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De nouvelles atrocités émergent dans la poursuite contre la LHJMQ

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Radio-canada Et Cbc

2024-07-03 11:15:33

Depuis le 12 septembre dernier, tous les joueurs de hockey mineur du Canada doivent arriver à l'aréna vêtus d’un « vêtement de base » ou se changer dans un lieu privé. Source : Radio-Canada / Getty Images / IStockphoto / Ilari Nackel
Depuis le 12 septembre dernier, tous les joueurs de hockey mineur du Canada doivent arriver à l'aréna vêtus d’un « vêtement de base » ou se changer dans un lieu privé. Source : Radio-Canada / Getty Images / IStockphoto / Ilari Nackel
Une demande introductive d'instance a été déposée hier au palais de justice de Québec...

De troublants nouveaux « incidents abominables et abusifs » sont énumérés et décrits dans leurs moindres détails dans une demande introductive d’instance déposée, mardi, au palais de justice de Québec, par d'anciens joueurs de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), pour des sévices corporels subis lorsqu'ils jouaient dans le circuit.

Cette requête s'inscrit dans le cadre de l'action collective portée par l'ex-joueur de hockey Carl Latulippe contre le milieu du hockey junior majeur du Québec, pour des sévices subis lorsqu'il s'alignait avec les Saguenéens de Chicoutimi et les Voltigeurs de Drummondville, dans les années 1990.

La demande décrit une série de gestes perpétrés contre des joueurs recrues dans des équipes de la LHJMQ. Les sévices se seraient répétés pendant des décennies, et la demande s'effectue au nom de tous les joueurs d'âge mineur ayant subi des agressions, de 1969 à aujourd'hui.

Avertissement : les passages qui suivent pourraient troubler certains lecteurs.

Elle détaille des abus de nature sexuelle, physique et psychologique, perpétrés et connus par toutes les équipes de la LHJMQ depuis sa constitution .

Une façon de faire bien ancrée

Les faits exposés illustrent que la culture de l'abus était systémique , peut-on lire. Le cas du demandeur [Carl Latulippe] est tragiquement loin d’être un cas isolé. Il n’est pas le seul à avoir subi des abus alors qu’il jouait dans la LHJMQ , est-il écrit.

Carl Latulippe a joué pour les Saguenéens et les Voltigeurs en 1994-1995, puis pour les défunts Harfangs de Beauport en 1995-1996.

Parmi les cas décrits par Carl Latulippe, des joueurs recrues auraient été victimes de violences sexuelles par leurs coéquipiers vétérans dans l’autobus de l'équipe.

Les vétérans auraient notamment forcé les joueurs recrues à se dévêtir à l’arrière de l’autobus, à se masturber et à éjaculer dans un laps de temps donné, sans quoi ils devaient passer le reste du voyage, ou du moins une partie, nus dans les toilettes .

La demande précise que les entraîneurs se trouvaient à bord de l’autobus, étaient au courant de ce qui se passait, n’ont pas fait cesser les abus et, par leur inaction, ont donné le message que ces abus étaient permis, que les abuseurs ne seraient pas punis et que les recrues n’avaient d'autre choix que de les endurer .

D'autres sévices physiques et psychologiques sont décrits, comme lors de sorties entre coéquipiers, par exemple dans les bars. Les vétérans obligeaient les recrues à leur remettre leur paye, sous peine de se faire battre [...] à coups de barres de savon enroulées dans des serviettes pour ne pas laisser de traces .

Dans la demande, d'autres joueurs, sous le couvert de l'anonymat, dévoilent des sévices subis au cours de leurs années dans la LHJMQ, notamment lors des initiations.

Dans les années 1990, un joueur recrue détaille que lui et les autres recrues ont été forcés de se rendre ensemble complètement nus dans la toilette de l’autobus, contraints d'y demeurer, et ne pouvaient partir que s'ils avaient une érection .

