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Des prêts offshore tournent mal pour cet ex-avocat

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Jean-francois Parent

2022-07-07 10:15:00

Dans cette saga aux nombreux rebondissements, un stratagème d’investissements offshore « troublants » vient de connaître un nouveau dénouement.

Source: Shutterstock
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C’est pour avoir permis que son compte en fidéicommis soit utilisé pour brasser des affaires aux Bahamas et en Chine que le Barreau sévit contre cet ex-avocat.

En effet, Wilmar Carvajal vient d’écoper d’une radiation de 18 mois, imposée par le Conseil de discipline du Barreau du Québec. La radiation prenait effet le 21 juin 2022.

Cette affaire rapportée par Droit-Inc en 2020 débute en 2014. À l’époque, une « personnalité publique » promettait une commission de 300 000 dollars contre un prêt de 120 000 dollars qui devait servir à obtenir un financement bancaire de six millions de dollars pour acheter des condos aux Bahamas.

C’est un avocat, Me Michel Gauthier, qui contacte alors l’ex-avocat Wilmar Carvajal, depuis radié pour des raisons étrangères à cette histoire.

Pour l’essentiel, M. Carvajal propose alors à une de ses clientes, Johanne Lavoie, de participer à un stratagème consistant à faire un prêt à court terme – un prêt bridge – de 120 000 dollars qui servira à compléter un financement bancaire de plusieurs millions de dollars.

C’est un client de Michel Gauthier qui cherche un tel financement, et l’avocat se tourne vers Wilmar Carvajal, qui lui-même implique sa cliente du moment pour qu’elle allonge la somme.

Parallèlement, un autre client des avocats Gauthier et Calvajar cherche du financement pour une affaire d’import-export impliquant la Chine.

Rappelons aussi que d’autres prêteurs sont sollicités, dont l’ancien gardien de but du Canadien José Théodore, qui aurait envoyé quelque 150 000 dollars à Me Gauthier par l’entremise de Johanne Lavoie.

Une dispute entre les prêteurs s’ensuit, et les deux avocats sont poursuivis par Johanne Lavoie, la cliente de l’ex-avocat Carvajal. Elles les accusent conjointement de s’être emparés de plus de 1 million de dollars. En décembre 2019, la Cour supérieure condamne les deux hommes à rembourser 60 000 dollars à Johanne Lavoie.

Michel Gauthier fera appel de ce jugement, et en juin 2021 la Cour d’appel lui donne raison. Elle note cependant que « le juge de première instance a bien mis en lumière le caractère troublant des circonstances dans lesquelles l’appelant, agissant pour le compte d’un client demeuré anonyme, a obtenu des prêts — totalisant près de 215 000 $ — qui n’ont jamais été remboursés ».

Mais sa cliente n’a pas subi de dommages, puisque les sommes investies n’étaient pas les siennes, mais « il s’agissait plutôt d’une somme qu’elle avait empruntée à un gang de rue et qu’elle avait ensuite remise aux prêteurs qu’elle représentait dans le cadre de ce projet ».

Notons en outre que la cour d’appel estime que « vu les circonstances très particulières de l’affaire et les constats que le juge a tirés quant au comportement et au témoignage de l’appelant (Michel Gauthier), ce dernier n’aura pas droit aux frais de justice ».

Par contre, William Carjaval, est bel et bien condamné à rembourser sa cliente et cette sanction le mène devant le conseil de discipline, qui l’a reconnu coupable en février 2021 d’avoir « utilisé, ou permis que soit utilisé, son compte en fidéicommis à des fins non justifiées par et/ou reliées à l’exercice de la profession d’avocat ou par complaisance », pour que s’y transigent les 160 000 dollars visés par la plainte disciplinaire.

Dans sa décision, le conseil de discipline relève que l’ex-avocat Carvajal ne s’oppose pas à la radiation, mais ne veut pas qu’elle soit rendue publique « en raison des conséquences futures qu’une telle publication pourrait avoir sur ses partenaires d’affaires ».

Affirmant qu’il ne pratique plus depuis 8 ans, William Carvajal ne voit pas l'intérêt qu’on publicise ses manquements passés, d’autant que la publication de sa sanction disciplinaire pourrait nuire à ses affaires actuelles.

Il agirait maintenant comme conseiller au développement stratégique et commercial à l’étranger, principalement au Panama et au Pérou.

Se représentant seul devant le Conseil, William Carvajal n’a pu être joint.

Selon le Barreau de Montréal, William Carvajal a également été poursuivi en 2018, alors qu’il était soupçonné d’ « agir de manière à donner lieu de croire qu’il est autorisé à remplir les fonctions d’avocat ou à en faire les actes ».
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