Que vaut un juriste étranger ?

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Caroline Haney

2009-10-15 11:15:00

La recruteuse juridique Caroline Haney répond à la Question Carrière de la semaine posée par un lecteur de Droit-inc.com.

Question

Titulaire d'un doctorat obtenu en France et ayant plusieurs années d'expérience dans l'enseignement au supérieur, je me demande ce que je peux bien valoir sur la marché du travail québécois. Dois-je reprendre des études? Combien de temps? Y a-t-il des spécialités recherchées?

Merci de votre réponse.


Réponse

Je vais répondre au premier volet de votre question: ce que peux valoir un juriste étranger sur le marché du travail québécois.

La réponse: pas grand chose ...désolée

Il faut faire la distinction entre la valeur "intrinsèque" et la valeur "marchande" d'un candidat. Certes, l'expérience acquise par un juriste étranger peut s'avérer fort impressionnante, sur papier, tout comme sa formation académique. Par contre, il y a fort peu de preneurs ici pour un tel profil.

Oui, certaines entreprises ayant des activités à l'international pourraient profiter d'une expertise étrangère. Par contre, leur besoin est-il assez grand pour occuper une personne à temps plein ici? Leur besoin correspond-il au profil du candidat étranger qui est qualifié dans une juridiction spécifique et dans un champ de pratique particulier? Les besoins juridiques des entreprises à l'international sont souvent multi juridictionnels et touchent plusieurs domaines du droit. Les entreprises préfèrent ainsi retenir les services d'avocats spécialisés à l'étranger pour répondre à leurs besoins précis.

Quant aux cabinets, il faut se poser la question suivante: pourront-ils vendre de façon rentable l'expertise spécifique d'un tel avocat auprès de leur clientèle? Il est difficile d'occuper à temps plein un candidat étranger. Encore une fois, on préfère avoir des correspondants ou carrément une place d'affaires à l'étranger pour répondre aux besoins internationaux ponctuels des clients d'ici.

Finalement, pour un candidat possédant des études supérieures en droit, une porte s'ouvre, ou plutôt s'entre-ouvre, du côté académique et en enseignement.

Conclusion: théoriquement, il y a très peu de demande pour les candidats étrangers dans le milieu juridique québécois. L'expérience acquise à l'étranger est transférable de façon très limitée. Sans dire qu'il faut remettre le compteur à zéro, il faut être prêt à retourner aux études et partir presqu’au bas de l'échelle pour acquérir une expérience "locale".

Au plaisir.

Caroline Haney


La Question Carrière

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15 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Les études ?
    En droit, c'est pas trop reconnu faire des études supérieures ....
    Tu fais une maîtrise et les gens te demandent si c'est parce que tu n'aimes pas travailler ...
    On voit le genre.

  2. Me
    Me
    Maintenant ça devient une mode. Plus de la moitié de ceux qui sont entrés à la course au stages 2008 et 2009 chez nous disent vouloir faire soit maîtrise soit le common law. C'est du collectionnage à la mode. Ça ne donne strictement rien à part flatter l'égo et séduire certains recruteurs. La vraie pratique du droit s'apprend dans les trois premières années de pratique.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 14 ans
      Re : Me
      > Maintenant ça devient une mode. Plus de la moitié de ceux qui sont entrés à la course au stages 2008 et 2009 chez nous disent vouloir faire soit maîtrise soit le common law. C'est du collectionnage à la mode. Ça ne donne strictement rien à part flatter l'égo et séduire certains recruteurs. La vraie pratique du droit s'apprend dans les trois premières années de pratique.

      Pas d'accord avec ce que tu dis. Une maîtrise aide à perfectionner ses habiletés en recherche et en rédaction. Ceci constitue un atout qui fait cruellement défaut à nombre d'étudiants en droit qui sortent directement du Cégep et qui sont prêts à conquérir le monde à 21 ans.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 14 ans
      Re : Me
      Mais n'aviez-vous pas mentionné aupravant que vous détenez une maîtrise?

