Pourquoi vous devez absolument regarder À ma défense
Radio -Canada
2023-04-21 14:15:00
Saviez-vous que plus de 250 000 personnes au Québec ont recours gratuitement à l’aide juridique chaque année pour faire reconnaître leurs droits? Ce service public est bien souvent le dernier rempart en matière de justice pour les gens à faible revenu.
« C'est compliqué les lois, les tribunaux, explique Me Justine Lambert-Boulianne. J'ai vraiment une boîte à outils qui me permet d'aller chercher cette personne-là par la main et de l'amener à un résultat hyper concret qui va résoudre son problème. »
Les avocats et avocates de l’aide juridique font pourtant l’objet de préjugés tenaces.
« On est des avocats de seconde classe. Tout ce qu’on fait, c’est aider des gens sur le BS, à frauder le BS. Même nos clients arrivent dans notre bureau et nous demandent : Mais ça me coûterait combien un vrai avocat? »
Au fil des cinq épisodes, on découvre la complexité de leur travail et on réalise que ces hommes et ces femmes ont bien choisi cette voie par vocation, non par dépit.
Portraits des six avocats
Me Charles Benmouyal
Il pratique le droit criminel et pénal à l’aide juridique depuis 2002. Il a représenté de nombreuses personnes dans des dossiers hautement médiatisés, dont celui d’une jeune cégépienne accusée de terrorisme. Me Benmouyal est un avocat flamboyant, reconnu pour son franc-parler et sa détermination, et prêt à tout pour que les droits fondamentaux de ceux et celles qu’il représente soient respectés.
Me Elfriede Duclervil
Elle pratique le droit criminel et pénal depuis 22 ans. Exubérante et sensible, elle a la tâche controversée de défendre les personnes accusées des pires crimes du Code criminel : pédophilie, violence conjugale, infanticide et féminicide. Elle a plaidé plusieurs causes d’envergure dont celle de Michel Cadotte, reconnu coupable d’homicide involontaire après avoir tué sa femme souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Me Justine Lambert-Boulianne
Assermentée depuis plus de 10 ans, elle pratique le droit civil, familial et administratif au Bureau d’aide juridique Maisonneuve-Mercier, où elle représente un grand nombre de personnes, notamment dans des dossiers impliquant la violence conjugale. Combative, impliquée et habitée par un sentiment d’injustice, elle met tout en œuvre pour faire valoir les droits de sa clientèle vulnérable.
Me Catherine Lapointe
Elle travaille à l’aide juridique depuis 30 ans. L’empathique avocate exerce aujourd’hui au sein de l’équipe du droit de la santé, où elle se donne corps et âme afin que sa clientèle, des gens accusés au criminel, mais ayant des problèmes de santé mentale, obtiennent les soins appropriés, se réhabilitent et évitent un séjour en prison.
Me Benoit Lépine
Il travaille à l’aide juridique depuis six ans et pratique le droit criminel et pénal. Avocat engagé, il arpente les corridors de la cour municipale de Montréal en quête de justice et d’équité pour défendre avec ardeur et détermination ses idéaux et les gens les plus démunis de notre société.
Me Sarah-Claude Pelletier
Elle pratique principalement le droit familial et administratif depuis huit ans. Convaincante et tenace, elle a développé une expertise auprès des femmes victimes de violence. Celle qui est également enseignante à l’École du Barreau a à cœur le bien-être de sa clientèle aux prises avec divers problèmes sociaux.
Pour se rappeler que tout le monde a droit à une défense équitable
Le droit de toute personne d’avoir accès à une défense pleine et entière, incluant le recours à un avocat ou une avocate, est un principe de justice fondamentale. Si ce concept, tout comme celui de la présomption d’innocence, paraît évident pour la plupart d’entre nous, force est d’avouer que les préjugés sont tenaces.
La série documentaire nous permet notamment de suivre Me Elfriede Duclervil, la criminaliste connue pour avoir défendu Michel Cadotte, reconnu coupable d’homicide involontaire sur sa conjointe atteinte de la maladie d’Alzheimer au terme d’un procès hautement médiatisé.
Pour comprendre la réalité des plus vulnérables
À ma défense met aussi en lumière un certain nombre de problèmes de société.
Me Benoit Lépine, avocat de la défense en droit criminel et pénal, aborde par exemple le sentiment d’usure que peuvent ressentir les personnes qui vivent dans la rue et la judiciarisation accrue de celles qui sont sans domicile fixe, plus souvent exposées à la violence, à échanger avec la police ou encore à commettre des vols de subsistance.
Dans le contexte actuel de crise du logement, on part également à la rencontre d’un homme de 72 ans, menacé d’expulsion de son logement abordable, défendu par Me Sarah-Claude Pelletier, avocate en droit civil. Portée par un sentiment d’injustice, celle-ci va monter aux barricades pour faire reconnaître les droits de son client.
« On ne part pas tous avec des chances égales dans la vie. À partir du moment où la personne naît dans un environnement où c’est plus difficile, où il y a moins de ressources monétaires et intellectuelles, elle ne va probablement pas se développer de la même façon. »
« À partir de ce moment-là, on ne peut pas attribuer toujours les difficultés aux gens, mais aussi aux circonstances, dit-elle. Puis c’est important que la société soit là pour rattraper un peu tout ça, puis qu’on puisse leur donner d’autres chances plus tard. »
Cette incursion dans les coulisses de l’aide juridique démontre l’importance du système de justice pour le bon fonctionnement de notre société. Surtout, À ma défense permet de découvrir que le droit n’est pas noir ou blanc, et que ces avocats et ces avocates sont des gens profondément humains. Et qui sait, peut-être que ce petit bijou de série documentaire suscitera en vous une vocation. Parce que moi, si c'était à refaire, je porterais la toge et je serais dans leur gang!