Mélinda Madueno et Hugues Surprenant (en photo) ont une passion en commun : le voyage humanitaire.

Les deux se sont rendus plus d’une fois en Haïti.

Récemment, ils ont assisté les Haïtiens dans leur processus de reconstruction après le tremblement de terre qui a secoué le pays.

Mélinda Madueno est une professionnelle de l’aide humanitaire.

L’agente de projet pour Haïti d’Avocats sans frontières prépare le terrain aux avocats qui iront cet automne donner un coup de main à un pays qui en a bien besoin.

« Nous développons un nouveau projet suite au tremblement de terre. En parlant aux gens sur le terrain, nous avons réalisé que les Haïtiens ont besoin d’une aide légale de première ligne. Ça veut dire aller dans les camps et fournir de l’aide pour les actes de décès, les droits de propriété et différents papiers légaux qui ont été perdus dans le tremblement de terre », dit-elle.

Avocats sans frontière assiste aussi les avocats locaux dans leur volonté d’aider leurs compatriotes à faire valoir leurs droits.

« Nous travaillons en collaboration avec le Barreau de Port-au-Prince pour leur fournir de l’assistance institutionnelle et des allocations pour les avocats locaux qui ont perdu leur travail et qui aident bénévolement les gens, notamment dans une antenne au parquet de Port-au-Prince », dit Mélinda Madueno.

La juriste, qui a obtenu une maîtrise en droit international à l’UQAM en 2003, a effectué plusieurs voyages de travail humanitaire par le passé.

C’est cependant le voyage le plus marquant qu’elle ait effectué :

« J’y suis allée en février, juste après le tremblement de terre. Il y avait encore des secousses. C’était choquant de voir toute cette destruction. Ça semblait énorme à la télévision, mais c’était encore pire en vrai. Entendre les gens, directement, parler de ce qu’ils ont vécu, c,’est aussi très difficile. Mon deuxième voyage, début mai, m’a montré à quel point il y a du travail à faire : les gens reviennent chez eux et il n’y a rien pour les accueillir. La vie a repris son cours, mais les conditions sont horribles.»

Délaisser la pratique traditionnelle

Hugues Surprenant, criminaliste et chargé de cours à l’UQAM, a également été marqué par son dernier voyage en Haïti.

À ses premiers voyages en 2006 et en 2008, il s’est rendu à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien pour donner des formations sur les garanties procédurales.

Cette fois-ci, il travaillait avec une ONG locale, l’International Senior Lawyers Project à Jacmel , une ville du sud-est très proche de l’épicentre du séisme.

« La sécurité s’est améliorée, mais les gens sont laissés à eux-mêmes. Certains édifices sont en crêpe et la moitié des édifices debout sont condamnés. Alors on fait ce qu’on peut, mais c’est difficile », concède Me Surprenant, qui y était pour former les avocats locaux dans la tenue de dossier et la rédaction de requêtes.

Pourquoi partir, quand on a une pratique privée qui fonctionne bien?

« En fait, je n’y pense plus, ça devient naturel pour moi. J’aime voyager, enseigner, découvrir d’autres cultures et aider les gens. C’est très valorisant. Quand on revient, ça nous donne un peu de perspective. Maintenant j’entre à la cour avec le sourire, même quand j’ai des dossiers complexes », énumère Hugues Surprenant, admis au Barreau en 2002.

Qui peut partir ?

À tous les avocats qui souhaiteraient aider leurs confrères haïtiens, les deux voyageurs conseillent de se préparer à une expérience intense, voire difficile.

« Beaucoup de bâtiments sont détruits. On travaille sans arrêt et ce n’est pas évident. En plus, il faut se rendre compte qu’on ne peut pas tout changer en deux ou trois semaines. Par contre, ce sont de belles rencontres. Nous apprenons d’eux et ils apprennent de nous. Seulement par notre présence, nous les encourageons », estime Me Hugues Surprenant.

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Hugues Surprenant en mission