      > Maintenant ça devient une mode. Plus de la moitié de ceux qui sont entrés à la course au stages 2008 et 2009 chez nous disent vouloir faire soit maîtrise soit le common law. C'est du collectionnage à la mode. Ça ne donne strictement rien à part flatter l'égo et séduire certains recruteurs. La vraie pratique du droit s'apprend dans les trois premières années de pratique.

  3. Me
    Me
    >>>> Pas d'accord avec ce que tu dis. Une maîtrise aide à perfectionner ses habiletés en recherche et en rédaction. Ceci constitue un atout qui fait cruellement défaut à nombre d'étudiants en droit qui sortent directement du Cégep et qui sont prêts à conquérir le monde à 21 ans.

    Chez nous, on dépiste ceux qui ont ces habiletés en 2e année de bacc. Ça existe même si je suis tout à fait d'accord avec toi pour dire que ces lacunes sont une vraie plaie qui tend à se généraliser. Nous considérons toutefois qu'attendre à la maîtrise pour combler ces lacunes est une immense erreur.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    DSG
    Although I don’t want to spend too much time on this since the question is fake, I agree with Me. A newly formed legal practitioner soon realizes that the university curriculum barely scratches the surface of what we encounter in the profession. Hence, oftentimes post graduate learning is wasteful. I’ve seen many university prodigies come into this field and quickly crack because they can’t think on their feet without having to resort to a book. Haney is probably a good example of that.

    The problem lies in the fact that many university professors, much like legal recruiters, no longer practice law. True, some professors are very knowledgeable, unlike legal recruiters, but the profession is faced paced and unforgiving and nothing can prepare you for it except being thrown into the profession.

    As for the rest of reader’s questions (if such a reader exists), I have no comment except that if you want good advice, ask a survivor and not a casualty of the profession. I’d be able to help but I don’t make a living by hustling desperate drifters.

  5. Me
    Me
    Le meilleur exemple est la maîtrise en fiscalité... Un excellent programme. Je n'en diminue pas les mérites. Sauf que: tous parmi nous connaissons des gens qui, à la suite de leur bacc. + barreau + stage ont tellement aimé le droit fiscal qu'ils y ont voulu travailler. Ceux qui ont eu la chance de se trouver dans un cabinet "intelligent" ont pu avoir cette opportunité.

    Résultat: après deux ou trois ans de pratique dans le département de fiscalité, sans maîtrise, ils sont très souvent meilleurs que ceux qui ont choisi de faire cette maîtrise.

    Idem pour le droit des affaires. Si ça t'intéresse, vas-y. Dis à ton cabinet que tu veux faire ça. Après deux ans, je donne plus cher de ta peau que n'importe que les LL.M.-istes. (car contrairement à la LL.M (fisc.), la LL.M. en droit des affaires de UdeM ou de McGill est une crosse à cash bullshitteuse).

    • AG
      Re : Me
      > Le meilleur exemple est la maîtrise en fiscalité... Un excellent programme. Je n'en diminue pas les mérites. Sauf que: tous parmi nous connaissons des gens qui, à la suite de leur bacc. + barreau + stage ont tellement aimé le droit fiscal qu'ils y ont voulu travailler. Ceux qui ont eu la chance de se trouver dans un cabinet "intelligent" ont pu avoir cette opportunité.
      >
      > Résultat: après deux ou trois ans de pratique dans le département de fiscalité, sans maîtrise, ils sont très souvent meilleurs que ceux qui ont choisi de faire cette maîtrise.
      >
      > Idem pour le droit des affaires. Si ça t'intéresse, vas-y. Dis à ton cabinet que tu veux faire ça. Après deux ans, je donne plus cher de ta peau que n'importe que les LL.M.-istes. (car contrairement à la LL.M (fisc.), la LL.M. en droit des affaires de UdeM ou de McGill est une crosse à cash bullshitteuse).

      Pour l'avocat qui veut pratiquer en droit des affaires, à mon avis un MBA vaut beaucoup plus qu'un LLM.

