Parlons argent !

Céline Gobert
2015-09-02 15:00:00

C’est six mois après l’ouverture de son bureau en 1994 qu’il a lancé sa première entreprise technologique… Depuis, il a travaillé au Danemark, à Singapour, à Milan et à Genève, où il fut pendant sept ans directeur d’un cabinet de conseil spécialisé dans l'évaluation et la commercialisation de nouvelles technologies et de brevets d'invention.
À 46 ans, ce diplômé en droit de l’UdeM se spécialise maintenant en droit de la technologie, propriété intellectuelle, droit commercial, droit des affaires et droit des sociétés. En évaluation du risque, il aide des fonds de pension à faire des investissements de 10 à 25 millions de dollars. En droit des affaires, il s’occupe entre autres d’établir des ententes contractuelles.
Droit-inc : En tant qu’avocat et conseiller aux entreprises vous êtes amené professionnellement â être en contact avec l'argent. De quelle façon ? Quel est votre rapport professionnel à l'argent ?
Me Sylvain Roy : Mon travail consiste à rendre plus tangible, éventuellement en argent, certaines classes d’actifs intangibles. Par exemple, une technologie peut avoir une valeur différente selon les personnes et en tant que telle, même s’il n’y a pas de marchés actifs. Je vais donc la monétiser, lui trouver un marché ou évaluer sa valeur économique. L’évaluation de la valeur est un art où l’on utilise des techniques ainsi qu’une méthodologie. Par exemple, on peut établir une approximation des valeurs en observant des transactions ou des portfolios équivalents. Si je n’étais pas avocat spécialisé notamment en brevets et propriété intellectuelle, je pourrais difficilement faire ce que je fais.
Est-ce que vous-même vous investissez ?
Oui, je suis actionnaire de plusieurs entreprises, des startups dans le domaine des technologies, pharmaceutique, biomédical ou encore des technologies de l’information. J’opérais une société spécialisée dans le courtage de brevets, ce qui m’a permis de faire plus d’une centaine d’analyses diligentes pour des clients. Grâce à cela, j’ai pu très bien connaître différents secteurs. Comme avocat, on ne peut pas être rémunéré en action de sociétés. C’est donc lorsque je suis appelé à intervenir comme conseiller d’entreprises que j’aide en échange de participations dans la société.
Quels conseils donneriez-vous aux avocats pour faire fructifier leur argent ?
Il faut approfondir ses connaissances des instruments financiers, connaître la nature des actions ainsi que les facteurs de risques. On peut être exposé ou surexposé au niveau des ressources naturelles ou à une hausse du prix du pétrole. Il faut aussi négocier très fermement l’entente de rémunération du conseiller financier et grignoter de la marge. On va vers une rémunération variable, à la plus value. Il faut rester conscient de son objectif véritable. Ça peut être la préservation de l’actif. Certains veulent la certitude que l’argent demeure disponible, dans la volubilité des marchés. Enfin, si l’on a le choix entre se faire payer cash et obtenir des actions dans une société en bourse, à 95 % il faut choisir le cash (rires).
Quelles sont les meilleures façons d'économiser selon vous ?

Est-ce que vous mettez de côté pour votre retraite ?
Oui, j’ai un portefeuille avec des parts dans des entreprises qui grandissent et j’en mets de côté. Leur valeur nette augmente. Je préfère ajouter des investissements. Il faut avoir 10 % de son revenu disponible en épargne. Le mieux est d’investir dans des entreprises au point zéro plutôt que dans celles en bourse. Avec les premières, l’accroissement de la valeur est beaucoup plus important car on part de zéro. On les vend au moment où elles entrent en bourse.
Quelles sont les meilleures opérations financières du moment ? Les secteurs les plus porteurs ?
Je m’éloignerais de tout ce qui est circulation des devises. Je dirais la logistique, le tourisme, l’immobilier sur certains marchés. Le prochain secteur que je regarde c’est la terre, les terrains agricoles. La tendance se dirige vers le « micro farming », la production d’aliments.
Quel est votre rapport personnel à l'argent ? Est-ce quelque chose d'important, de nécessaire pour vous ?
C’est sûr que lorsque l’on en est privé pendant trop longtemps, ça change l’équilibre des priorités. Personnellement, je ne fais aucun compromis entre la santé, le temps avec la famille et l’argent.
Y'a-t-il quelque chose au sujet de l'argent que vous auriez aimé savoir il y a 10 ans ?
Si j’avais des choses à refaire, ce serait d’investir plus tôt dans l’immobilier, mais c’est peut-être conjoncturel. J’étais en Europe quand il y a eu une augmentation de la valeur foncière au Canada. J’aurais investi tout en n’étant pas résident.