Des entrepreneurs montréalais, main dans la main avec la mafia

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Agence Qmi

2012-09-27 07:00:00

Des entrepreneurs en construction versent d'importantes sommes d'argent comptant à la mafia, en échange de protection. C'est n'est pas un film. Ça se passe à Montréal, et ça fait gonfler le prix des travaux d'au moins 15%.

Ces révélations explosives, appuyées par plus d'une vingtaine d'extraits vidéo provenant de caméras cachées, ont été présentées mercredi devant la commission Charbonneau.

Dans ces documents filmés par la GRC entre 2004 et 2006, dans le cadre de l'opération antimafia Colisée, certaines des plus importantes entreprises qui décrochent des contrats publics dans la région métropolitaine sont éclaboussées: Catania, Mivela Construction, Pavages A.T.G, Catcan, CANBEC.

L'enquêteur Éric Vecchio a expliqué qu'un groupe d'entrepreneurs payaient des redevances à la mafia
L'enquêteur Éric Vecchio a expliqué qu'un groupe d'entrepreneurs payaient des redevances à la mafia
Selon le sergent-détective Éric Vecchio, enquêteur pour la Commision, un groupe d'entrepreneurs paient des redevances à la mafia « pour que tout fonctionne bien ».

« Cette taxe-là nous protège, nous aide, vient acheter la paix, permet d'utiliser l'influence que certains pourraient avoir auprès de certaines personnes en autorité », a-t-il expliqué.

Quinze pour cent plus cher

Ainsi, les entreprises participantes verseraient entre 2 et 5% de leur chiffre d'affaires à la mafia. Un stratagème toujours en place, selon lui.
En fin de compte, ce sont les contribuables qui épongent la facture.

« On a beaucoup entendu parler qu'il y avait un 30% (additionnel) qui était facturé (sur les contrats publics). On parle maintenant de 15% de plus », a estimé l'enquêteur Vecchio, en expliquant que les prix ont baissé dans les derniers mois à cause de la surveillance policière accrue.

Nicolo Milioto et Nick Rizzuto éŽchangent de l'argent comptant dans une vidéŽo présentéŽe hier
Nicolo Milioto et Nick Rizzuto éŽchangent de l'argent comptant dans une vidéŽo présentéŽe hier
Les vidéos montrées hier ont été filmées au Club social Consenza, véritable repère du clan Rizzuto.

Intermédiaire

Beaucoup d'entre elles montrent Nicola Milioto, propriétaire de Mivela Construction jusqu'en janvier dernier, qui apporte des liasses d'argent comptant aux dirigeants de la mafia.

« Il était "le middle man" (l'intermédiaire) entre l'organisation criminelle et les entrepreneurs en construction », selon Vecchio.

L’argent est divisé en cinq parts pour chacun des dirigeants de la mafia : Vito Rizzuto (emprisonné à ce moment), son père Nicolo, Rocco Sollecito, Paolo Renda et Francesco Arcadi.

Entrepreneurs et mafieux notoires semblent amis. Dans un extrait audio, on apprend que les patriarches du clan Rizzuto vont contribuer pour acheter un cadeau à l'entrepreneur Frank Catania.

Il s'agit d'une magnifique armoire à cigares valant 4500 $.


Des élus montréalais réagissent

Au cours des cinq dernières années, Mivela Construction a obtenu pour plus de 61 millions $ de contrat avec la Ville de Montréal. La chef de l'opposition officielle à l’Hôtel-de-Ville, Louise Harel, est troublée par ce qu’elle a vu mercredi à la commission Charbonneau.

« C'était dans l'air, mais finalement, ce n'est qu'une commission d'enquête publique qui peut permettre à jour tous ces réseaux », a-t-elle dit.
Louise Harel demande au gouvernement de Pauline Marois de resserrer la loi 35 qui vise à combattre les pratiques frauduleuses dans l'attribution de contrats.

« Il faut que ce soit dès cet automne. Il y a différents moyens qu'on peut utiliser, mais la règle du plus bas soumissionnaire, quand c'est comme une partie de cartes et qu'ils se répartissent les contrats, ça ne veut plus rien dire », a-t-elle ajouté.

Alex Norris, conseiller de la deuxième opposition, Projet Montréal, abonde dans le même sens.

« C'est tout à fait scandaleux et ça démontre encore une fois la nécessité de renforcer et de réformer, de faire une réforme en profondeur de notre système d'attribution des contrats. »

L’administration du maire Tremblay n’a pas voulu commenter les travaux de la commission Charbonneau, mais elle a tenu à rappeler que selon la loi, les contrats doivent être octroyés au plus bas soumissionnaire.
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