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Des avocates qui décoiffent

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Katia Tobar

2022-05-16 15:00:00

Trois plaideuses se démarquent pour leur pratique en litige. Qui sont-elles?

Sophie Melchers. Source: Site web de Norton Rose Fulbright
Sophie Melchers. Source: Site web de Norton Rose Fulbright
Trois avocates québécoises ont été mises à l’honneur lors de la remise des prix ''Benchmark Litigation Awards 2022 du Canada'', organisée le 5 mai dernier au Fairmont Royal York, à Toronto.

Me Sophie Melchers, associée chez Norton Rose Fulbright, a reçu le prix de la plaideuse de l’année au Québec. Me Marie-Hélène Jetté, associée chez Langlois, a raflé le prix de l’avocate plaidante de l’année en droit du travail et de l’emploi au Canada. Quant à Me Sylvie Rodrigue de Torys, elle remporte le prix de l’avocate plaidante de l’année au Canada dans la catégorie responsabilité du fait des produits.

Sophie Melchers

Dans sa catégorie, l’avocate s’est démarquée parmi une liste de prestigieux avocats, tels Audrey Boctor (IMK), Claude Marseille (Blake Cassels & Graydon), Éric Mongeau (Stikeman Elliott), Mathieu Piché-Messier (Borden Ladner Gervais), et Patrick Ouellet (Woods).

Sophie Melchers se retrouve également dans la liste des 50 meilleurs plaideurs du Canada et dans le ''Top 50 Women in Litigation de Benchmark''.

L’avocate plaide dans des cas de litiges sur des questions commerciales, des sociétés ou des valeurs mobilières. Elle accompagne des corporations, dirigeants ou administrateurs dans le cadre d’enquêtes effectuées par l’Autorité des marchés financiers (AMF).

« Je pense me démarquer par l’expertise acquise au fil de mes 27 années de pratique dans ce domaine assez niché, par des conseils stratégiques et pratiques adaptés à la situation de chacun et finalement, par ma réputation comme une personne raisonnable, digne de confiance, bien préparée et tenace », indique-t-elle.

La Barreau 1994 a construit toute sa carrière dans le même cabinet. Elle a été diplômée en droit de l’Université de Montréal en 1993.

Parmi les mandats les plus marquants de sa carrière, elle cite notamment les deux litiges opposant Hydro-Québec à Churchill Falls liés au contrat d’énergie de 1969 et l’affaire opposant l’Autorité des marchés financiers à David Baazov en 2016/2017.

L’avocate a également représenté Transat contre le groupe immobilier Mach devant le Tribunal administratif des marchés financiers en 2019, alors que ce dernier voulait acheter un bloc d’actions de Transat et était soupçonné de vouloir faire échouer l’entente (alors en discussion) entre la compagnie aérienne et Air Canada. Elle a également représenté les Produits forestiers Résolu dans les litiges entourant la prise de contrôle de Fibrek.

Est-ce que le fait d'être une femme est un enjeu pour arriver à une telle reconnaissance par les pairs ? « J’aimerais croire que la réponse est non, mais je sais que notre profession fait toujours face à de grands enjeux en matière de rétention, de progression et de reconnaissance des femmes », concède l’avocate.

Elle assure que de nombreuses autres avocates québécoises auraient mérité leur place dans le Top 50 des meilleurs plaideurs du pays et a hâte « d’y voir la parité ».

Marie-Hélène Jetté. Source: Site web de Langlois
Marie-Hélène Jetté. Source: Site web de Langlois
Marie-Hélène Jetté

Cela fait deux années de suite que la carrière de Me Jetté est saluée par la firme Benchmark Litigation et qu’elle reçoit le prix de l’avocate plaidante de l’année en droit du travail et de l’emploi au Canada.

« J’étais surprise, confie-t-elle. C’est un peu comme la Coupe Stanley, c’est difficile de l’avoir deux fois de suite ».

Cette année, elle faisait face dans sa catégorie à Randy Kaardal (Hunter Litigation Chambers), Eleni Kassaris (Dentons), Michael Korbin (Farris Vaughan Wills et Murphy), et André Royer (Borden Ladner Gervais).

Ce qui la démarque dans sa pratique, c’est sa facilité à « se positionner comme un partenaire d’affaires de [ses] clients », affirme-t-elle.

Marie-Hélène Jetté découvre le droit du travail et de l’emploi lors de son baccalauréat en relations industrielles à l’Université de Montréal, alors qu’elle pense se diriger en ressources humaines.

« C’est un droit très humain, on ne jongle pas qu’avec des chiffres et des transactions », souligne-t-elle.

