F&A : forte croissance pour les cabinets canadiens

Plusieurs cabinets d’avocats se démarquent dans le secteur canadien des fusions et acquisitions. Qui sont-ils?

C’est peu dire que les tensions économiques et politiques n’ont pas ébranlé le marché canadien des fusions et acquisitions.

Au cours du premier semestre de l'année 2025, la valeur totale des transactions annoncées a été le double du chiffre constaté un an auparavant, selon le rapport LSEG sur les fusions et acquisitions.

La tendance canadienne est donc supérieure à la croissance mondiale, qui s’établit à 33 % d’une année à l’autre. Sur le plan mondial, les secteurs de la technologie, de la finance et de l'énergie sont ceux qui ont accumulé le plus de transactions.

Au total, ce sont 1 732 transactions qui ont été annoncées au cours des six premiers mois de l'année, pour une valeur globale de 150,3 milliards de dollars.

Parmi les cabinets, Stikeman Elliott se démarque en raflant la première place pour la valeur totale des transactions annoncées, à 43,9 milliards de dollars. Le cabinet passe de la huitième à la première place, si on compare le semestre 2024 et le semestre 2025.

Norton Rose Fulbright enregistre une progression plus forte encore, passant de la 19e à la deuxième place canadienne. Le cabinet a conseillé des transactions pour une valeur globale de 38,6 milliards de dollars.

« Nous sommes très fiers de notre classement. Les tarifs douaniers américains n'ont pas gelé le marché. Cela a donné des opportunités pour des acheteurs potentiels, car il y a beaucoup de liquidités dans le marché et parce que les institutions financières sont en mesure de soutenir les transactions qui valent la peine d'avoir lieu », commente Mathieu Deschamps, associé, cochef canadien, fusions et acquisitions chez Norton Rose Fulbright.

Le cabinet a représenté Beneva dans son acquisition de la mutuelle ontarienne Gore Mutual, ainsi que le comité spécial d’Innergex dans son acquisition par La Caisse pour 10 milliards de dollars.

Mathieu Deschamps reconnaît qu’ « il y avait une inquiétude réelle au début de l'année. Et nous avons été agréablement surpris. Nous avons bien tiré notre épingle du jeu. »

Pour le deuxième semestre 2025, l'activité reste dense. « Notre étage place Ville-Marie est bien occupé ces temps-ci », se félicite Mathieu Deschamps, qui confie que le cabinet est très actif dans le marché intermédiaire, de 30 à 50 millions de dollars. « On voit des entrepreneurs qui veulent prendre leur retraite, ce qui donne des opportunités de vente, et donc d'acquisition par des compagnies stratégiques ou par des sociétés d'investissement privées qui disposent de liquidités importantes. »

Latham & Watkins complète le podium canadien (27,6 milliards de dollars).

Être présent sur les différents marchés

Osler Hoskin & Harcourt se distingue par sa stabilité en haut du classement, étant le seul cabinet à demeurer parmi les quatre premiers d’une année à l’autre. Osler a conseillé des transactions d’une valeur globale de 26,6 milliards de dollars au premier semestre.

« L’équipe du cabinet est bâtie pour avoir cette stabilité à un haut niveau », explique Niko Veilleux, chef du groupe de pratique du droit des sociétés du bureau d’Osler à Montréal. « Nous disposons d’expertises reconnues dans plusieurs secteurs importants, que ce soit pour les fusions et acquisitions comme pour le financement d’entreprises. À cela s’ajoute que nous sommes très actifs tant au Québec qu’à Toronto et à Calgary, et nous connaissons une belle croissance à Vancouver. »

Au premier semestre 2025, Osler a participé à plusieurs transactions d’envergure, notamment en représentant les actionnaires procédant au roulement membres de la direction d’Innergex, lors de l’acquisition du producteur d’énergie par La Caisse.

Le cabinet a également conseillé ses clients BC Partners et Apollo dans leur acquisition des activités de services environnementaux de GFL Environmental pour 8 milliards de dollars.

Niko Veilleux dit lui aussi avoir été surpris par la bonne activité au cours du premier semestre de l’année, quand les tarifs douaniers américains sont devenus le sujet au cœur des conversations.. « Il y a eu de la surprise parce que les commentaires étaient tellement négatifs… Plusieurs pensaient que rien ne se passerait, que les gens attendraient… Mais finalement les résultats sont là : le marché a été actif malgré les incertitudes. »

D'ailleurs, l’incertitude nourrit elle aussi l'activité transactionnelle des cabinets. « Quand les sociétés ne vont pas bien, elles cherchent du financement ou à se faire acquérir par un partenaire plus solide financièrement. On en a eu beaucoup au cours du premier semestre », observe-t-il. « Des sociétés se sont beaucoup endettées pendant la pandémie, et quatre à cinq ans plus tard, elles réalisent qu'elles n’ont peut-être pas la capacité de rembourser avec leur plan d'affaires actuel. »

Pour le deuxième semestre, Niko Veilleux s’attend à ce que des projets de transactions, à l’étude ces derniers mois, se concrétisent à l’automne. Il observe que plusieurs firmes de capital-investissement américaines se montrent actives et prêtes à offrir des prix intéressants quand des sociétés canadiennes en croissance montrent de l’intérêt pour une vente.