Source: Shutterstock
Source: Shutterstock
En 2022, au Canada, le salaire de base moyen des avocats d’entreprise s'établit à 180 000 dollars par année, excluant les avantages et les incitatifs.

Sur deux ans, le salaire annuel moyen d’un avocat d’entreprise canadien a ainsi augmenté de 7 %, alors qu’il s’établissait à 167 500 dollars en 2020.

C’est ce qui se dégage du sondage sur les salaires présenté par l’Association canadienne des conseillers juridiques d’entreprise (ACCRE), et dont Droit-Inc a obtenu copie. L’étude bisannuelle, menée depuis 2018 par le cabinet The Counsel Network, a été dévoilée en primeur lors du récent colloque annuel de l’ACCJE.

Le sondage In-House Counsel Compensation & Career Report 2022, qui sera bientôt rendu public, a été mené de janvier à mars 2022 auprès de 1 009 avocats d’entreprises, et affiche un taux de réponse de 16 %.

Fait notoire, la transparence des entreprises sur les questions salariales semble faire défaut : pour obtenir de l’information relative à la rémunération, une grande majorité (75 %) des juristes d'entreprise se fient à leur réseau. Les services RH sont consultés par 18 % des répondants seulement.

Par ailleurs, les avocats travaillent 47 heures par semaine, alors que les sociétés cotées en bourse demandent 49,5 heures par semaine en moyenne, et le secteur public 44,9. Un avocat sur cinq dit travailler 55 heures par semaine ou plus.

Variations par secteurs

En 2022, les salaires moyens les plus élevés sont versés par les entreprises du secteur des ressources naturelles, où les avocats d’entreprises touchent en moyenne 233 000 dollars par an.

Viennent ensuite les industries du commerce de détail, de l'hôtellerie, de l'alimentation et des produits de consommation, où l’on peut gagner 212 000 dollars en moyenne. La fabrication, l'automobile, l'aérospatiale et la chimie suivent avec un salaire annuel moyen de 206 000 dollars, alors que les pétrolières offrent 200 000 dollars.

L'immobilier (196 000 $), les technologies de l'information (190 000 $) et l'industrie pharmaceutique et médicale (184 000 $) suivent.

La finance et l’assurance (173 000 $), les médias, le jeu et le divertissement (172 000 $) et les entreprises de services publics (167 000 $) ferment la marche des entreprises.

Quant au secteur public et parapublic, les conseillers juridiques les moins bien rémunérés au pays s’y trouvent, avec un salaire de base annuel moyen de 153 000 dollars.

Au Québec

Si les salaires québécois sont équivalents à la moyenne nationale, avec une rémunération annuelle de base de 179 500 dollars, ils ont cependant augmenté de 7 % depuis 2020.

Cela étant, 22% des répondants du Québec ne signalent aucune augmentation de leur salaire de base au cours de l'année écoulée.

À l’opposé, 33 % des avocats d’entreprises sondés ont vu leur salaire augmenter de plus de 2% pour la même période, tandis que 16 % ont reçu une augmentation de 3 % à 5 %. Enfin, 1 avocat sur 10 a vu son salaire augmenter de plus de 5 %, et la même proportion a bénéficié d'une augmentation de 10 % ou plus.

À l’instar des autres provinces, les variations salariales varient selon les postes occupés : en 2022, au Québec, les salaires de base moyens sont de 132 000 dollars pour les avocats et les conseillers juridiques principaux, et de 195 500 dollars pour les avocats généraux.

Notons par ailleurs que si l’on gagne plus d’argent, les coûts augmentent eux aussi. Ainsi, le tiers des avocats d’entreprises de la Belle Province ont signalé une augmentation des coûts des avantages sociaux. De plus, les répondants du Québec continuent d'être légèrement moins satisfaits de leur régime d'avantages sociaux et de leurs programmes d'encouragement que l'ensemble du pays.

Avocats des villes, avocats des champs

Sur une base régionale aussi, les salaires fluctuent : les répondants de l'Ontario déclarent des salaires de base moyens qui sont supérieurs à la moyenne nationale. La Colombie-Britannique, l'Alberta et le Québec se rapprochent de la moyenne, tandis que le centre du Canada et les provinces de l'Atlantique affichent les moyennes nationales les plus basses.

Dans les provinces de l’Atlantique, le salaire de base moyen des juristes d'entreprise est de 158 000 $.

En Ontario, le salaire moyen de 190 500 dollars est 5 % plus élevé que la moyenne nationale. Fait à noter, les salaires torontois moyens ont augmenté de plus de 20 000 dollars par rapport à 2020, tandis qu’à Ottawa, les juristes d’entreprises ont vu leurs salaires baisser de 15 000 dollars pour la même période.

Dans les Prairies, le salaire de base moyen des conseillers juridiques du Manitoba et de la Saskatchewan est de 147 000 dollars en 2022, soit 33 000 $ de moins que la moyenne nationale et une augmentation de seulement 1 000 dollars par rapport au salaire de base déclaré en 2020.

En Alberta, le salaire de base moyen est de 180 000 dollars, alors que les salaires ont bondi de 10 000 dollars à Calgary, soit le double de l’augmentation affichée par les juristes d’Edmonton.

En Colombie-Britannique, finalement, les avocats d’entreprises gagnent 181 000, et le sondage ne voit pas de grande différence entre les juristes de Vancouver et ceux d’ailleurs en province.

Un salaire genré

En 2022, le salaire de base moyen des hommes au Canada est de 193 000 dollars. C’est 24 000 dollars de plus que le salaire de base moyen des femmes, qui affiche 169 000 dollars.

Il s'agit d'une forte augmentation par rapport à l'écart de 19 000 $ constaté en 2020, notent les auteurs du rapport.

Le sondage relève aussi des écarts importants entre les sexes sur le plan des salaires les plus élevés. Ainsi, 42 % des hommes ont un salaire moyen de 200 000 $ et plus, par rapport à 25 % des femmes.

Dans le secteur privé, la moyenne des salaires annuels accordés aux avocats est supérieure de 20 000 à 30 000 dollars que la moyenne accordée aux avocates.

Et les femmes sont moins payées que les hommes à tous les échelons professionnels. Chez les conseillers juridiques, l'écart homme-femme est le plus faible : 6 500 dollars à l'avantage des hommes. Chez les cadres supérieurs, l'avantage des hommes est de 23 500 dollars.

L’impact pandémique

Le rapport mesure également l'impact de la pandémie sur une variété de mesures. À cet égard, on note une diminution importante de la satisfaction quant à l’équilibre vie personnelle/professionnelle, alors que seulement le quart des juristes en sont satisfaits.

Si plus de la moitié des répondants (58 %) dit travailler actuellement à temps plein depuis la maison, les deux tiers (65 %) prévoient qu'ils utiliseront un modèle de travail hybride cette année.

En outre, 55 % des juristes disent avoir davantage de responsabilités suite à la pandémie, comme les soins aux enfants. Plus des deux tiers de ceux-ci (68 %) estiment que cette surcharge a eu un impact sur leur travail.