BCF Ventures commence à placer ses billes

Jean-Francois Parent
2018-12-13 13:15:00

Le Fonds BCF Ventures, lancé plus tôt cette année, annonce ses premiers investissements et le recrutement de nouveaux joueurs dans l’aventure.
D’abord, BCF Ventures est capitalisé à la base par les associés de BCF à hauteur de 5 millions de dollars sur dix ans. Chaque année, le cabinet investit donc 500 000 dollars.
« Mais nous avons recruté d’autres investisseurs qui se sont engagés pour 700 000 dollars pendant 3 ans », explique à Droit-inc Me Mario Charpentier, associé directeur de BCF à Montréal.
En ajoutant ces sommes au demi-million engagé par les avocats de BCF, on arrive à des investissements de 1,2 million de dollars par an, pendant 3 ans. Pour un fonds spécialisé dans le préamorçage, qui injecte moins de 100 000 dollars dans une entreprise, ce sont là des données encourageantes, estime Mario Charpentier.
De 5 M$ à 12 M$
Dans un communiqué, le cabinet se dit d’ailleurs « fier d'annoncer qu'il a augmenté la taille potentielle de son fonds de 5 M$ à 12 M$ dans les six premiers mois de son existence et a investi dans six entreprises novatrices faisant maintenant partie de son portefeuille ».
Jusqu’ici, les fonds investis par BCF Ventures dans les rondes d’investissement viennent garnir une cagnotte totale de près de 8 millions de dollars.
Le fonds mise principalement « sur les sociétés d'infonuagique et de logiciels comme service qui s'appuient sur la puissance de l'intelligence artificielle des mégadonnées, de l'analytique et de la sécurité ».
La création de BCF Ventures, au début de l'été, voulait faire d’une pierre deux coups : combler une lacune dans l’aide aux startups technos tout en ‘’démocratisant’’ l’accès au capital.
« On s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour aider l’industrie. Et notre analyse a révélé qu’il y avait une lacune, à Montréal, pour le financement des phases de préamorçage », indique Mario Charpentier.
Le financement
Quand une pousse d’entreprise en est à l’étape d’aller solliciter des investisseurs pour financer son développement de produit, les sommes nécessaires sont souvent trop petites pour intéresser les anges financiers habituels.
« Ce qu’on voit, c’est surtout du financement de ronde ‘’A’’, où les anges financiers investissent », à hauteur de 2 ou 3 millions de dollars en moyenne.
Mais trouver les 200 000 ou 300 000 dollars nécessaires à faire décoller un projet est difficile. La marche est trop haute pour les bailleurs de ‘’love money’’ - les proches d’une startup qui investissent quelques milliers de dollars à même leurs économies-, et trop basse pour les anges, qui cherchent à placer quelques millions de dollars.
« Le besoin de financement au stade d'amorçage et de prédémarrage au Canada et aux États‑Unis est énorme, le modèle unique de BCF Ventures est donc venu combler cette carence en nous permettant de développer rapidement des partenariats prometteurs avec des investisseurs à travers le monde », ajoute le président et chef de la direction du fonds Sergio Escobar.
Au plus récent Sommet sur l’intelligence artificielle de New York qui rassemble le gotha des acteurs du domaine, le seul conférencier canadien était d’ailleurs Sergio Escobar.
L’intérêt suscité par BCF Ventures, qui mobilise plusieurs nouveaux investisseurs, signale que le concept était attendu. « On pensait desservir surtout le Québec, mais plusieurs entreprises d’ailleurs au Canada et en Amérique du Nord viennent nous voir », poursuit Me Charpentier.
Le fonds peut ainsi compter sur un «réseau de co‑investisseurs internationaux s'étendant de la Silicon Valley jusqu'à New York et au Midwest, en passant par Israël et l'Asie ».