Coupures dans la justice : le Barreau sonne l'alarme

Québec doit cesser de couper les ressources d’un système de justice « déjà en lambeaux »…
Le Barreau du Québec exhorte le gouvernement de la CAQ à mettre fin aux compressions qui minent le système de justice.

Dans un communiqué cinglant diffusé jeudi, le Barreau dénonce les risques engendrés par les compressions budgétaires et les suppressions de postes qui affectent selon lui un système de justice « déjà en lambeaux ».
L’ordre professionnel dresse un constat inquiétant, faisant écho aux préoccupations soulevées en mars par le sous-ministre de la Justice, Yan Paquette, auprès du Conseil du trésor. Celui-ci a mis en garde le gouvernement des impacts désastreux de compressions dans le secteur de la justice, rapportait La Presse la semaine dernière. Depuis un an, 136 postes ont été abolis, selon les données fournies par les syndicats.

« L’administration de la justice montre des signes alarmants d’essoufflement générés par l’insuffisance des fonds alloués à son fonctionnement. Nous constatons tous avec stupeur qu’il est désormais question de "libération par erreur", de "détention injustifiée" et de "crimes impunis" », dénonce le bâtonnier du Québec, Me Marcel-Olivier Nadeau, soulignant que « c'est la sécurité des victimes et des citoyens qui est en cause ».
Le Barreau met le gouvernement en garde contre les risques imminents de rupture de services. « Il faut que ça s’arrête! La justice est un service essentiel au bon fonctionnement d’une société libre et démocratique et doit être traitée comme telle », insiste le bâtonnier du Québec.
Selon lui, les effets sur la sécurité et sur le respect des droits des citoyens ont été « sous-estimés » par le gouvernement.

« Le Conseil du Trésor et sa nouvelle présidente, madame France-Élaine Duranceau, doivent financer adéquatement la justice, à la mesure des problèmes critiques que nous vivons, et de manière à ce que le ministère de la Justice puisse disposer des ressources nécessaires. Notre système de justice a atteint ses limites et présente des risques évidents de dérapage », conclut Me Nadeau.
Le PQ critique, le gouvernement répond
Le député Pascal Paradis a dénoncé à l’Assemblée nationale et sur X l’attitude du gouvernement de la CAQ.

« Encore un cas où le gouvernement de la CAQ dit une chose et fait son contraire: le premier ministre promet qu'il va prioriser "la loi et l’ordre" mais il coupe les ressources des procureurs de la direction des poursuites criminelles et pénales, » a fustigé M. Paradis.
En réponse aux critiques du député Paradis, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a affirmé que le nombre de procureurs du DPCP était passé de 634 en 2018 à 832 en 2025, une augmentation de 30%.
« Depuis 2020, soit depuis l’arrivée de mon collègue à la Justice [Simon Jolin-Barrette], le budget du DPCP est

passé de 173 à 224 millions $, encore une fois une augmentation de 30% », a ajouté le ministre Boulet, tout en soulignant l’importance « d’optimiser les ressources ».
Le ministre du Travail a rappelé qu’il y avait eu « une priorisation importante aux cas de violence conjugale, notamment avec la création d’un tribunal spécialisé ».