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De Fasken à Osler

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Camille Dufétel

2023-03-29 13:15:00

Deux associés montréalais quittent un cabinet dans lequel ils ont pratiqué plus d’une décennie pour rejoindre un concurrent. Pourquoi ce choix ?

Mes Jean-Nicolas Delage et Christian Jacques. Source: Osler, Hoskin & Harcourt
Mes Jean-Nicolas Delage et Christian Jacques. Source: Osler, Hoskin & Harcourt
Mes Christian Jacques et Jean-Nicolas Delage viennent de rejoindre Osler, Hoskin & Harcourt en tant qu’associés au bureau de Montréal après plus de dix ans pour le premier, et près de quatorze ans pour le second, passés chez Fasken.

Ils se joignent au groupe d’Osler en matière de sociétés émergentes et à forte croissance.

Le cabinet les présente comme deux des avocats les plus éminents de l’écosystème des entreprises technologiques en démarrage de Montréal.

Tous deux ont développé leur expertise en la matière au début des années 2010 en lançant chez Fasken un programme dédié à ces entreprises, baptisé « Startup ».

Entourés d’une équipe, les deux associés ont notamment conseillé, dans le cadre de transactions de mise en bourse, d’importantes entreprises technologiques privées locales et mondiales ayant une présence au Québec.

Pourquoi ce saut ?

Me Jacques, Barreau 2004, connaissait déjà bien Osler, puisqu’il y avait déjà pratiqué au début des années 2000 et avait gardé contact avec plusieurs collègues.

« Dans le marché où nous sommes présents, il y a essentiellement deux grands joueurs, Fasken et Osler, et après, plutôt des cabinets boutiques comme Blue HF, explique-t-il. Les gens d’Osler étaient relativement très près de nous, car on travaillait toujours avec eux d’un côté ou de l’autre de la clôture. »

Me Delage, Barreau 1994, précise par ailleurs qu’ils ont accompagné environ 60 à 80 compagnies par an, soit 800 compagnies en une dizaine d’années, ce qui constitue environ la durée d’un cycle de vie d’une startup. Durant ce temps, ils ont accumulé beaucoup de données sur les besoins de ces compagnies.

Aussi, quand Osler les a approchés il y a quelques mois en leur disant, « Regardez, nous avons la plus grosse équipe nationale avec une très grande présence à Toronto sur ce marché, pourquoi ne pas amener ce que vous avez fait dans notre plateforme nationale ? », relate Me Delage, ils se sont questionnés.

« On se disait justement que pour le prochain cycle de dix ans, nos compagnies seraient beaucoup mieux desservies dans un environnement où tu as une équipe nationale intégrée, et où le gros de la force de l’équipe réside à Toronto », poursuit l’associé.

Au fur et à mesure des années, les enjeux juridiques de ces compagnies vont en se complexifiant, selon lui.

S’ouvrir aux marchés

Me Jacques donne l’exemple des compagnies dans l’industrie des « fintech », les technologies financières.

Dix ans en arrière, il explique qu’il n’y en avait pratiquement pas alors qu’aujourd’hui, il existe beaucoup de start-ups technologiques qui développent des outils technologiques pour les institutions financières.

Montréal et Toronto sont deux excellents marchés pour ce type de compagnies et d’après lui, pour être en mesure de bien desservir ce type de clients, il faut avoir l’expérience cumulative de ces deux marchés, au risque sinon de passer à côté d’une part importante du marché.

Voilà pourquoi les associés ont accepté que leur expérience locale se greffe à la pratique nationale d’Osler en matière de technologie. Chez Fasken, ils s’estimaient très forts sur le marché de Montréal et de Vancouver, mais avaient une très faible présence à Toronto.

Chez Osler, ils sont bien basés à Montréal et dédiés à la plateforme québécoise, mais dans une équipe nationale intégrée.

Ils se joignent à d’autres avocats spécialisés dans ce domaine et auront aussi à recruter d’autres talents pour continuer à construire cette plateforme d’accompagnement de clients technologiques à très forte croissance.

Deux spécialités complémentaires

Me Jacques se spécialise dans les financements par capital de risque et les fusions et acquisitions pour les entreprises émergentes à forte croissance. Me Delage, quant à lui, est expert dans la stratégie de propriété intellectuelle pour ces mêmes sociétés.

« Le cumul de nos deux expertises est ce qui rend la chose exceptionnelle », assure Me Jacques.

Une grosse portion du succès qu’ils ont eu à travailler ensemble, d’après lui, est qu’ils ont été les premiers à proposer une offre de service sur ce marché à Montréal et même au Canada.

Une offre qui selon lui permet aux clients de se débarrasser du stress lié au lancement d’une entreprise technologique, toute la stratégie corporative et celle de propriété intellectuelle étant suivies à la loupe.

Il y a dix à quinze ans, Me Delage explique que l’écosystème de ce type d’entreprises émergentes à forte croissance s’organisait. Les deux associés ont capitalisé là-dessus.

Visionnaires

Après la crise financière de 2008, « un des paris qu’on a pris est qu’après que l’argent soit mobilisé au niveau des infrastructures, l’entrepreneuriat allait suivre », ajoute Me Jacques.

Leur programme « Startup » visait à « capturer toutes ces belles sociétés innovantes qui allaient naître », poursuit-il.

Ils voyaient que cet écosystème allait émerger et citent la Maison Notman, « hub » technologique au cœur de Montréal, un endroit physique où les startups peuvent se réunir, comme un des facteurs de ce succès, au début.

Les deux associés se sont investis dans ce milieu en devenant bénévoles dans des événements et en siégeant sur des conseils d’administration.

« On s’est dit que si on s’occupait de l’écosystème, l’écosystème allait s’occuper de nous », se souvient Me Delage. Dix ans plus tard, celui-ci est beaucoup plus mature, assure-t-il, et les accélérateurs sont mieux organisés, citant au passage le Centech, affilié à l’ÉTS.

Il ajoute que les universités ont aussi gagné en maturité et croit que certaines des plus belles technologies sortent des laboratoires universitaires. Il donne l’exemple au Québec de VoiceAge, précurseur du développement et de la diffusion des technologies de compression de la parole et de l'audio.

Ralentissement ?

Mais en période de ralentissement économique, le marché des entreprises en démarrage à forte croissance économique est-il à son meilleur ?

Me Jacques explique que la période où les compagnies étaient capables de lever des capitaux rapidement à des conditions avantageuses est effectivement en ralentissement, mais il voit beaucoup plus d’activités en termes de ventes de certaines de ces compagnies, pour éviter les faillites.

En termes de volume de travail pour les avocats, il n’y a donc pas nécessairement de diminution, mais le type de travail se réoriente vers un marché de ventes.

Le fait que le marché se soit beaucoup sophistiqué donne par ailleurs énormément d’opportunités pour les jeunes avocats, assure-t-il.
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