      Évidemment, il faut avoir certaines habiletés en mathématques, ce qui n'est malheureusement pas l'apanage de bien des avocats. Nous connaissons tous des avocats qui ont décidé de faire leur droit justement parce qu'il n'était pas nécessaire d'avoir suivi un seul cours de mathématiques au CEGEP pour entrer dans le programme.

      Le MBA permet de comprendre le pourquoi de bien des concepts rencontrés dans le pratique de droit des affaires. Par exemple, les notions de droit fiscal (même lorsqu'on n'est pas fiscaliste) apparaissent beaucoup plus logiques lorsqu'on a des connaissances en comptabilité et en finances. Une convention de prêt est beaucoup plus compréhensible lorsqu'on a des connaissances en finances. Le droit de la concurrence est beaucoup plus intelligible lorsqu'on a des connaissances en micro-économie. Etc., etc., etc.

  6. Me
    Me
    > Ceux qui ont eu la chance de se trouver dans un cabinet "intelligent" ont pu avoir cette opportunité.

    Précision: il y a des cabinets dotés de personnel de RH idiot, soit des cabinets dogmatiques. Il est interdit d'entrer dans l'équipe de fiscal sans LL.M-fisc. Chez nous, la porte est grande ouverte à tous les gens fraîchement assermentés.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 14 ans
      Re : Me

      > Chez nous, la porte est grande ouverte à tous les gens fraîchement assermentés.

      Attention! La porte est ouverte à vos stagiaires. Il y a une importante nuance à faire...

  7. Me
    Me
    > Mais n'aviez-vous pas mentionné aupravant que vous détenez une maîtrise?

    Bien-sûr, datant de l'époque où le collectionnisme n'était pas à la mode. Elle vaut plus.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 14 ans
      Re : Me
      bien sûr sans trait d'union, Me!!

      > > Mais n'aviez-vous pas mentionné aupravant que vous détenez une maîtrise?
      >
      > Bien-sûr, datant de l'époque où le collectionnisme n'était pas à la mode. Elle vaut plus.

  8. Me
    Me
    En fait il n'y a pas de LL.M. possible en droit des affaires parce que le "droit" qu'est le droit des affaires est tellement "basic" et délimité qu'il est à toutes fins pratiques impossible de concevoir un programme d'études supérieures là-dessus. Alors on commence à pelleter plein de trucs à l'intérieur pour faire ressembler ça à une maîtrise... La preuve que c'est de la bullshit, voici une liste du tiers des sujets abordés: Valmob, sûretés, faillite, arbitrage, PI, d.i. privé., commerce elec., enviro, (selon le siteweb de UdeM). Bref, lorsque le tiers d'une maîtrise est composé de cours de 3e année du bacc. en droit... ça va mal.

    À ce titre, vous avez parfaitement raison. Pour mieux réussir dans une pratique en droit des affaires il faut nécessairement sortir du droit et s'intéresser aux préoccupations des clients. Un MBA est à recommander.

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Re: Me
    D'accord avec le fait que la maîtrise ne vaut pas la pratique en terme de spécialisation, mais elle demeure très utile pour avoir une meilleure culture générale et pour développer une vision plus critique du droit des affaires. À long terme, ça vaut sûrment la peine....

  10. Anonyme
    Anonyme
    il y a 14 ans
    Le problème c'est le bac, pas la maitrise
    >"Bref, lorsque le tiers d'une maîtrise est composé de cours de 3e année du bacc. en droit... ça va mal."

    Si des maitrises comprennent tant de cours de 3e années en version boosté, c'est à cause du temps englouti au bac dans des cours superflux.

    Exit les cours de méthodologie, droit international public, fondements, introduction et autres.

    Il y aura plus d'échec au bac et au barreau, mais ceux qui auront survécus auront un curriculum plus riche. En ce moment les juristes talentueux sont ralentis par ceux pour qui ces cours superflux ne retardent que de quelques années la bifurcation vers une voie de garage.

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