Carrière et Formation

Et si le bien-être holistique redéfinissait la pratique du droit?

Main image
Allier rigueur juridique et approche holistique, c’est le pari audacieux d’une avocate-entrepreneure. Rencontre.


Vanessa Deschênes - source : LinkedIn


Ancienne cheffe de la protection des renseignements personnels au Mouvement Desjardins, avocate chez Robic et aujourd’hui fondatrice de son propre cabinet, Me Vanessa Deschênes a tracé un chemin singulier.

À la tête de LexPrivya, elle accompagne les entreprises en matière de protection des données, de vie privée et de cybersécurité. Mais son profil ne s’arrête pas là. En parallèle, elle a choisi d’explorer une autre voie, celle du coaching holistique, à travers sa société Intuiva.

Son approche? Marier les sagesses ancestrales aux plus récentes recherches en neurosciences et en psychologie comportementale, afin d’aider les individus à créer l’espace nécessaire pour accéder à leur intuition. De quoi titiller notre curiosité…

Comment relie-t-elle ces deux univers ? Nous avons parlé avec elle de protection des données et d’approche holistique…

Vous avez fondé LexPrivya en 2023. Qu’est-ce qui vous a motivée à lancer ce projet, et pourriez-vous nous en dire davantage sur les services et les domaines que vous couvrez?

Quand j’étais chez Robic, je ressentais le besoin d’avoir plus de latitude pour développer mes projets personnels. Parallèlement, je suivais une formation de praticienne en hypnose ericksonienne, et l’entrée en vigueur de la loi 25 a renforcé ma décision de me lancer en pratique solo.

Mon expertise se concentre sur la protection des données, la vie privée et la cybersécurité. J’accompagne les entreprises, en particulier les start-ups, qui ont souvent des ressources limitées, dans leur mise en conformité.

Mais LexPrivya, ce n’est pas seulement une pratique juridique. C’est aussi un projet qui me permet de combiner mes deux domaines de compétence : le droit et le coaching professionnel. Mon rôle va au-delà du juridique : j’interviens comme partenaire d’affaires, pour aider les entreprises à prendre de meilleures décisions, optimiser leurs coûts et intégrer la conformité dans une vision stratégique.

Quand vous parlez de coaching auprès des entreprises, concrètement, en quoi cela consiste-t-il? Quel type d’accompagnement proposez-vous?

Dans ma pratique, la dimension coaching fait pleinement partie de ma façon d’accompagner les clients. Même lorsque j’étais gestionnaire, notamment chez Desjardins, j’avais déjà cette approche, sans savoir qu’elle portait un nom. Aujourd’hui, je l’assume pleinement et je la mets de l’avant.

Concrètement, cela signifie que je ne me limite pas à livrer une expertise juridique. J’adopte une posture de coach : je questionne beaucoup mes clients, je les amène à réfléchir à leurs propres enjeux. Car bien souvent, ils détiennent déjà une partie des réponses : ce sont eux qui connaissent le mieux leur réalité et leur secteur.

Le coaching, pour moi, c’est donc créer une synergie de co-création. J’apporte mon expertise juridique et méthodologique, eux apportent leur connaissance fine de leur entreprise. Ensemble, on bâtit des solutions qui correspondent vraiment à leurs besoins, plutôt que d’appliquer un modèle standardisé.

Je ne cherche pas à être la seule experte dans la pièce, mais à devenir un partenaire d’affaires qui maximise à la fois ma valeur ajoutée et celle de mes clients.

Est-ce que vous avez senti, de la part des entreprises, un réel besoin d’aller au-delà du conseil purement juridique pour bénéficier d’une approche plus globale, notamment à travers le coaching?

J’ai réalisé assez tôt dans ma carrière que pour être un bon avocat en entreprise, il ne suffit pas de maîtriser le droit. Il faut aussi avoir une vision à 360 degrés. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’ont amenée à faire un MBA : comprendre que le droit, en entreprise, n’existe pas de façon isolée.

Le droit interagit constamment avec d’autres départements, les finances, le marketing, les opérations. Et pour être réellement pertinent, il faut tenir compte de ces réalités. C’est particulièrement vrai dans les start-ups, où les dirigeants portent souvent plusieurs chapeaux.

Les clients apprécient donc beaucoup d’avoir un conseiller qui parle aussi le langage des affaires et qui comprend l’impact des recommandations juridiques sur l’ensemble de l’organisation.

Vous avez mentionné la loi 25 tout à l’heure. Où en est-on aujourd’hui, et quels sont les principaux défis et enjeux actuels dans votre domaine?

Je dirais que les défis demeurent sensiblement les mêmes : la mise en conformité est un processus qui prend du temps et qui exige beaucoup de travail sur les procédures internes. Or, la technologie évolue extrêmement vite, parfois plus vite que le cadre juridique lui-même.

Aujourd’hui, au-delà de la loi 25, le grand sujet, c’est évidemment l’intelligence artificielle. La question est de savoir comment intégrer ces nouvelles technologies dans les entreprises tout en restant conformes aux lois existantes.

Ce qui complexifie la situation, c’est que le paysage réglementaire bouge rapidement, partout dans le monde. Au Canada, par exemple, on anticipait des changements au niveau fédéral, mais certains projets de loi sont tombés au feuilleton. Résultat : on se retrouve dans une zone grise, avec beaucoup d’ambiguïté.

Les enjeux actuels sont donc liés à cette nécessité de naviguer dans l’incertitude, tout en permettant aux entreprises de rester compétitives et agiles.

Au-delà du droit, vous êtes également coach en santé holistique. Qu’est-ce qui vous a amenée à emprunter ce chemin?

Le déclic a vraiment été mon épuisement professionnel, il y a maintenant une dizaine d’années. Je dis souvent que quand on frappe un mur, on n’a pas le choix de s’arrêter. Cet arrêt forcé m’a poussée à explorer des pratiques que je connaissais de loin, comme le yoga ou la méditation, mais auxquelles je ne m’étais jamais vraiment intéressée sérieusement.

Comme je ne fais jamais les choses à moitié, j’ai commencé à me former : d’abord comme professeure de yoga, puis comme professeure et thérapeute en méditation, ensuite comme coach en santé holistique. J’ai aussi étudié l’Ayurveda, la neuroscience appliquée parce que le fonctionnement du cerveau me passionne, et plus tard, l’hypnose ericksonienne, ainsi que différentes formes de coaching exécutif et de performance.

Mon objectif, à travers ce parcours, a toujours été de rassembler une boîte à outils variée pour accompagner les gens de manière personnalisée. Je crois profondément que nous sommes tous uniques, et qu’une seule méthode ne peut convenir à tout le monde.

C’est ce qui me permet aujourd’hui d’offrir un accompagnement qui va au-delà du juridique, en intégrant des approches adaptées à la personne, avec un équilibre entre rigueur scientifique, compréhension psychologique et ouverture à des pratiques complémentaires.

Concrètement, comment parvenez-vous à combiner vos deux expertises, le droit et l’approche holistique, dans votre accompagnement des clients ?

À la base, ce sont mes pratiques holistiques qui m’ont aidée à surmonter mon épuisement professionnel et qui ont transformé ma façon d’exercer le droit. Quand j’étais cheffe de la protection des renseignements personnels au Mouvement Desjardins, puis par la suite dans ma carrière, ces outils m’ont permis de mieux gérer mon énergie, de mettre mon bien-être au premier plan et d’être plus présente, autant pour mes collègues que pour mes clients.

Ces deux facettes font désormais partie intégrante de qui je suis, elles se rejoignent naturellement dans ma pratique. Même dans mes discussions juridiques avec des entrepreneurs, des sujets comme la gestion du stress, du bien-être ou de l’énergie reviennent souvent. Cela crée une approche plus complète, qui répond non seulement aux besoins légaux, mais aussi aux réalités humaines derrière les entreprises.

228
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires