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Une médecin « Freemen on the Land » en guerre avec l’ARQ

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Julien Vailles

2018-03-09 14:15:00

Une omnipraticienne qui refuse de payer des impôts pour des motifs conspirationnistes se bat en Cour d’appel pour faire valoir sa cause…

La juge Geneviève Cotnam
La juge Geneviève Cotnam
La Dre Christine Banville, de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, n’a pas produit de déclaration de revenus depuis 2014. Elle estime ne pas avoir à débourser un sou d’impôt en se basant sur l’argument pseudo-juridique de la dualité : sa personne est distincte de sa personnalité juridique. C’est donc cette dernière seulement qui doit payer des impôts.

La voici maintenant devant la Cour d’appel pour en débattre, écrit La Presse.

Pour appuyer ses prétentions, un document intitulé « Power of the Attorney » apparemment « conforme aux lois commerciales ». Parmi la panoplie de documents invoqués, certains ont été notariés… grâce aux services d’un notaire radié pour avoir conféré un semblant de caractère authentique à des documents qui n’en avaient aucun, dans une cause semblable.

Selon la Dre Banville, sa fiducie « Cestu Que Vie Trust » est un arrangement commercial unilatéral sous juridiction maritime qui crée une personnalité juridique distincte titulaire de droits et d’obligations.

Des arguments rejetés du revers de la main par la Cour du Québec, en novembre 2017.

La juge Geneviève Cotnam déplorait d’ailleurs l’ironie de la situation, alors que la docteure refusait de collaborer avec l’État, mais que sa rémunération provenait justement des impôts payés par ses concitoyens! Pis encore, la Dre Banville vit dans une résidence qui vaut un million de dollars...Au surplus, la magistrate note qu’il est préoccupant d’entendre de tels arguments de la part d’une professionnelle assujettie à des obligations déontologiques.

Revenu Québec est donc parvenue non seulement à faire confirmer les avis de cotisation de près de 150 000 $, plus intérêts et pénalités, mais aussi à obtenir 2 500 $ en dommages compensatoires et 5 000 $ en dommages punitifs pour sanctionner l’abus de procédure.

Mais la médecin ne s’est pas arrêtée là. Le fisc doit à présent en découdre avec elle devant la Cour d’appel.

Selon La Presse, le Collège des médecins ne souhaite pas divulguer s’il enquête sur la Dre Banville.

Freemen on the Land

Citée par la juge Cotnam, l’affaire Meads c. Meads de la Cour d’appel de Colombie-Britannique est décrite comme un véritable traité en matière d’idéologie des « Citoyens souverains », mieux connue sous le nom « Freemen on the Land ».

Droit-inc en avait fait mention dans cet article sur les causes les plus farfelues.

Pour déterminer si un justiciable est de cette mouvance, l’affaire fait une analyse de ses arguments pour les regrouper en cinq catégories. Ainsi, les tenants de l’idéologie ne reconnaissent pas l’autorité des tribunaux, ne se considèrent pas liés par une obligation découlant d’un contrat qu’ils ont signé, et distinguent l’être humain et la « personne morale » qui correspond à leur personnalité juridique.

De plus, ils établissent un système qui repose sur des ententes unilatérales auxquelles chacun est soumis à défaut de répondre dans un délai déterminé; enfin, ils sont généralement alimentés par des gourous pour les guider dans leur stratagème et qui les accompagnent devant les tribunaux.

Au Québec, un tenant notoire de ce mode de pensée est Denis Nadeau. Justement, il accompagnait la Dre Banville au tribunal dans cette affaire.
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17 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Elle devrait être condamnée en plus à la peine "doc Mailloux"
    Devoir se trouver un poste de polémiste radiophomique à 150k$ par an, et payer 50% d'impôts sur ses revenus de cette source.

  2. Zorro
    Zorro
    il y a 6 ans
    Si elle est conséquente
    Les vrais Freemen Of the Land avaient l’honnêteté de se retirer dans les forêts et de refuser tout service gouvernemental. Dans la mesure oū Dre Banville cesse d’utiliser nos routes et renonce à tout service médical lorsque elle sera malade, laissez-lã faire, en attendant le plaisir de lire à son sujet dans la chronique nécrologique...