Elle fait le saut en droit, est admise au Barreau en 1995 et débute sa carrière chez Norton Rose Fulbright, où elle pratique pendant 23 ans.

En 2018, elle rejoint le cabinet Langlois Avocats, où elle représente et conseille les employeurs dans des dossiers de harcèlement psychologique, de discrimination, de santé et sécurité au travail ou de normes du travail. Elle s’occupe également d’affaires liées à des réorganisations ou ventes d’entreprises.

Parmi ses principaux clients, on retrouve Costco, Hershey’s, les compagnies pharmaceutiques Merck et GSK, mais également la compagnie Kruger qu’elle a accompagnée dans sa réorganisation face à l’évolution du marché du papier.

En plus de 25 ans de carrière, l’avocate a vu sa pratique évoluer. Elle se souvient, dans les années 1990, d’avocats en droit du travail et de l’emploi qui rédigeaient majoritairement des griefs. Aujourd’hui, ils doivent aussi se spécialiser en droits et libertés de la personne, en droit de la santé et de la sécurité au travail, en droit pénal, et rédiger des contrats avec des clauses très pointues, explique-t-elle.

Dans les prochaines années, Marie-Hélène Jetté estime qu’il sera essentiel pour les avocats externes d’« apporter une véritable valeur ajoutée à son client, et pas juste réciter le droit ».

« On doit se connecter à nos clients, et montrer qu’on est avec eux sur la ligne de front », ajoute Me Jetté.

Sylvie Rodrigue. Source: Site web de Torys
Sylvie Rodrigue. Source: Site web de Torys
Sylvie Rodrigue

C’est la deuxième fois que l’avocate reçoit le prix de plaideuse de l’année au Canada en responsabilité du fait des produits. La firme Benchmark avait déjà souligné sa pratique en 2020 dans la même catégorie.

Cette année, elle faisait face à Teresa Dufort (McMillan), Gordon McKee (Blake Cassels & Graydon), Peter Pliszka (Fasken), Emmanuelle Poupart (McCarthy Tetrault) et Michael Parrish (Fasken).

« C’est vraiment un prix d’équipe, a affirmé l’avocate. Aucun avocat ne peut avoir du succès sans être entouré d’une solide équipe ».

En plus de compter sur une équipe pluridisciplinaire, composée d’avocats ayant une formation scientifique, l’avocate identifie deux facteurs qui distinguent son cabinet. D’abord, l’aspect national de la pratique. « Il y a très peu d’avocats qui voyagent chaque semaine et pratiquent dans toutes les provinces de common law. Dans notre cabinet, c’est la même équipe qui représente le client à travers tout le pays ».

Autre point distinctif du cabinet : la capacité de l’équipe à être très spécialisée et à couvrir un large éventail de produits, que ce soit pour les sociétés pharmaceutiques, automobiles, ou les manufacturiers de produits pour la maison.

Si Sylvie Rodrigue est reconnue pour son expertise en responsabilité du fait des produits, elle se distingue aussi par une solide expérience en matière d’actions collectives à travers tout le pays.

La Barreau 1993 a débuté sa carrière chez Norton Rose Fulbright. À l’époque, il y avait peu d’actions collectives. À la fin des années 1990, les lois sur les actions collectives se développent dans toutes les provinces. Sylvie Rodrigue a peu d’expérience mais « voit venir le train » et devine un champ de pratique en plein essor. Elle décide alors de se spécialiser dans ce domaine.

Elle rejoint le cabinet Torys en 2013 et dirige le bureau de Montréal. En 2014, elle reçoit la distinction « Ad. E. » (''Advocatus Emeritus'') du Barreau du Québec afin de souligner l’excellence de sa carrière juridique.

Le dossier qui a le plus marqué sa carrière? Sa représentation probono du Comité olympique canadien et de l’athlète Mandy Bujold contre le Comité international olympique en 2021, devant le Tribunal arbitral du sport en Suisse.

« Ce dossier clé pour le droit des femmes athlètes à travers le monde, de ne pas faire l’objet de discrimination en raison d’une grossesse, a eu des effets percutants et concrets sur plusieurs fédérations sportives et est un moment marquant de ma carrière. Non seulement Mandy a pu participer à ses deuxièmes jeux olympiques à Tokyo en raison de cette victoire, mais les droits fondamentaux des femmes ont été confirmés officiellement comme étant bien ancrés dans la Charte olympique, de même qu’en droit international. C’est une bataille que je referais demain matin malgré l’intensité de cette procédure judiciaire », confie l’avocate.
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