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Avocat 2.0 : les nouvelles compétences clés du Barreau

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Technologie, collaboration, leadership : le Barreau du Québec modernise les standards de la profession avec un outil unique de développement…

Les compétences d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Ce constat peut être fait dans de nombreuses sphères d’activité, dont le milieu juridique qui s’est profondément transformé depuis cinq ans.

Me Josée Roussin

« Les développements technologiques et l’intelligence artificielle ont à eux seuls bouleversé la pratique et les organisations, indique Me Josée Roussin, directrice générale par intérim du Barreau du Québec. Une partie des avocats, tout comme des parties non représentées, s’en servent désormais à des fins de recherches, de rédaction, de traduction, de communication. Mais leur utilisation vient aussi avec des responsabilités. »

Plus largement, même si la fonction d’avocat a toujours impliqué, en plus d’une expertise juridique, des qualités comme la rigueur, l’esprit d’analyse, ou encore la proactivité, ces dernières n’ont jamais fait l’objet d’un vocabulaire consensuel. De plus, d’autres forces, à l’image de l’interdisciplinarité et de la résolution pacifique des conflits, se sont progressivement greffées au bagage des procureurs.

Comme le souligne Me Eliane Gauvin, superviseure à l'inspection professionnelle, « C’est sûr qu’avant tout, un avocat est un bon juriste. Mais il en faut plus pour que ce soit un avocat compétent. »

Voilà pourquoi le Barreau du Québec s’est inspiré d’autres ordres professionnels (CRHA, notaires, comptables, dentistes) en se dotant d’un référentiel des compétences, lancé le 18 juin dernier.

Un processus collaboratif éprouvé

Le nouvel outil en ligne développé par le Barreau aurait pu se résumer aux décisions prises par un comité aviseur, à la suite de recherches menées dans la littérature existante.


Me Eliane Gauvin
« Mais nous voulions avant tout que ce référentiel soit utilisé par le plus grand nombre de personnes possible, explique Me Gauvin. Nous avons donc intégré beaucoup de monde dans sa réalisation. »

Effectivement, en l’espace de deux ans, le futur référentiel a bénéficié de nombreuses expertises. Tout d’abord, 55 avocats de différents âges, pratiques, statuts et régions ont été sélectionnés pour participer à une série de 10 ateliers, au cours desquels on leur a demandé de dresser une liste d’activités complexes et récurrentes.

« Nous en avons identifié 489 ! lance la superviseure. En temps normal, les étudier une par une aurait pris des années à réaliser. Mais avec l’aide d’un spécialiste en IA, et des instructions très précises, nous avons réussi à les classer, à les recouper, et à tester de surcroît près de 9 000 hypothèses. »

Au sortir de cet exercice, cinq principaux rôles rassemblant 25 compétences, elles-mêmes ventilées en des dizaines de manifestations et thématiques, ont émergé. Afin de s’assurer que ces résultats soient compréhensibles et facilement utilisables, une cinquantaine d’autres avocats ont été sollicités pour les valider.

C’est par conséquent avec beaucoup de confiance que le Barreau du Québec propose dès maintenant aux avocats de la province d’utiliser ce nouveau référentiel de compétences.

Référentiel : mode d’emploi

Les cinq rôles décrits dans le référentiel sont le conseil stratégique, l'analyse critique, la communication efficace, le professionnalisme responsable et le leadership collaboratif.

Les cinq rôles

Plus en détail, si l’on s’attache par exemple au conseil stratégique, on constate que les cinq compétences qui y sont rattachées concernent les actions suivantes : cerner adéquatement les besoins des clients et parties prenantes ; recommander des solutions pratiques, adaptées et pertinentes ; concevoir et mettre en œuvre des stratégies ; accompagner et guider les clients et parties prenantes ; et gérer efficacement les attentes du client et des parties prenantes.

Cela tombe sous le sens, penseront certains. Mais il faut aussi tenir compte de la quinzaine de manifestations propres à ces compétences, ce qui permet de savoir avec beaucoup plus d’exactitude si on les maîtrise adéquatement.

D’autre part, un rôle comme le leadership collaboratif, qui comprend des compétences comme celle de contribuer à une culture du bien-être respectueuse du droit à l’égalité ― avec, entre autres choses, des manifestations telles que prendre conscience de ses biais, ou bien adopter des pratiques et attitudes positives et inclusives ―, reflète noir sur blanc une vision plus moderne du métier d’avocat.

Bref, même s’il n’a pas pour but de révolutionner toute la pratique juridique, ce nouveau référentiel du Barreau du Québec est une vraie mine d’informations et de pistes concrètes pour s’améliorer au quotidien.

« Ces compétences ont toujours été évaluées, mais de différentes manières », confirme Me Roussin, avant de préciser que désormais, elles sont cristallisées dans un vocabulaire commun.

Un outil à la fois universel et personnalisé

Outre les informations qu’il contient, le référentiel des compétences permet aux avocats de s’autodiagnostiquer et de personnaliser leurs besoins en formation, pourquoi pas en les intégrant en partie aux 30 heures de formation continue obligatoire aux deux ans qu’ils doivent suivre.

« Pour nous, ce seront aussi des balises qui nous guideront dans les choix de cours offerts au Barreau », indique Me Gauvin. D’ailleurs, ce mouvement est déjà lancé, puisque le 6 octobre dernier, le Barreau du Québec a annoncé la mise en ligne d’une plateforme de formation continue, un nouvel outil arrimé au référentiel et permettant aux avocats de planifier leur développement professionnel, en plus d’accéder à une gamme de services et d’opérations grâce à un système moderne de gestion des apprentissages.

Mais ce n’est pas tout. Grâce au vocabulaire commun qu’il propose, le référentiel des compétences pourra servir aux cabinets, afin de préciser leurs attentes dans leurs évaluations et leurs offres d’emploi.

« Les étudiants pourront également connaître les forces dont ils devront faire preuve lorsqu’ils pratiqueront. Et même le public, que nous sommes tenus de protéger, peut consulter ce document afin de s’assurer que les avocats qu’il engage répondent à ces critères de qualité », ajoute la directrice, Me Roussin.

Finalement, le référentiel de compétences constitue un véritable atout pour l’ensemble des avocats, du milieu juridique et des clients qu’il dessert. Le Barreau du Québec invite par conséquent tous ses membres à l’explorer et à l’utiliser.

Une journée de formation en présentiel, sur le thème « Exercer autrement : pour une pratique du droit plus saine et consciente », sera organisée le 28 octobre afin d’étudier, à travers le prisme du référentiel de compétences, les questions du bien-être, de la responsabilité professionnelle et du sens que l’on donne à sa pratique. Inscriptions en cours, pour les intéressés!

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