De l’AMF à Stein Monast

Sonia Semere
2025-07-07 15:00:19
Après huit années passées au sein de l’AMF, une avocate rejoint l’équipe litige civil et commercial du cabinet. Rencontre…
Après huit années à l’Autorité des marchés financiers, Me Catherine Boilard prend un nouveau virage dans sa carrière : elle se joint à l’équipe de litige civil et commercial, faillite, insolvabilité et restructuration du cabinet Stein Monast.
« Elle met à profit sa vaste expérience devant les tribunaux et sa connaissance approfondie du secteur financier pour défendre les intérêts de nos clients avec rigueur et détermination », souligne le cabinet.
Mais qu’est-ce qui l’a incitée à quitter la fonction publique pour le privé ? Quelles expertises précises a-t-elle développées à l’AMF ? Droit-inc est allé à sa rencontre.

Mon passage à l’AMF a été une expérience professionnelle exceptionnelle et formatrice. J’ai eu la chance d’être rapidement impliquée dans des dossiers d’envergure, et même d’en piloter certains, ce qui m’a permis de développer une solide expertise dès le début de ma carrière.
Cela dit, j’avais envie de relever de nouveaux défis et d’élargir mes horizons professionnels. La pratique privée me permettait d’explorer d’autres domaines du droit et de continuer à évoluer comme avocate plaideuse. J’avais aussi le désir de me joindre à une équipe dynamique, composée de professionnels chevronnés, comme celle de Stein Monast.
Qu’est-ce que le cabinet va pouvoir vous apporter dans votre pratique?
Mon choix s’est arrêté sur Stein Monast, d’abord, pour l’excellente réputation du cabinet au sein de la communauté juridique. Ce niveau de reconnaissance, notamment auprès de la magistrature, a vraiment pesé dans la balance.
Ensuite, il y a eu le fameux « fit » humain, un mot peut-être galvaudé, mais qui, dans mon cas, s’est révélé très juste. J’ai immédiatement senti une connexion naturelle avec les avocats que j’ai rencontrés durant le processus.
C’est exactement l’environnement dont j’ai besoin pour continuer à progresser et à me développer, tant sur le plan technique que comme plaideuse, afin de devenir la meilleure avocate possible.
Revenons un peu sur votre passage à l’AMF. Comment cette expérience vous a forgé en tant qu’avocate?
Très tôt dans ma carrière, j’ai eu l’occasion de plaider dans des dossiers variés, que ce soit en valeurs mobilières, en distribution de produits et services financiers, ou encore dans des dossiers à caractère pénal, administratif ou civil, y compris des recours extraordinaires. J’ai été plongée rapidement dans le feu de l’action, ce qui m’a permis de développer une grande confiance en moi et des réflexes solides en gestion de procès.
Au-delà de la plaidoirie, j’ai aussi eu la chance d’être impliquée dans des réflexions stratégiques à l’échelle de l’organisation. À titre de régulateur, l’AMF devait toujours faire preuve d’équité et de cohérence, et j’ai participé à plusieurs analyses en matière de gestion de risque et d’alignement organisationnel. Ces enjeux m’ont permis d’aiguiser mes compétences en stratégie juridique et en prise de décision structurée.
Vous avez également développé une solide expertise dans les dossiers liés à la nomination d’un administrateur provisoire. En quoi cela consiste concrètement?
La nomination d’un administrateur provisoire se fait par ordonnance de la Cour supérieure, à la demande de l’Autorité des marchés financiers. C’est une mesure exceptionnelle qui peut être sollicitée pour diverses raisons : lorsqu’il existe des motifs raisonnables de croire à une fraude ou à une malversation, lorsque les actifs d’une société sont insuffisants pour couvrir son passif, ou encore lorsque des infractions à la législation financière sont suspectées.
L’administrateur provisoire prend le contrôle des opérations de l’entreprise, ou, dans certains cas, d’une personne physique, afin d’assurer la continuité, la transparence et la protection du public. Il s’agit d’un mécanisme de redressement et de stabilisation, pas d’une démarche vers la faillite. L’objectif est avant tout de préserver les actifs, rétablir la gouvernance et protéger les investisseurs.
C’est un processus à la fois juridique et hautement stratégique, qui demande non seulement une grande rigueur, mais aussi une capacité à naviguer dans des situations sensibles.
Pour conclure, quels conseils donneriez-vous à un jeune avocat ou une jeune avocate qui souhaite faire carrière en litige?
Le premier conseil que je donnerais, c’est : faites-vous confiance. Le doute fait partie du processus, mais il ne faut pas qu’il vous freine. Et surtout, faites aussi confiance à ceux qui vous entourent. Il est essentiel d’être conscient de ses limites et d’avoir l’humilité d’aller chercher l’avis de mentors ou de collègues plus expérimentés.
Personnellement, j’ai beaucoup appris des gens avec qui j’ai eu la chance de travailler à l’Autorité des marchés financiers. Ces apprentissages me suivent encore aujourd’hui, et je leur en serai reconnaissante pour le reste de ma carrière. Donc, entourez-vous bien, et sachez vous appuyer sur les bonnes personnes, c’est la clé pour progresser.
Et puis, sur un plan plus personnel : restez fidèles à vous-mêmes. Ne cherchez pas à imiter un style qui ne vous correspond pas. C’est en affirmant votre propre voix, votre couleur, que vous deviendrez un bon plaideur.