Me Laurent Vanier Levac anciennement chez Norton Rose Fulbright de Montréal.
Me Laurent Vanier Levac anciennement chez Norton Rose Fulbright de Montréal.
Paisiblement installé dans un café avoisinant son bureau, au Koweït, Me Laurent Vanier Levac discute avec Droit-Inc, quelques heures avant de se rendre à l’aéroport.

Là-bas, il prendra un vol en direction de Naples, où se déroule la retraite fermée annuelle de son cabinet, ASAR Legal.

« Disons que travailler au Koweït, ça a ses avantages! », lance-t-il en riant.

Il y a cinq ans, le québécois quittait le bureau de Norton Rose Fulbright de Montréal après y avoir pratiqué deux ans pour commencer une carrière au Moyen-Orient, à plus de 10 000 kilomètres de la maison.

Là-bas, en tant que consultant juridique, il conseille des familles koweïtiennes bien nanties dans leurs acquisitions aux quatre coins du globe, en plus de conseiller les institutions financières investissant au Koweït.

La pratique du juriste n’a pas énormément changé : comme avant, il exerce dans le milieu du droit des affaires et de la finance. Sauf qu’aujourd’hui, il le fait dans des conditions beaucoup plus favorables.

« Ma qualité de vie est meilleure qu’elle l’était à Montréal. Disons aussi que la différence est assez significative au niveau du salaire, puisqu’au Koweït, il est difficile de recruter, alors on obtient des primes importantes. En plus, il n’y a pas d'impôts ni de taxes. »

La belle vie

Me Laurent Vanier Levac a trouvé son bonheur à 10 000 km!
Me Laurent Vanier Levac a trouvé son bonheur à 10 000 km!
Il ne faut toutefois pas croire que ce sont uniquement des conditions de travail excellentes et une rémunération généreuse qui ont mené Me Vanier Levac au Moyen-Orient.

D’abord et avant tout, il souhaitait découvrir une nouvelle culture.

« La face des gens tombe lorsque je leur dis que je vis au Koweït. Ça me fait toujours rire! Ils ne connaissent pas ce pays. Pourtant, c’est beaucoup plus ouvert sur le monde qu’on pourrait l’imaginer. »

N’ayant pas vécu un grand dépaysement, le juriste estime que la culture dans son nouveau pays est très similaire à celle que l’on retrouve en Occident.

Tout de même, il a eu droit à un gros choc à son arrivée : la température, qui flirte régulièrement avec les 60 degrés Celsius!

« Mais tant qu’on porte des shorts, il n’y a pas de problème! », rigole-t-il.

Une adaptation fut quand même nécessaire au niveau juridique. Dans son cabinet, il devait composer avec des textes originaux rédigés en arabe.

« Au début, c’était un vrai défi. Je dois souvent demander à des collègues libanais, égyptiens de m’aider dans la traduction. »

Sinon, la majorité de son travail se déroule dans la langue de Shakespeare. Tout comme le Québec, la juridiction koweïtienne est basée sur le code civil, ce qui lui a rendu la tâche beaucoup plus facile à ses débuts.

Un globe trotteur dans l’âme

Le juriste a toujours rêvé d’une carrière internationale.
Le juriste a toujours rêvé d’une carrière internationale.
De toute manière, après avoir pratiqué en Angleterre puis aux Pays-Bas, le juriste jouit d’une bonne capacité d’adaptation. Jeune, il rêvait déjà d’une carrière internationale, puisqu’il voyageait beaucoup avec son père, qui travaillait pour une compagnie aérienne.

Il commence son périple international dès ses études supérieures, alors qu’il a eu la chance d’étudier la fiscalité internationale - qui lui est particulièrement utile aujourd’hui - à Oxford, en Angleterre, puis de compléter une maîtrise en droit à Cornell, dans l’état de New York.

« Aller à Oxford, ç’a été le rêve d’une vie. J’étais tellement fier de m’y retrouver. »

Barreau en 2005, il commence sa carrière au sein de BCF à Montréal, avant de rejoindre le cabinet Herbert Smith, à Londres.

Ne lui demandez pas s’il a apprécié la métropole anglaise : il n’a presque pas eu la chance de la visiter!

« On couchait presque sur nos bureaux! Ça commençait à me faire des cheveux blancs. C’était avant la crise financière, alors ça a changé un peu depuis. Je pense qu’il n’y a pas de meilleures manières d’apprendre que dans un cabinet de cette envergure, avec des dossiers de cette envergure. »

Retour au bercail

Le montréalais souhaitait découvrir une nouvelle culture.
Le montréalais souhaitait découvrir une nouvelle culture.
Deux ans plus tard, une tragédie le pousse à revenir à Montréal : son père est atteint d’une grave maladie neurodégénérative.

Il rejoint donc l’équipe de McCarthy Tétrault, en demeurant au chevet de son père, qui rend son dernier souffle trois ans plus tard.

En deuil, il s’envole vers Amsterdam, où il accepte de rejoindre l’équipe du cabinet Clifford Chance. « C’était trop difficile de rester au Québec. Je revoyais les restaurants, les endroits où j’avais passé de merveilleux moments avec lui. »

Là-bas, les dossiers les plus « rocambolesques » de sa carrière l’attendent.

« On avait des clients dans une tonne de juridictions différentes. Parfois, pendant le Printemps arabe, on entendait même des coups de feu en arrière-plan lorsqu'on téléphonait en Syrie. »

À qui le tour?

Me Levac avoue cependant que Montréal lui manque.
Me Levac avoue cependant que Montréal lui manque.
Aujourd’hui, même s’il adore sa nouvelle vie, il avoue que sa ville natale lui manque.

« Je m’ennuie des bagels!, lance-t-il en riant. Soyons honnêtes, c’est certain que j’y pense souvent : Montréal, c’est ma maison. »

Malgré tout, lorsqu’il revient dans la Belle Province, deux à trois fois par année, l’envie de retourner au Koweït le regagne rapidement.

« J’essaie souvent de remettre les pendules à l’heure, parce que je pense que la perception de ce pays-là n’est pas toujours exacte, surtout au niveau de la sécurité. C’est peu dire, on pourrait laisser les portes de son véhicule débarrées! »

Quoi qu’il en soit, Me Levac est catégorique.

« Les jeunes juristes à la recherche d’une carrière internationale devraient sérieusement considérer le Koweït. »

Serez-vous de la partie?