LL.B./M.B.A. : L’apparition d’un avocat nouveau genre
Barbara Shore
2008-03-04 11:03:00
Dans le domaine juridique, le programme le plus connu est sans contredit le LL.B./M.B.A.
Les universités qui offrent ce programme particulier se plaisent à affirmer qu’il procure un avantage important aux étudiants désirant poursuivre une carrière axée vers le droit des affaires. Nous nous sommes donc penchés sur la perception de divers acteurs de la scène juridique face à ce programme tant vanté par le milieu universitaire.
À l’Université de Sherbrooke, nous avons discuté avec un étudiant récemment diplômé du programme qui nous soulignait avoir pu développer une compréhension pointue de l’interaction entre le monde des affaires et le monde juridique. Il affirme d’ailleurs : « Je me sens tellement plus à l’aise à entamer une carrière juridique. J’ai eu l’opportunité d’intervenir auprès de grandes entreprises et de développer à la fois mes réflexes d’homme d’affaires et de juriste ».
Les universités affirment d’ailleurs que ce programme vise la création d’une génération de professionnels capables à la fois de prendre des décisions d’affaires sensées et des décisions juridiques bénéfiques au développement de l’entreprise.
Un exemple
Me Julie Vallières travaille au sein du contentieux d’une importante compagnie œuvrant dans le domaine de l’aéronautique. Elle a auparavant complété son stage du Barreau et travaillé comme avocate en droit corporatif au sein d’un grand bureau montréalais. Lors de ses débuts dans la pratique du droit, elle a rapidement réalisé qu’elle était en mesure de mieux comprendre l’impact des décisions juridiques sur les affaires d’une compagnie grâce à ses connaissances acquises au M.B.A.
Me Vallières n’hésite pas à affirmer qu’un M.B.A. permet au juriste de mieux comprendre le langage comptable et financier entourant une transaction corporative. Les clients sont généralement très conscients de l’apport de cette valeur ajoutée et sont enclins à se référer à eux pour obtenir des conseils juridiques et d’affaires. Depuis qu’elle exerce au sein d’un contentieux corporatif., Me Vallières fait valoir ses compétences multidisciplinaires notamment en matière de production, de marketing et de R&D dans le cadre de ce nouvel environnement.
Nous avons constaté que de nombreux employeurs montréalais sont encore trop peu familiers avec ce programme. C’est dans cette optique que Me Vallières indiquait que plusieurs grands cabinets gagneraient à engager et à exploiter davantage les connaissances et les compétences des diplômés du programme LL.B./M.B.A.
FMC, un pionnier
Le cabinet Fraser Milner Casgrain (FMC) fait figure d’avant-garde dans cette catégorie. En effet, le cabinet FMC s’est associé à l’Université de Sherbrooke depuis le tout début du programme en offrant de nombreuses bourses étudiantes et la possibilité à des étudiants d’effectuer une intervention en entreprise au sein du cabinet.
Me Violette, directrice du développement professionnel chez FMC, nous souligne que ce double diplôme forme des juristes dont les connaissances financières et économiques sont particulièrement appréciées. Toutefois, elle nous rappelle que le programme à Sherbrooke n’en est qu’à sa deuxième cohorte, ce qui ne permet pas de pleinement analyser la contribution qu’apporte ces nouveaux venus à la dynamique juridique.
Nous croyons que les détenteurs du diplôme LL.B./M.B.A. gagnent à se faire connaître et à faire valoir leurs compétences au sein de la communauté juridique et du monde des affaires québécois. Au cours des prochaines années, il sera intéressant d’assister à l’évolution de l’attitude des employeurs face aux détenteurs de LL.B./M.B.A.
Sur cette question, notons que dans certains marchés américains les détenteurs du J.D./M.B.A. (l’équivalent américain) se voient créditer une année supplémentaire d’ancienneté pour ce qui a trait aux salaires et à l’éligibilité au partenariat. Nous suivrons donc de près le développement de la situation au sein du marché montréalais.
Barbara Shore, M.A., CHRA
Jean-Emmanuel H. Beaubrun, Avocat
Shore & Associés
www.shoreassoc.com
Shore & Associés est un cabinet boutique spécialisé en recrutement de cadre et en recrutement juridique. Nous desservons une clientèle de premier plan incluant notamment des cabinets juridiques et des contentieux corporatifs.
1) Notons que l’Université McGill offre depuis de nombreuses années le programme B.C.L./LL.B./M.B.A. Il semblerait toutefois que peu d’étudiants y suivent le programme chaque année.
Anonyme
il y a 17 ansIl est vrai que chacun a droit à son opinion personnelle, mais il est important de souligner que les commentaires négatifs ne représentent pas l’opinion générale des diplômés(es).
Au contraire.
Il est facile de dénigrer une formation plutôt que de se baser sur les faits. Entre autre, un MBA n’a jamais représenté une garantie d’obtenir un meilleur emploi ou un meilleur salaire, mais tous s’entendent pour dire qu’il représente un outil important pour avoir une vision générale du monde des affaires et de l’administration, en plus de renforcer un Curriculum Vitae. Il est vrai que le MBA ne s’adresse probablement pas à ceux ou celles qui ont déjà un BA, mais il représente un outil idéal pour les autres qui envisagent un emploi en droit des affaires.