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Incroyable
    Cette personne, qui a vraisemblablement reçu un niveau d'éducation bien supérieur à la moyenne, est incapable de réaliser que son raisonnement ne repose sur aucun fondement juridique ni même logique.
    Comme le souligne l'article, prétendre ne rien devoir à l'État tout en recevant de celui-ci 100% de son salaire est complètement risible.
    Comment peut on être à ce point déconnectée de la réalité ?

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Sauf que...
      ... vous oubliez qu'elle n'a pas le choix de recevoir son salaire de l'État pour pratiquer sa profession au Québec. C'est un peu ridicule de lui reprocher ça en sachant qu'elle ne peut pas choisir une autre option.

    • Me
      Réponse à Sauf que...
      Ce que vous dites n'est pas exact. Plusieurs médecins québécois se sont désengagés du système public et pratiquent en clinique privée. Mais même au privé, elle refuserait de payer ses impôts.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      Ou bien...
      C'est faux de dire qu'elle n'a pas d'autres options: elle pourrait très bien aller pratiquer ailleurs.

    • AC
      Elle peut
      Vous vous méprenez, les médecins peuvent se désafilier de la RAMQ et pratiquer sous un mode uniquement privé.

    • Me
      Question
      Qui paiera pour les soins de santé dont elle aura peut-être besoin dans le futur? Choisira-t-elle de payer ses frais médicaux en allant dans une clinique privée?
      Ceux qui prétendre être citoyen souverain devrait assumer leur propre décision en conséquence et se voir refuser tout bénéfice de la part de l'état. Ces gens n'hésitent pas à utiliser les services de l'état toutefois.
      Une honte.

  4. Me
    Un avocat en appel
    Quelle surprise de constater qu'un avocat représente Christine Banville qui a logé un appel de la décision rendue par la Cour du Québec.
    Un avocat, qui défendra la doctrine des citoyens souverains.
    L’avocat est un officier de justice. Ce qui veut dire qu’il doit servir la justice et se conduire avec honneur, dignité et intégrité. L'avocat est régi par la loi sur le Barreau. Or, selon la doctrine des citoyens souverains, "l’idéologie ne reconnaissent pas l’autorité des tribunaux, ne se considèrent pas liés par une obligation découlant d’un contrat qu’ils ont signé, et distinguent l’être humain et la « personne morale » qui correspond à leur personnalité juridique."
    Une véritable ineptie, le Barreau devrait se saisir du cas de cet avocat.

    • Sedia Stercoraria
      Sedia Stercoraria
      il y a 6 ans
      Sedia Stercoraria
      Selon le rôle de la Cour d'appel, elle n'est pas représenté.

      Merci toute fois pour le "l'avocat est régi par la loi sur le Barreau." Brillant. Inédit. Je ne le savais pas.

    • Me
      Stedia Stercoraria
      Vous savez très certainement qu'un avocat est régi par la Loi sur le Barreau mais vous ne comprenez vraisemblablement pas le sens que prend l'allégation.
      Et puis, il y a bien un avocat au dossier en Cour d'appel. Vous devriez parfaire vos techniques de recherche.

    • AC
      Représentée
      Selon le procès verbal d'audience de la CA du 5 février 2018 (2018 QCCA 184), elle est représentée par Me Stéphane Harvey, du cabinet Harvey Jean. La représente-t-il encore, je ne saurais dire.

  5. Me Stéphane Lacoste
    Me Stéphane Lacoste
    il y a 6 ans
    Et son ordre professionnel
    Je crois que son propre ordre professionnel devrait s'intéresser au Dr. Banville. D'une part, elle semble porter atteinte à l'honneur et la dignité de sa profession, d'autre part, elle manque tellement de logique et de connaissances de bases qu'on peut craindre pour ses patients.

    • Aubin
      Aubin
      il y a 6 ans
      Affaire Dr Banville
      En tant qu’avocate, je crois faire partie du barreau,
      écrire de pareils commentaires manquent d’experience
      Dans ce cas s’abstenir si on nanque de maturité pour
      exercer une profession qui se doit d’être sans
      Jugement fondé

  6. AC
    Erreur
    Meads v. Meads est une décision de la Cour d'appel de l'alberta et non de la Colombie-Britannique. Meads v. Meads, 2012 ABQB 571

    • BD
      pas la Cour d'appel
      C'est une décision de la Cour du banc de la Reine, équivalent de la Cour supérieure

    • AC
      Merci
      Merci de noter ma méprise!
      Reste que c'est en Alberta.

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