

Insatisfaite, elle demande à la Galerie Corno un certificat d’authenticité. Il stipule « qu’une œuvre de taille semblable signée par l’artiste se vendrait en galerie entre 3000 dollars et 3500 dollars ». Puis elle demande aussi à un expert d’évaluer son Corno. Il conclut que l’œuvre a pris de la valeur avec les années, et vaut entre 3000 dollars et 4000 dollars.

Sa propriétaire découvre que sa reproduction vaut aujourd’hui plus cher que son prix d’acquisition... ce que l’encadreur conteste.

Comment évalue-t-on une œuvre d’art?

Simon Blais, propriétaire d’une des galeries les plus réputées au pays
Simon Blais, propriétaire d’une des galeries les plus réputées au pays
Simon Blais, propriétaire d’une des galeries les plus réputées au pays, est une référence. Il est appelé à faire des évaluations d’œuvres d’art données aux institutions comme les musées. Selon lui, ce qui est important, c'est de chercher à dédommager le propriétaire à la hauteur de ce que l'œuvre vaut, c'est-à-dire à sa juste valeur marchande.

Le fait qu’une œuvre semblable ait été vendue 325 dollars dans un encan, comme le fait valoir l’évaluateur d’Amine Hachem, ne diminue pas la valeur marchande de la lithographie. La juste valeur marchande, « ce n'est pas le prix le plus bas possible, c'est le prix le plus haut raisonnable possible », affirme Simon Blais.

Selon lui, si Hachem avait pu restaurer l’œuvre, ce qu’il croit impossible vu les dommages, son offre aurait été acceptable.

Restauration d’une œuvre d’art

Nous avons soumis l’impression à Patricia Bufe, spécialiste en restauration au Centre de conservation du Québec. Elle constate que l’œuvre a été arrachée de son support.

« L’encadreur a tenté de retirer l’œuvre tout simplement en plaçant un outil, en dégageant l’œuvre du support ou de la charnière en dessous, simplement comme ça, en forçant, observe Patricia Bufe (...) En forçant, l’outil est allé dans le papier. »

Non seulement l’œuvre a été collée, déchirée, mais en plus, la spécialiste voit qu’on a tenté de la réparer. « Ça a empiré le problème, et là, la restauration professionnelle est d’autant plus difficile », ajoute-t-elle. Patricia Bufe estime que c’est irréversible, qu’il est impossible de retrouver l’œuvre originale.

« Ce qui m'a le plus fâchée aussi, c'est que, dans le fond, ils ont mis de la colle et ils n'ont jamais eu mon autorisation pour toucher ou corriger leurs erreurs », déplore Geneviève Lebel.

Tout en reconnaissant sa responsabilité, Amine Hachem assure que ses employés ont pour instructions de ne jamais réparer d’œuvre. Il souhaite que sa cliente soit satisfaite et veut trouver un terrain d’entente, que chaque partie fasse un bout de chemin.

Geneviève Lebel n’est pas très disposée à faire des concessions. Elle a envoyé une mise en demeure à Hachem et souhaite aller à la Cour des petites créances.
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7 commentaires

  1. Me
    Me
    3000 à 4000$ pour une lithographie numérotée de Corno? C'est du grand n'importe quoi. Il faudrait sérieusement ne rien connaître au milieu de l'art pour débourser une telle somme pour une lithograohie de Corno.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Qu'en penserait le sieur de Saint-Hypolyte ?
      "3000 à 4000$ pour une lithographie numérotée de Corno? C'est du grand n'importe quoi."


      Lui ç'tun king, il serait certainement capable de vendre à ce prix là, n'ayez crainte!

  2. observateur
    observateur
    il y a 6 ans
    tres attentif
    ce genre d exemple merite beaucoup d attention,nous sommes face a un phenomene de maximisation des valeurs payes...
    supporter par les commentaires d un marchand,vendeur ,evaluateur...
    attention,pour qui ce prends t on...

  3. robin des arts
    robin des arts
    il y a 6 ans
    collusion
    Quel pitoyable explication, nous prend t'on pour des malades!!Ces galeristes qui se présentent comme d'infranchissables experts sont en réalité attirer par une chose, la notoriété, ensuite nos comptes en banque et l'état...bien sûr. Plus c'est cher vendu, plus importantes sont les sommes remises par l'état sous forme de crédit...lorsqu'il y a des dons...tout ce fourbis existe bel et bien.
    Que nos enquêteurs spécialistes de la collusion s'ouvrent les yeux. Là je parle surtout pas d'un colombo pantin attitré.

  4. Naïve !!
    Naïve !!
    il y a 6 ans
    Cartel à 5 cents
    Je ne peux pas croire qu'acheter une photolitho numérotée de Corno à 500$ devienne tout à coup une lithographie qui s'apprécie entre 3000$ et 5000$ CDN. Dans quel pays vivons-nous? Et qui peut se targuer de transformer ainsi la devise initiale....

  5. tres au courant
    tres au courant
    il y a 6 ans
    a qui porter plainte
    en lisant cet enrevue,qui porte prejudice a la societe, a notre culture,nous ne parlon pas de quincaillerie,mais bel et bien d un systeme tre bien structure ...qui vise a controler par tout les moyems possibles, l art ,ces institutions ....et de faits tres grave,de petit musse,controle par des marchants,sous financer etc,etc ....ayant ete menacees suite a des revelations que j aie faites...
    a qui dois je m adresser...

  6. j aime mon pays
    j aime mon pays
    il y a 6 ans
    montreal chauvin,montreal puritain
    obscurantisme qui se devoile soudainement,quel bonheur.
    la grande noirceur n etait pas si loin,que le menage soit fait.
    cette nouvelle mousson d opportuniste apparaît enfin.que les pouvoirs ocultes et opaque soient saisis par les enquetes et
    traines en justice...
    que pense les régions de tout ca...

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