Il est important de souligner qu’un MBA (de Sherbrooke ou d’ailleurs au Canada ou aux États-Unis) représente une formation générale, qui touche la finance, le marketing, le management, les statistiques, l’économie, le leadership, la gestion de projets, la comptabilité, les mathématiques financières et j’en passe. Toutefois, un MBA ne représente pas une spécialité dans aucun de ces domaines. En ce qui concerne la multidisciplinarité, il est à noter que les cours optionnels sont partagés avec les autres MBA, et qu’ainsi, les étudiants(es) du LL.B./MBA sont mis en équipe avec ceux des autres MBA (souvent, des cadres en entreprises).
Est-ce que la formation est meilleure ou pire que celle donnée ailleurs? Tout dépend du but recherché. Si les contacts d’affaires sont une priorité, il est clair que ce n’est pas le programme LL.B./MBA qui donnera ces contacts à court terme, mais peut-être davantage après que ses diplômés(es) auront eu la chance de développer leurs compétences. Toutefois, si le but est la formation générale en finance et en administration (MBA), il est à souligner que les cours sont les mêmes que ceux donnés aux MBA pour cadres en entreprises et aux MBA exécutifs (E-MBA), et ce, par les même professeurs. De plus, il est à souligner que non seulement il n’est pas facile d’entrer en droit, mais seuls les meilleurs peuvent appliquer au programme LL.B./MBA, dont un maximum de 25 peut être accepté annuellement, ce qui donne une idée de la qualité des candidats(es).
Ainsi, avant de dénigrer un programme et indirectement dénigrer plusieurs cohortes de diplômés(es), il serait important de considérer ce qu’est un MBA, et ne pas s’arrêter simplement au fait qu’il ajoute une année à la formation d’avocat et qu’il fait ainsi « perdre » une année de revenu. Si ce serait le cas, aucune maîtrise ou doctorat ne serait justifiée, en calculant une perte de 80 000$ de revenu potentiel par année d’étude supplémentaire. Sans compter que la plupart des avocats expérimentés savent très bien qu’il est extrêmement difficile d’entreprendre un MBA, ou toute autre études supérieures, après le début d’une carrière en droit, à moins de ne pas avoir d’emploi…
Richard Cléroux, FCSI, LL.B./MBA
Étudiant en common law (J.D.)
Queen’s University
Anonyme
il y a 17 ansIl est intéressant de voir à quel point le programme Droit-MBA fait parler dans la communauté juridique. En effet, plusieurs cabinets le voient comme un programme innovateur qui ajoute à la formation juridique. Une meilleure compréhension des aspects commerciaux des entreprises (et non seulement leurs problèmes juridiques), un meilleur contact avec les différents intervenants du milieu des affaires, la possibilité de faire des stages en entreprise et le développement de diverses compétences en administration sont quelque un des avantages à la formation.
Les commentaires négatifs qui ont été publiés précédemment dénoncent essentiellement le fait que le MBA n’apporte pas, selon eux, d’avantage concurrentiel significatif. Pour appuyer leur propos, ils citent Henry Mintzberg, professeur à l’Université McGill. Ayant lu la thèse complète de ce dernier (MINTZBERG, Managers not MBA’s; a hard look at the soft practice of managing and management development, Berrett-Koehler Publishers, 2004), il en ressort clairement que son propos est plutôt axé sur le type d’évolution que doit prendre le MBA, c’est-à-dire lui donner un meilleur aspect managérial. Son opinion, bien que respectable, est discutable et d’ailleurs, contredite par plusieurs.
Le programme Droit-MBA de l’Université de Sherbrooke offre donc l’opportunité à de futurs juristes de bien saisir la portée de leurs études dans le monde des affaires, et les conséquences de celles-ci. En fin de compte, chacun tirera différentes compétences du programme. Pour ma part, bien que je n’aie pas encore terminé mes études, je suis tout à fait convaincu de la pertinence de cette formation dans le monde d’aujourd’hui. D’ailleurs, plusieurs seront d’accords avec moi, comme tous ceux qui ont su profiter pleinement de leur formation; pour les autres, et bien, vous avez manqué une bien belle occasion!
Pierre-Olivier Bolduc,
Étudiant au programme Droit-MBA
Anonyme
il y a 17 ansJe suis étudiant de 22 ans au programme droit-MBA et je recommande fortement ce programme à tous ceux qui sont intéressés au droit et à l'administration.
Ce programme est très intensif, avec 9 sessions de cours et trois stages coopératifs à temps plein de 15 semaines. Certaines sessions sont très exigeantes, avec 4 cours en droit et 5 cours d'administration.
C'est un programme ambitieux qui prend sa place et gagne en maturité et en crédibilité. On voit particulièrement cette transformation présentement, alors que les stages proposés deviennent de plus en plus diversifiés et prestigieux.
Des étudiants oeuvrent présentement dans les plus grands cabinets d'avocats montréalais et dans certaines des plus grandes entreprises québécoises et canadiennes.
Il est vrai que les étudiants du programme sont généralement très jeune et sans véritable expérience de travail. Cependant, je crois que les diplomés méritent amplement leur titre.
Il faut être conscient que le MBA Sherbrooke ne fait pas partie des MBA prestigieux, comme peut l'être un MBA HEC ou McGill.
Je ne suis cependant pas d'accord que cela revient à un bac accéléré, car le MBA donne davantage une vision globale de la gestion et les cours sont orientés vers l'orientation stratégique d'une entreprise, versus des connaissances plus ciblées au baccalauréat.
Anonyme
il y a 17 ansDepuis cette année, à peu près tous les grands cabinets du Québec embauchent des étudiants du programme dans le cadre des stages coopératifs. Outre FMC, Blakes, Ogilvy Renault, Osler, Stikeman Elliot, Heenan Blaikie ont tous des avocats, stagiaires ou étudiants qui proviennent de ce programme.