Nouvelles

Une troisième artiste poursuit Gilbert Rozon

Main image

Radio -canada

2021-05-28 13:33:00

Une troisième victime d’agression sexuelle poursuit le fondateur de Juste pour rire pour 2,2 M$. Retour sur les faits…

Gilbert Rozon. Photo : Radio-Canada
Gilbert Rozon. Photo : Radio-Canada
L'artiste Danie Frenette intente une poursuite de 2,2 millions de dollars contre Gilbert Rozon qu'elle accuse de l'avoir violée il y a près de 33 ans. Elle est la troisième femme en un peu plus d'un mois à poursuivre le fondateur de Juste pour rire pour des allégations d'agression sexuelle.

Ses avocats, Mes Bruce W. Johnston et Anne-Julie Asselin viennent de déposer une demande introductive d’instance contre Gilbert Rozon à la Cour Supérieure du Québec.

« Gilbert, arrête, qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi tu fais ça? Arrête, arrête, non, arrête! Non! », aurait protesté Danie Fredette, en juillet 1988, lorsque son patron l'aurait violée dans la cour arrière de sa résidence d'Outremont.

C'est lors d'une fête organisée chez lui pour célébrer la fin du festival Juste pour rire que Gilbert Rozon aurait entraîné la jeune femme vers des buissons, loin des autres convives, peut-on lire dans la demande introductive d'instance dont Radio-Canada a obtenu copie. « Il s'arrête, lance sa veste par terre et couche la demanderesse dessus », est-il relaté.

« Sous le choc, confuse et paralysée par la honte », la femme ne se serait pas débattue alors que Gilbert Rozon l'aurait agressée sexuellement.

« Comme une survivante de bombardement »

Danie Frenette, aujourd'hui âgée de 66 ans, aurait ensuite quitté les lieux rapidement, pressée de rentrer chez elle. « La demanderesse est alors en état de choc. Elle se sent comme une survivante de bombardement », mentionne la poursuite.

À l'époque, Mme Frenette faisait carrière sur scène dans le milieu du théâtre, de la musique et du cirque. À l'automne 1987, le patron de Juste pour rire l'avait embauchée pour créer un programme d'animation de rue pour le festival.

« Après le viol, la demanderesse a gardé le silence. Elle pensait que personne ne la croirait. Le défendeur lui semblait intouchable : il avait la gloire, la richesse et des amis influents, alors qu'elle commençait dans le milieu et n'avait aucun moyen de se défendre », indique le document judiciaire.

Gilbert Rozon l'aurait harcelée dans les mois suivants et à nouveau agressée sexuellement à l'automne, après s'être présenté chez elle sans avertissement, en pleine nuit. Danie Frenette se serait à nouveau laissée faire, « incapable de refuser ».

Son emploi serait devenu « un enfer total » en 1990, lorsqu'elle était en couple avec un homme et attendait la venue d'un enfant, jusqu'à son congédiement en août.

Dans les années qui ont suivi, Danie Frenette aurait souffert d'une grande détresse. « Les rêves qu'elle entretenait pour sa carrière, son amour pour son métier, son aisance sur la scène : tout ça s'était envolé ». Le traumatisme subi l'aurait empêché d'avoir la carrière qu'elle espérait.

« En 1994, elle avait le sentiment d'être morte à l'intérieur; elle ne ressentait plus rien. Une grande tristesse, l'anxiété et la dépression se sont emparées d'elle », indique la poursuite.

Celle qui est aujourd'hui directrice de l'École de théâtre du vieux Saint-Eustache réclame à Gilbert Rozon 1,2 million de dollars en dommages compensatoires et 1 million de dollars en dommages punitifs.

Danie Frenette est également la belle-mère de la comédienne Salomé Corbo qui en 2017, a aussi allégué publiquement avoir été agressée sexuellement par Gilbert Rozon alors qu'elle était âgée de 14 ans, lors d'une fête soulignant la fin d'un festival Juste pour rire en 1990.

Plainte à la police rejetée

En 2017, dans la foulée du mouvement de dénonciations #MoiAussi, Danie Frenette a dénoncé publiquement Gilbert Rozon et a porté plainte au Service de police de la ville de Montréal (SPVM), tout comme 13 autres femmes.

Seule la plainte d'Annick Charette a mené à des accusations criminelles de viol et d'attentat à la pudeur pour des événements qui seraient survenus en 1980.

En décembre 2020, au terme d'un procès devant la Cour du Québec pendant lequel il a nié les crimes allégués, Gilbert Rozon a été acquitté.

Une troisième poursuite en six semaines

Au cours des six dernières semaines, la réalisatrice Lyne Charlebois et la comédienne Patricia Tulasne ont aussi intenté des poursuites contre Gilbert Rozon. Les trois femmes sont représentées par le cabinet d’avocats Trudel, Johnston & Lespérance et leurs poursuites contiennent plusieurs allégations similaires.

Il y a trois semaines, Gilbert Rozon avait refusé de commenter les dossiers. « Je ne ferai aucun commentaire sur les poursuites judiciaires à ce moment-ci. J'ai donné le mandat à mes avocats de prendre les mesures qu'ils jugeront appropriées afin d'assurer ma défense », a-t-il déclaré par écrit.

Les trois demanderesses font partie du groupe Les Courageuses, un collectif d'une vingtaine de femmes qui affirment avoir été agressées sexuellement par Gilbert Rozon entre 1982 et 2016. Elles ont voulu intenter un recours collectif contre celui qu'elles qualifient de prédateur.

L'an dernier, la Cour d'appel du Québec a bloqué leur recours, car elle estimait qu'il n'était pas le véhicule procédural approprié. La Cour suprême a ensuite refusé d'entendre l'appel des Courageuses. Celles-ci reprochaient à Gilbert Rozon d'avoir utilisé sa position de pouvoir et d'influence pour piéger plusieurs victimes.

En 1998, il avait obtenu une absolution inconditionnelle après avoir plaidé coupable à une accusation d'agression sexuelle lors d'une réception au Manoir Rouville-Campbell, à Mont-Saint-Hilaire.

3716

2 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 2 ans
    B.W. Johnson de TJL, pour agir contre Rozon ?!?
    En même temps qu'un (ancien?) avocat de TJL, François Lebeau, se trouve sur dissonnom.ca ? ça fait un peu désordre !

    http://www.dissonnom.ca/

  2. Pirlouit
    Pirlouit
    il y a 2 ans
    Coeur-Vaillant
    Bon je vais admettre qu'elles semblent plutôt courageuses contrairement à ma première impression. Mais les histoires semblent évoluées au gré du temps. Si ce qu'elles racontent en 2021 est vrai, il est difficile de croire que le Procureur de la Couronne n'a pas déposé de poursuite au criminel en 2018-2019.

    Là, soudainement, on a un "non" clair. Avant elles alléguaient juste qu'elles s'étaient laissés faire parce qu'elles se sentaient obligés. On verra. Ça va coûter cher à Rozon en frais d'avocats, il va regretter l'action collective.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires