Conseillers Juridiques

Transat, crises et leadership : le parcours d’un pilier du droit des affaires

Main image
Lauréat du Prix carrière des Prix des conseillers juridiques du Québec, un avocat raconte son aventure au cœur d’une industrie en turbulence…

Bernard Bussières - photo : Bénédicte Brocard


L’entrevue avec le vice-président des affaires juridiques et secrétaire de Transat commence avec une réponse inattendue et un rire franc.

« Je suis vraiment très honoré d’avoir remporté le Prix Mérite de carrière des PCJQ. Mais cela trahit aussi mon âge, ha ha ! »

On l’aura compris, Me Bernard Bussières n’est pas du tout hautain ou grandiloquent. Et pourtant, il a un sacré parcours professionnel à son actif. Comme le confirme d’ailleurs Me Dominique Tardif, présidente de ZSA Québec, « Bernard est un leader très respecté dans la communauté juridique. On peut compter sur les doigts d’une main ceux qui ont tenu la barre des affaires juridiques au même endroit avec autant de stabilité (25 ans !), et dans son cas dans une industrie hautement réglementée qui a vécu de la croissance, mais aussi – et sans mauvais jeux de mots – ses moments de turbulence ! Chapeau ! »

L’attrait irrépressible du droit des affaires

Me Bussière aurait pu devenir banquier comme son père. Mais il voulait trouver sa propre voie, alors il a plutôt étudié en droit à l’Université d’Ottawa, et rapidement compris que le droit des affaires lui était destiné.

Après un stage et un premier mandat de quatre ans au sein de Degranpré Godin, où il a eu la chance de se dépasser dès le début de sa carrière ―il a plaidé en cour deux semaines seulement après son assermentation !―, il s’est joint au cabinet Martineau Walker (devenu Fasken Martineau Dumoulin) de 1990 à 2001.

Enfin, pas tout à fait, puisque son attrait marqué pour le droit des affaires lui a fait sauter la clôture une première fois, de 1994 à 1995, en tant que conseiller juridique pour la Caisse de dépôt et placement du Québec.

« Je pensais que mon rythme serait plus calme sur place, mais en fait, on travaillait tout le temps ! Et on adorait ça, en plus ! lance-t-il. J’étais entouré de gens brillants et de fins stratèges, donc ce fut une formidable expérience. »

L’associé de Fasken Martineau Dumoulin a ensuite résisté à l’appel des entreprises pendant des années. Il faut dire que ses mandats en levée de financement pour des séries télévisuelles, en appel public à l’épargne, en transaction d’achat, vente et fusion d’entreprises ou en privatisation le passionnaient.

Jusqu’à ce qu’un beau jour, le président et chef de la direction de Transat lui dise : « Si tu veux vraiment connaître le milieu des affaires, viens travailler avec nous. » L’invitation était trop tentante pour être refusée…

Le grand saut chez Transat

Depuis 2001, Bernard Bussières a Transat tatoué sur le cœur. Et fort heureusement, ce dernier est bien accroché, car le moins que l’on puisse dire, c’est que son quotidien n’a pas été monotone !

Moins de six mois après son arrivée au poste de vice-président des affaires juridiques, Transat a effectivement fait face au vol plané, en août, d’un avion en panne sèche jusqu’aux Açores. Et le 11 septembre suivant, la tragédie américaine s’est traduite par une interdiction de voler, des rapatriements difficiles de voyageurs et de grosses pertes d’argent.

« J’ai connu un beau baptême du feu, avoue Me Bussières. Et je peux vous dire que même si on en apprend les rudiments sur les bancs d’école, il n’y a rien de plus formateur que de vivre des gestions de crise sur le terrain ! »

Ces passages difficiles n’ont pas été les derniers que l’avocat a vécus. Dans la foulée de la crise des subprimes américaines, Transat a notamment fait face à la crise du papier commercial en 2007 et en 2008, avec 154 millions de dollars investis bloqués dans un marché devenu non liquide. L’entreprise s’en est finalement sortie avec une restructuration massive et un prêt majeur.

Puis Me Bussières s’est frotté à l’arrêt des vols et à la mise à pied temporaire de 80% du personnel pendant plus d’un an lors de la pandémie, ainsi qu’à l’acquisition ratée de Transat par Air Canada à la même période.

« C’était notre survie qu’on jouait à ce moment-là, raconte l’avocat. Dans ma tête, il était hors de question que Transat disparaisse. Ça nous a pris beaucoup de ténacité et de résilience pour passer à travers cette passe et convaincre le gouvernement canadien d’investir 700 millions de dollars dans notre entreprise. »

Les 25 ans de carrière de Me Bussières au sein de Transat n’ont donc pas été de tout repos. Mais a-t-il déjà regretté son choix ?

« Jamais, répond-il. Je me considère privilégié d’avoir un travail que j’adore. Transat m’a donné la latitude de pouvoir être à la fois un conseiller d’affaires, légal et stratégique, ce qui correspond à mon désir d’avoir une grande vision des choses. Je souhaite donc à tous ceux qui souhaitent se dépasser et exceller de connaître un parcours aussi exaltant que celui que j’ai vécu. »

876
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires