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Procès des hockeyeurs : pas de « comportements dégradants » dans la chambre, selon Hart

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Radio Canada

2025-05-30 13:15:24

Un premier accusé a été appelé à la barre au procès des cinq anciens membres d'Équipe Canada junior accusés d'agression sexuelle.

Carter Hart (source : Radio Canada : La Presse canadienne / Nicole Osborne)


D’emblée, M. Hart confirme que dans la nuit du 18 au 19 juin 2018, il a eu un contact sexuel avec la plaignante E. M. dans la chambre de son coéquipier Michael McLeod. Cette interaction sexuelle était consensuelle, selon lui.

Quelques minutes plus tard, Carter Hart a répondu à ce message : Je suis partant. Il explique qu’il a répondu ainsi parce qu’il n’avait pas de copine à l’époque et qu'il était ouvert à des aventures sexuelles. « J'ai considéré ça comme une invitation. J'ai supposé que (Michael McLeod) était avec une fille qui voulait faire un plan à trois avec un autre homme », affirme M. Hart.

M. McLeod l’a même appelé au téléphone peu après pour confirmer qu’il était en effet avec une fille qui voulait coucher avec certains des gars, note M. Hart en faisant allusion à ses coéquipiers.

Je ne me rappelle plus l'avoir aperçue quand j'ai mis le pied dans la chambre, dit-il. Mais il affirme l’avoir vue, à un certain moment, sur un drap par terre, où elle se masturbait. Elle avait l'air d'y prendre plaisir. Je me souviens de ses gémissements. Je me souviens qu'elle était excitée de voir les joueurs la regarder, déclare M. Hart, qui affirme qu'il y avait au moins sept autres de ses coéquipiers dans la pièce à ce moment, dont Sam Steel, Jake Bean, Drake Batherson et Maxime Comtois ainsi que les accusés Michael McLeod et Alex Formenton. La chambre 209 a d’ailleurs été occupée par ces deux derniers pendant le séjour de l’équipe à London.

« Je n’avais jamais rien vu de tel »

« Je n’avais jamais rien vu de tel », répond M. Hart à son avocate Megan Savard qui lui demande comment il s'est senti devant la scène dont il était témoin.

« J’étais assez excité. J’ai 19 ans (à l’époque, NDLR) et il y a une fille nue qui fait ces choses de son plein gré », note-t-il, soulignant que la plupart des autres hockeyeurs présents avaient des copines. M. Hart dit ensuite qu’il ne voulait pas avoir une relation sexuelle complète avec la plaignante mais qu’il lui a demandé une fellation. E. M. a répondu certainement ou oui, raconte M. Hart, qui s’est ensuite approché d’elle et a baissé son pantalon pour passer à l’acte, dit-il. Ce contact sexuel a duré entre 30 et 60 secondes, ajoute-t-il, parce qu’il n'est pas parvenu à avoir une érection complète.

« Je n’avais plus envie de le faire. C’était bizarre », surtout en présence de ses coéquipiers, affirme-t-il. M. Hart indique que cette nuit-là, il a vu Alex Formenton aller dans la salle de bain avec la plaignante.

Elle lui tenait la main et l'emmenait, ajoute-t-il. Il indique aussi qu’il a vu Cal Foote faire un grand écart dans la chambre cette nuit-là mais que ce dernier était habillé et qu'il n’a pas eu de contact physique avec la plaignante pendant cet acte. C’était juste le genre de choses qu’il faisait. C’est un grand gars, très souple, c’est un truc super cool qu’il pouvait faire. Les gars ont trouvé ça plutôt drôle. J’ai trouvé ça drôle. J’ai vu que (E. M.) riait aussi, affirme M. Hart.

Il ne se souvient d’aucun contact de nature sexuelle entre Dillon Dubé et la plaignante cette nuit-là ni entre Michael McLeod et celle-ci Ensuite, Carter Hart indique à son avocate qu’il s’est mal senti le lendemain au sujet de ce qui avait eu lieu dans la chambre.

Il souligne qu'il était assez ivre cette nuit-là et qu'il n'avait consommé de l'alcool qu'à seulement trois occasions dans sa vie avant le 18 juin 2018. Cette soirée était une occasion particulière de célébration pour toute l'équipe, note M. Hart, car cinq mois plus tôt, lors de la victoire au Championnat du monde junior de hockey à Buffalo, tous les joueurs avaient moins de 21 ans, l'âge légal minimum pour consommer de l'alcool aux États-Unis.

« Personne n’a rien fait de mal »

Me Savard questionne aussi son client au sujet de la série de messages textes que se sont échangés les joueurs le 26 juin 2018, une semaine après le viol collectif présumé, après avoir appris que Hockey Canada comptait faire une enquête sur ce qui s’était produit. Dans son premier message au groupe, Carter Hart a écrit ceci à ses coéquipiers : Honnêtement, les gars, personne n'a rien fait de mal. Nous avons eu son consentement à tout ce qu'elle a fait. C’est elle qui suppliait les gars de coucher avec elle.

À la barre des témoins, M. Hart indique que cette série de messages ne visait pas à établir une version des faits commune entre les joueurs mais plutôt à déterminer qui allait enquêter sur quoi. Il affirme qu'il n’a plus parlé à aucun des autres joueurs après cette journée-là.

C’est en 2022, pendant qu’il jouait au tennis avec un ami, qu’il a reçu un appel de son agent qui lui avait indiqué que Hockey Canada avait conclu un règlement à l’amiable avec la plaignante après que cette dernière eut déposé une poursuite au civil contre un groupe de joueurs dont M. Hart faisait partie. Je n’avais aucune idée de l'existence de cette poursuite, note M. Hart, qui précise que le règlement a eu lieu sans notre consentement.

Pas de comportements « dégradants », assure Hart

Carter Hart a aussi été contre-interrogé par les autres avocats de la défense. L'avocate d'Alex Formenton, Hilary Dudding, lui demande notamment s'il a été témoin, lors de son passage dans la chambre 209, de crachats (...) (ou) de quelque autre comportement dégradant à l'endroit d'E. M. Je n'ai rien vu de tel, répond-il. Il assure que s'il avait observé de telles actes, il aurait demandé à la personne responsable d'arrêter et aurait lui-même simplement quitté la chambre.

La Couronne compte contre-interroger M. Hart vendredi matin. Vers 15 h, la procureure Meaghan Cunningham a demandé à la juge Maria Carroccia de mettre fin plus tôt que prévu à l'audience de jeudi pour lui donner le temps de se préparer. C'est la première fois que nous entendons la version des faits de M. Hart et nous avons beaucoup d'éléments à évaluer, a indiqué Me Cunningham, qui estime que son contre-interrogatoire durera une demi-journée. Ensuite, Megan Savard pourra réinterroger son client.

Les autres accusés témoigneront-ils?

Michael McLeod ne témoignera pas, a indiqué son avocat, Michael Humphrey, étant donné que son interrogatoire par la police en 2018 a été présenté en cour mardi. On ne sait pas encore si les trois autres accusés seront appelés à la barre. Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dubé et Alex Formenton font chacun face à un chef d’accusation d’agression sexuelle en rapport avec le viol collectif présumé de la plaignante. Michael McLeod fait aussi face à un chef d'accusation de participation à ce délit. Ils ont tous plaidé non coupables au début du procès, qui se déroule maintenant devant juge seule.

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