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Le prochain avocat des sportifs

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Gabriel Poirier

2021-11-05 15:00:00

Graviter autour du CF Montréal à un prix. Après neuf ans, un ancien joueur de réserve, aujourd'hui avocat, tente de se démarquer à l’extérieur du terrain, en gestion sportive…

Félix Cardin. Sources: Site web de Aust Legal et de RDS
Félix Cardin. Sources: Site web de Aust Legal et de RDS
Sur le terrain, Félix Cardin connaît sa place. Normal pour ce natif de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui signait, dès l’âge de 15 ans, son premier contrat professionnel avec l’Impact – nommé « CF Montréal » depuis janvier dernier.

À 29 ans, il n’est plus milieu de terrain, mais bien avocat. Et c’est à ce titre qu’il essaie de marquer des buts.

À l’emploi d’Aust Legal, une boutique de Montréal, il espère graviter autour d’organisations sportives professionnelles. Me Cardin veut maintenant imiter les membres de sa nouvelle équipe : ses consœurs et confrères qui versent dans la gestion sportive.

Après seulement cinq ans avec l’équipe de réserve du CF Montréal, il a peut-être trouvé un moyen d’exister dans le milieu du sport professionnel. Il se confie à Droit-inc sur ses aspirations, à l’aube de sa nouvelle vie.

Comment se déroule la transition entre la vie d'athlète et celle d’avocat ?

C'est l’une des questions qui revient le plus souvent. À un certain niveau professionnel, la suite logique des choses implique de rester dans le milieu et de devenir entraîneur. C’est ce que j'ai fait. Quand j'ai arrêté de jouer, on m'a proposé d’entraîner l'Académie du CF Montréal (à l’époque « Impact de Montréal FC », NDLR). J'ai accepté, mais ce n'était pas exactement ce que je cherchais. Ce qui m'intéresse, c'est plutôt le domaine de la gestion sportive.

Je me suis renseigné, et j’ai compris qu’on y trouve beaucoup d’avocats. J’avais un but. Je me suis dit “Parfait, je vais le faire”. D’autant que je savais pouvoir allier à une future expérience légale mon expérience dans le domaine du sport professionnel. C'est un peu ce que je cherchais – la combinaison des deux. Le seul problème était mon manque d’éducation. Je n’en avais presque pas lorsque j’ai arrêté de jouer en 2013. J’avais seulement terminé mon secondaire.

J’ai arrêté d'aller au Cégep parce que je jouais. Nous étions toujours partis en voyage. C'était compliqué de poursuivre mes études. J'étais un peu jeune, aussi. J'ai sauté une année au primaire, j'ai fini mon secondaire à 15 ans, l’âge où j'ai signé un contrat professionnel avec le CF Montréal. Je me suis retrouvé dans cette spirale qu’est le sport professionnel.

Du jour au lendemain, j’étais sans études. Ma seule porte était celle de l’entraînement. Ce fut une période assez confuse, assez difficile, où j’ai essayé… de ne pas seulement choisir la voie “facile”. Je voulais quelque chose qui n'était pas nécessairement évident, mais qui refléterait mes objectifs à plus long terme : la gestion sportive.

Vous êtes avocat depuis deux mois. Est-ce toujours la gestion sportive qui vous intéresse ?

C'est exactement ça, le plan. Je veux transiter par le domaine juridique pour retourner dans le monde sportif, mais aussi au niveau de la gestion sportive.

Mon objectif, pour le moment, est d’obtenir une bonne expérience juridique, de pratiquer, d’acquérir une valeur ajoutée.. Avoir des études, c'est une chose, avoir l'expérience de pratiquer, c’en est une autre.

Croyez-vous qu’Aust Legal est le véhicule approprié pour atteindre ces objectifs ?

Je pense que oui. C’est une découverte incroyable pour moi, ce cabinet, parce que je cherchais une voie différente, à l’écart des grands cabinets, mais avec le même “haut niveau” de droit. À Aust Legal, c'est exactement ça, selon moi – même si nous sommes un petit cabinet.

Visez-vous une organisation sportive en particulier ? Rêvons un peu...

C'est vrai que j'ai un lien d'attachement avec l’Impact / CF Montréal, mais, sinon, il n'y a pas d’organisation spécifique.

C'est davantage lié au sport. Je ne m'empêcherais pas de travailler auprès d’autres ligues, mais, pour le moment, mon objectif est de privilégier le soccer.

Comment un avocat attiré par le droit sportif / gestion sportive oriente-t-il les premiers jalons de sa carrière ?

Je me suis aussi posé la question. Qu’est-ce que le droit sportif ? Qu’est-ce que la gestion sportive ? C'est en discutant avec le milieu que j’ai réalisé que le droit du sport et la gestion sportive ressemblent beaucoup au droit corporatif et au droit des affaires.

Au fond, une organisation sportive est avant tout une entreprise. Certaines sont des organismes à but non lucratif, d’autres des sociétés par actions, mais, en définitive, c'est du droit corporatif avec du financement et du transactionnel.

Il faut considérer tout ce qui touche au transactionnel, au financement, aux conventions collectives. Il y a un aspect “droit du travail”, aussi : les conventions collectives, contrats de travail, etc.

Aust Legal permet tout cela ?

