Procès des hockeyeurs : le témoignage de la plaignante « ni crédible ni fiable »

Radio Canada
2025-07-24 14:00:59
La juge Maria Carroccia préside le procès des cinq anciens membres d'Équipe Canada junior accusés d'agression sexuelle, à London en Ontario.
Dans sa décision rendue au palais de justice de London, la juge Maria Carroccia indique qu'elle n'a trouvé le témoignage de la plaignante E. M., dont l'identité est protégée par une ordonnance de non-publication, « ni crédible ni fiable ». Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton font face à des accusations d’agression sexuelle. Michael McLeod est aussi accusé de participation à une agression sexuelle.
Des incohérences soulevées par la juge
Dans la lecture de son jugement, qui se poursuit toujours, la magistrate souligne de nombreuses incohérences entre le témoignage de la plaignante et des éléments de preuve présentés au procès ainsi que ses déclarations antérieures, notamment à la police.
La magistrate rappelle que, dans son témoignage, E. M. a été confrontée par la défense au sujet de son ami, portier du bar où elle a rencontré les hockeyeurs, avec qui elle a discuté avant même l'arrivée des hockeyeurs. Elle n’avait pas fait mention de cet ami lors de ses entretiens avec la police en 2018.
La juge Carroccia évoque également les messages texte qu’E. M. a reçus de son amie avec qui elle s’était rendue au bar et qui lui demandait si elle avait besoin d’aide pour se séparer de Michael McLeod. La plaignante a refusé cette offre et n’a pas répondu à des messages subséquents de son amie.
Lors d'une enquête de Hockey Canada sur cette affaire en 2022, ajoute la magistrate, la plaignante avait indiqué qu'elle n'avait posé aucun attouchement sur les hockeyeurs.
À la barre des témoins, elle a finalement admis qu'elle l'avait fait lorsque des enregistrements vidéo l'ont montrée touchant l'entrejambe de hockeyeurs sur la piste de danse du bar sans y être forcé par ces derniers.
Le procès des cinq individus avait pris fin le mois dernier, après huit semaines de procédures judiciaires pleines de rebondissements. Ce matin, des dizaines de manifestants étaient réunis devant le palais de justice pour démontrer leur soutien à la plaignante.
Le jugement a attiré un public à ce point large qu'il a fallu ouvrir une deuxième salle de débordement. La capacité maximale de chaque salle est de 150 personnes.
Les accusations étaient liées à des événements qui seraient survenus dans une chambre d’hôtel de London la nuit du 18 au 19 juin 2018. Les hockeyeurs se trouvaient dans cette ville ontarienne pour des célébrations de la victoire de leur équipe au Championnat du monde en janvier de cette année-là.
Le dossier a particulièrement retenu l’attention du public en 2022, après que des médias ont révélé que Hockey Canada avait conclu un règlement à l’amiable avec la plaignante, dont le montant n’a pas été dévoilé. Après le tollé causé par ces révélations, le Service de police de London avait rouvert son enquête sur cette affaire, qu’il avait d’abord fermée en 2019 sans porter d’accusations.
Le corps policier avait conclu, cette fois-ci, qu’il avait suffisamment de preuves pour déposer des accusations contre les cinq hockeyeurs.