Un deuxième joueur recrue à l'époque révèle que lors d'une initiation subie vers le début et le milieu des années 1970, deux ou trois joueurs vétérans tenaient ses bras et ses jambes et un glaçon était placé dans son anus pendant que les joueurs vétérans applaudissaient à tout rompre . Le joueur recrue devait garder le glaçon dans son anus jusqu'à ce qu'il ait fondu .

Des couteaux à beurre qui avaient été placés dans un congélateur auraient aussi été appliqués sur les parties génitales du joueur recrue, et un produit chaud, appelé heat par les joueurs, aurait été frotté sur ses parties génitales, provoquant une sensation de brûlure très douloureuse .

Les horreurs décrites impliquent une participation à ce que les vétérans appelaient la chambre de la torture , où les joueurs recrues subissaient des humiliations et auraient été contraints de participer dans la maison d'une personne à une séance dégradante de visionnage de vidéos pornographiques qui comportaient des scènes de bestialité .

Un troisième joueur décrit des sévices subis dans les années 1980 et détaille une course humiliante, connue sous le nom de grape race (la course de raisin) .

Il s'agissait pour les recrues de courir ensemble, flambant nues, avec un raisin dans l'anus. La personne qui perdait la course était obligée de manger son raisin et ceux des autres participants.

Une culture du silence

La demande déposée mardi précise qu'il ressort, des révélations qu'elle présente, l'existence au sein de la LCH et la LHJMQ d'un problème systémique de comportements abusifs envers les joueurs mineurs, exacerbé par une culture du silence généralisée et soutenue par les équipes .

Plus tard mardi, la LHJMQ a réagi dans une déclaration écrite.

La LHJMQ a lu la demande introductive d’instance avec beaucoup de compassion, peut-on y lire. Nous n’avons pas encore tous les détails concernant ces nouvelles allégations faisant état d'événements qui seraient survenus entre 1970 et 2000 et nous ne pouvons les commenter, puisque le processus judiciaire est en cours. Sachez que nous faisons présentement tout ce qui est en notre pouvoir à la Ligue pour bien éduquer et bien encadrer nos joueurs et notre personnel. Ceux-ci savent qu’il est primordial de bien se comporter sur la patinoire et à l’extérieur de celle-ci, et que c’est tolérance zéro en ce qui a trait à toute forme d’abus.

L’avocat David Stolow. Source : Kugler Kandestin
L’avocat David Stolow. Source : Kugler Kandestin
La Cour d'appel du Québec avait rejeté, la semaine dernière, la demande d'appel de la LHJMQ contre le dépôt de cette action collective, portée contre la Ligue de hockey junior majeur du Québec, son pendant canadien (la Ligue canadienne de hockey, qui chapeaute le hockey junior majeur au pays) et les 18 équipes de la LHJMQ (aujourd'hui appelée Ligue de hockey junior Maritimes Québec).

Dans la demande introductive d’instance déposée mardi, plusieurs ex-joueurs indiquent avoir été brutalement abusés de manière sexuelle, physique ou psychologique durant leur passage dans la LHJMQ alors qu’ils étaient mineurs.

Ces abus endémiques étaient connus de tous les adultes de toutes les équipes et une culture du secret sévissait partout dans le circuit, peut-on lire. De manière générale, les équipes auraient fait preuve d’une négligence systémique par rapport aux abus, en ce qu’elles ont créé et toléré une culture d’abus, laquelle était maintenue et exacerbée par une culture du silence .

L’avocat David Stolow, qui représente les demandeurs de l’action collective, précise qu’il est difficile pour les joueurs de parler de ce qu’ils ont vécu , mais il encourage tout joueur ayant subi des sévices semblables à le contacter, rappelant que l'anonymat sera respecté.

L'action collective menée par Carl Latulippe réclame 650 000 $ aux défendeurs et 15 000 000 $ de dommages-intérêts punitifs et exemplaires collectifs.

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