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Grosse victoire pour Radio-Canada!

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Radio Canada

2025-05-23 15:00:15

La liberté de presse l’emporte dans un jugement de 106 pages qui souligne la rigueur journalistique. Les avocats sont?

La poursuite en diffamation instituée contre Radio-Canada par une quarantaine de policiers à la suite de la diffusion du reportage Abus de la SQ : des femmes brisent le silence, le 22 octobre 2015, à l’émission Enquête, échoue.

Dans une décision de 106 pages rendue jeudi, le juge Babak Barin, de la Cour supérieure du Québec, donne raison à la société d'État, soulignant que ledit reportage n’était ni diffamatoire ni trompeur.

L'action en justice avait été entreprise en octobre 2016 par 42 policiers du poste 144 de la SQ, soit un an après la diffusion du reportage, qui portait sur des femmes autochtones de Val-d’Or qui affirmaient avoir été victimes d’abus de pouvoir et même de sévices sexuels.

Le procès s'était ouvert au palais de justice de Montréal le 4 février 2024. Le juge Barin avait pris la cause en délibéré au mois de mai suivant.

Mes Juliette Liu et Geneviève Gagnon (source : Boutique Chenette)

Un an plus tard, le magistrat donne tort aux policiers, qui réclamaient 2,9 millions de dollars à Radio-Canada et à la journaliste Josée Dupuis, représentés par Mes Juliette Liu et Geneviève Gagnon du cabinet boutique Chenette.

L'affaire avait notamment entraîné la suspension de huit policiers. Ceux-ci ont toutefois réintégré leur poste par la suite, après s'être entendus avec la direction de la SQ, sans qu'aucune accusation soit portée contre eux.

Selon le magistrat, « il ne fait aucun doute » que les policiers qui ont poursuivi Radio-Canada « ont dû, d'une manière ou d'une autre, se sentir affectés par la conduite de certains de leurs collègues et par conséquent par le contenu du reportage du 22 octobre 2015 et sa rediffusion ».

Mais « dans une société libre et démocratique, les débats difficiles sur des sujets épineux sont essentiels et doivent être accueillis favorablement », car « c'est principalement grâce à (eux que la) société évolue pour devenir meilleure et plus tolérante », écrit-il. « Surtout ces jours-ci ».

Le juge dit que les Normes et pratiques journalistiques ont été respectées, que l'enquête journalistique était minutieuse, qu'elle était vraiment volumineuse, que le travail a été bien fait et qu'il n'y avait pas de faute, a résumé l'avocate Geneviève Gagnon, qui représentait Radio-Canada dans cette affaire.

Me Marco Gaggino et Me Dominique Goudreault (source : Gaggino Avocats)

Les demandeurs, qui étaient pour leur part représentés par Me Marco Gaggino et Me Dominique Goudreault de la firme Gaggino Avocats, n'ont pas encore indiqué s'ils porteront le jugement en appel.

L'intérêt public a primé, souligne Radio-Canada

Dans une déclaration transmise à la presse jeudi, la direction de l’Information de Radio-Canada s'est félicitée de la décision du juge Barin, qui, selon elle, « confirme le sérieux et la rigueur de la démarche journalistique de (son) équipe, et plus particulièrement de la journaliste Josée Dupuis et du réalisateur Emmanuel Marchand ».

Le reportage Abus de la SQ : des femmes brisent le silence, qui est toujours en ligne, était d’un grand intérêt public, insiste-t-elle, car au-delà des allégations d’abus soulevés par des femmes autochtones, il évoquait aussi leurs rapports difficiles avec la police et la situation sociale précaire dans laquelle elles se trouvaient.

Les révélations du reportage, souligne Radio-Canada, ont notamment poussé le gouvernement Couillard à créer en décembre 2016 une commission d’enquête chargée d’étudier non seulement les événements de Val-d’Or, mais aussi, plus largement, l’ensemble des relations entre les Autochtones et les services publics. Son président, Jacques Viens, a déposé deux ans et demi plus tard un rapport contenant 142 appels à l’action.

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