Soyez « stupide » pour arrêter de procrastiner!

Nous connaissons tous ce scénario : les idées brillantes fusent sous la douche, mais dès qu'il s'agit de s'asseoir pour rédiger ce mémoire ou cette conclusion, le cerveau se fige. Le stress monte, la deadline se rapproche, et rien ne sort.

Selon une analyse percutante de Theda C. Snyder, rapportée par Attorney at Work, la racine de cette procrastination endémique chez les avocats n'est pas la paresse ou le manque de compétence. C'est la peur. Plus précisément, la peur de paraître stupide.

La solution préconisée ? Arrêtez d'essayer d'être intelligent. Du moins, pour l'instant.

La thérapie du « premier jet stupide »

L'erreur fondamentale est de vouloir rédiger un texte parfait dès le premier mot. C'est une stratégie vouée à l'échec. L'article suggère une approche libératrice : asseyez-vous et laissez tout sortir, sans filtre.

C'est le moment de déverser votre fiel. Votre adversaire est de mauvaise foi ? Le juge a rendu une décision précédente absurde ? Écrivez-le. Lâchez-vous. L'objectif est de « vomir » métaphoriquement sur la page. En transformant vos émotions brutes et vos frustrations en texte, vous brisez la barrière de la page blanche.

Bien entendu, ces pensées vindicatives ne constitueront qu'un infime pourcentage de votre document final. Mais au milieu de cette diatribe, vous produirez inévitablement de la matière juridique exploitable. C'est la loi des grands nombres appliquée à la rédaction : il est plus facile d'éditer un texte médiocre (ou colérique) que d'éditer une page vide.

La règle de sécurité absolue

Si vous adoptez cette méthode cathartique, une mise en garde vitale s'impose. Si vous rédigez ce brouillon directement dans un corps d'e-mail ou si vous envisagez de l'y joindre : ne remplissez jamais le champ du destinataire (« À : »).

Laisser le champ vide est votre seule assurance vie. Un clic accidentel sur « Envoyer » alors que vous traitez la partie adverse d'incompétente pourrait non seulement vous coûter le dossier, mais potentiellement votre carrière. Soyez bête dans la rédaction, mais paranoïaque dans la logistique.

L’IA comme exutoire et traducteur

À l'ère du numérique, pourquoi ne pas laisser l'intelligence artificielle gérer votre colère ? Attorney at Work suggère d'utiliser des outils comme ChatGPT comme intermédiaires.

Vous pouvez littéralement dire à l'IA : « J'ai ce dossier à honoraires à pourcentage je ne peux pas perdre de temps avec ces motions de m***, et le tribunal n'a pas le temps pour ça non plus. Trouve-moi une façon polie de le dire. »*

Cependant, la prudence est de mise :

• Confidentialité : N'entrez jamais de données identifiables ou confidentielles dans une IA publique.
• Vérification : L'IA peut halluciner. Vérifiez chaque référence juridique.
• Nettoyage : Une fois la session terminée, effacez l'historique de la conversation.

L'IA peut transformer votre rage en « langage humain » professionnel, vous fournissant une base de travail solide à retravailler.

L’intelligence vient après (au montage)

La magie opère lors de la révision. C'est à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, que vous réactivez votre cerveau d'avocat brillant. Vous prenez ce texte inflammatoire et vous le polissez. Les insultes deviennent des arguments tranchants, les plaintes deviennent des requêtes formelles, et l'agressivité se transforme en civilité professionnelle.

Comme le rappelle l'adage, on attrape plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre. L'objectif est d'obtenir une action positive, pas de braquer l'adversaire.

En fin de compte, retenez la leçon de Winston Churchill : « La perfection est l'ennemi du progrès. » Un premier brouillon stupide et imparfait vaut infiniment mieux qu'une page blanche parfaite. Votre version finale sera intelligente, mais pour y arriver, vous devez d'abord vous autoriser à ne pas l'être.