C'est exactement ça. C'est pour ça que je parlais, un peu plus tôt, d’un “véhicule incroyable”. L'apprentissage est génial, l'équipe est superbe. Le droit que nous pratiquons me rejoint.

Qu'est-ce qui vous motive maintenant que vous êtes avocat ?

Le plus intéressant, pour moi, c'est d’être créatif à l'intérieur du cadre législatif, de trouver des solutions pour nos clients, de trouver des structures de transactions, de trouver des structures de financement, d’échanger avec les autres, bref, de respecter les limites de mon travail aussi créativement que possible.

Voyez-vous des similitudes entre le soccer et le droit ?

Je pense qu'au niveau de la préparation, de l'autonomie, de la discipline, il y a beaucoup de liens à établir entre les études en droit et la pratique d'un sport de haut niveau. Ce que j'ai trouvé le plus difficile – peut-être s’agit-il d’une différence, en fait ? – c'est la tendance du sport professionnel à nous préparer à des événements spécifiques.

Un match le week-end, un tournoi à venir… Il y a des moments spécifiques où nous devons performer. Nous le savons. Notre préparation est organisée en fonction de ces moments. Or, le domaine juridique n’en comprend pas nécessairement. Il s’agit plutôt d’une préparation et d’une performance continue.

Ça a été une adaptation, pour moi, parce que je cherchais toujours ce moment-là. “À quel moment devrais-je performer ?” “À quel moment pourrais-je mettre en valeur ce que j'ai préparé et travaillé ?” Je me posais beaucoup de questions.

Vous parliez, plus tôt, de vos années comme entraîneur, une période plus « confuse » et « difficile ». Qu’avez-vous trouvé le plus difficile ?

Athlète, j’avais un objectif clair. Je voulais atteindre un certain niveau. Toute ma vie tournait autour de ça. Au moment où on s’arrête, un vide s'installe, car on perd cet objectif clair, à long terme, qui régit toute notre vie.

Le plus difficile, les moments où il y avait beaucoup de confusion sont ceux où je me questionnais sur mes ambitions. “Quel est mon objectif ?” “Qu'est-ce que je fais ?” “Pourquoi est-ce que je me lève le matin ?” “Pour faire quoi, au bout du compte ?”

Votre réponse me rappelle la précédente, où vous mentionnez que le sport professionnel prépare les athlètes à des « événements spécifiques ». À certains égards, en droit, il faut plutôt incarner une régularité de métronome, être constant. Comment s’est déroulée la transition de l’un à l’autre ?

Dans le monde du sport, on se prépare pour le match de la fin de semaine. Maintenant, en droit, c'est constant. Il faut faire preuve de beaucoup de rigueur sur une base constante. C’est ce que j’ai dû améliorer à mes débuts.

J’ai toujours eu beaucoup de rigueur, sauf qu'en droit, on ne peut se permettre aucun écart. Dans le sport, s'il y a un entraînement, une journée où nous sommes moins bons, ce n'est pas la fin du monde. On se reprend le lendemain. En droit, s'il y a une journée où nous sommes moins bons, où nous commettons des erreurs, ça peut être grave, ça peut être problématique pour nos clients. J’ai dû réaliser qu’un manque de rigueur peut avoir des conséquences sur les autres. D'où la constance, la rigueur, qui sont très, très importantes. Ça a été une adaptation pour moi.

En terminant, comment percevez-vous la suite de votre carrière ? Quels seront, selon vous, les grandes étapes de celle-ci, les moments que vous attendez avec impatience ?

Sur le plan de la pratique, l’une des grandes étapes serait de prendre plus de place dans les dossiers, d’être moins en soutien, et d’être plus proactif.
J’aimerais aussi redonner un peu, montrer l'exemple. Quand on fait une carrière sportive plus longue que la mienne, c'est bien. Les gens qui ne réussissent pas, c'est correct aussi. Mais lorsque nous sommes entre les deux, nous nous retrouvons dans une situation assez délicate, où il devient difficile de se réinventer. J’aimerais partager mon histoire et aider les gens qui vivent la même situation.
Pour répondre plus spécifiquement, dans ma carrière juridique, j'aimerais pouvoir m'impliquer auprès de ces joueurs-là, ceux comme moi. J'ai beaucoup donné aux jeunes en coachant, en étant entraîneur, maintenant j'aimerais pouvoir faire la même chose, mais en me servant de ma formation juridique.

Le parcours de Félix Cardin

Double champion canadien, Félix est un ancien joueur de soccer professionnel. Il a joué avec l'équipe de réserve du CF Montréal de 2008 à 2013, avant de prendre sa retraite à l’âge de 21 ans. Il a écourté sa carrière à la suite d’opérations à l’un de ses genoux et en raison de blessures chroniques.

Félix a été membre des équipes nationales canadiennes de soccer U17 et U20. Il a commencé sa maîtrise en droit des affaires à l’Université de Montréal, cet automne, à peu près au même moment où il a été admis au Barreau, le 15 septembre dernier.
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2 commentaires

  1. DSG
    ancien joueur de réserve
    Being on the reserve team is not impressive. I wouldn't call that a career; more like a lack thereof. He and I are on equal footing in terms of soccer careers; with the only difference being that I never dedicated any time to actually playing the sport.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 2 ans
      team?
      What team did you play for?

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