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On a rencontré les gagnantes de la Bourse de démarrage 2025

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Sonia Semere

Sonia Semere

2025-11-21 15:00:11

Deux avocates ont créé leur cabinet en droit de l’immigration : comment relèvent-elles ce défi entrepreneurial?

Julie Devillers et Camila Valencia - source : LinkedIn


À l’occasion du 19ᵉ Gala Les leaders de demain, le Jeune Barreau de Montréal a révélé les lauréates de la 12ᵉ édition de sa Bourse de démarrage de cabinet.

Cette année, les heureuses gagnantes sont Mes Julie Devillers et Camila Valencia, fondatrices du cabinet Devillers & Valencia, spécialisé en droit de l’immigration et créé il y a deux ans.

Elles y accompagnent une clientèle diversifiée, allant des dossiers économiques aux demandes humanitaires, en passant par les litiges, les pertes de statut et d’autres enjeux particulièrement complexes.

Leur histoire professionnelle a débuté au sein du cabinet Me Hugues Langlais : Julie Devillers et Camila Valencia débutaient toutes les deux leur carrière, l’une entrait comme jeune avocate, l’autre y amorçait son stage.

En travaillant ensemble, elles ont rapidement constaté qu’elles partageaient les mêmes valeurs, la même vision du droit et une manière similaire d’aborder la relation avec les clients.

Mais comment définissent-elles leur approche du droit? Quels défis rencontrent-elles dans le contexte actuel de l’immigration au Québec? Et quels avantages retirent-elles aujourd’hui du choix de fonder leur propre cabinet? Droit-inc leur a posé quelques questions…

Comment définissez-vous votre pratique du droit?

Julie Devillers : On veut être un cabinet accessible, ancré dans la justice sociale. Notre objectif, c’est d’accompagner les personnes immigrantes pour que leurs démarches se fassent en conformité avec la loi, tout en luttant contre certaines injustices.

On reste réalistes, on est un jeune cabinet privé, donc on ne peut pas offrir autant de pro bono qu’une clinique juridique mais nos valeurs sont la bienveillance, l’écoute et le temps accordé à nos clients.

Camila Valencia : On choisit volontairement de limiter le nombre de dossiers pour se concentrer sur des mandats plus complexes, ceux qui permettent réellement de faire évoluer le droit. Miser sur la qualité plutôt que la quantité nous permet d’offrir un service très personnalisé, adapté aux besoins de chaque personne.

On travaille aussi en collaboration avec d’autres disciplines et avec les organismes communautaires qui accompagnent nos clients. On connaît nos limites et on reste très à l’écoute pour mieux orienter et mieux comprendre. Et comme on est un jeune cabinet, on n’est pas figées dans les habitudes : on doit être créatives, chercher des solutions nouvelles.

Quels services offrez-vous et comment définissez-vous votre modèle de tarification?

Julie Devillers : On prend tous les types de dossiers en immigration : programmes économiques, familiaux, humanitaires, résidence permanente, résidence temporaire, litige, perte de statut, criminalité... La plupart des dossiers qu’on attire sont plutôt complexes.

Pour la tarification, on fonctionne principalement au forfait pour donner de la visibilité à nos clients. Mais pour les dossiers très atypiques, qui demandent davantage de recherche ou d’analyse, on ajuste selon la complexité et aussi selon la capacité du client.

Dans le contexte actuel au Québec, quelles problématiques juridiques voyez-vous le plus souvent?

Julie Devillers : Beaucoup de personnes se retrouvent sans solutions parce que les règles ont changé brusquement. On doit souvent revoir complètement leur stratégie pour leur permettre de rester, de réunir leur famille ou de se qualifier à nouveau à un programme.

Camila Valencia : Les restrictions se multiplient, autant au Québec qu’au fédéral. On passe beaucoup de temps à réorienter nos clients vers des options alternatives. Et un des gros défis pour nous, c'est de rester à jour : les règles changent tellement vite qu’on doit vérifier tous les jours l’état des programmes pour offrir des conseils fiables.

Avez-vous des exemples récents de dossiers complexes qui illustrent cette réalité?

Julie Devillers : Un dossier marquant était celui d’une personne sur le point d’être renvoyée. On a pu stopper le renvoi in extremis parce qu’elle avait des droits qui n’avaient jamais été correctement présentés. Sans ce travail rapide et approfondi, elle aurait été expulsée alors qu’elle était à risque. Mais ensuite, il faut aussi trouver une solution durable pour régulariser son statut dans un contexte où les options se réduisent.

Camila Valencia : On voit aussi des situations où les clients n’ont jamais eu de pièces d’identité valides. On doit alors trouver comment appliquer le droit malgré ces obstacles administratifs majeurs. Un autre cas marquant : celui d’un étudiant sans statut depuis presque deux ans en attente d’un renouvellement.

Les délais et les changements autour du CAQ et des permis d’études l’ont mis dans une situation très précaire. On a cumulé différentes procédures, dont un permis de séjour temporaire, et on a fini par obtenir une décision favorable.

Quelles différences remarquez-vous entre exercer en tant qu’avocate dans un cabinet et gérer votre propre structure?

Julie Devillers : La différence majeure, c’est la liberté : liberté dans la gestion du temps, des dossiers, de l’interprétation du droit. En cabinet, on doit suivre une ligne directrice et valider beaucoup de choses avec nos supérieurs, ce qui est normal.

En étant à notre compte, on gagne en responsabilités mais aussi en confiance. Et on peut aligner nos objectifs professionnels avec nos objectifs personnels, ce qui améliore énormément notre qualité de vie.

Quel conseil donneriez-vous à une jeune avocate ou un jeune avocat qui souhaite ouvrir son propre cabinet?

Julie Devillers : S’entourer. C’est vraiment ce qui nous a le plus aidées. On a eu la chance d’être impliquées dans nos associations professionnelles, de tisser des liens authentiques avec nos collègues. Ce réseau nous a donné des conseils, des exemples, du soutien, sans avoir à mandater qui que ce soit. Ça a fait toute la différence.

Camila Valencia : Et c’est important non seulement au début, mais tout au long de la pratique. Se lancer seule peut être très intimidant. Nous, on a la chance d’être deux, et ça motive beaucoup. Il faut s’entourer, rester connectée au milieu juridique, et se faire confiance.

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